La deuxième journée de la session 2020 de la Cour d’Assises est marquée par la peine capitale prononcée contre Chamsoudine M’madi Saïd, alias Mowambwa, poursuivi pour assassinat de son épouse, Amina Barwane, la mère de ses deux enfants. Ces faits qui ont conduit l’accusé devant cette juridiction criminelle remontent au 12 juin 2019, suite à un excès de jalousie qui lui a poussé à donner la mort à son épouse après lui avoir assené deux coups de couteau. Lors des débats et après avoir tenté de nier les faits, l’accusé a fini par avouer qu’après avoir eu des rapports intimes avec sa femme, il l’a tué.
Il reconnaitra lui avoir donné un coup de couteau sur la poitrine puis un autre sur la clavicule. Malgré ses aveux, Mowambwa dira ne pas comprendre “le comportement des êtres humains qui ne veulent pas pardonner les fautes d’autrui, alors que le bon Dieu, créateur de l’univers est clément et miséricordieux. Je ne comprends pas pourquoi on ne me pardonne pas”.
Cette attitude d’évoquer Dieu à chaque prise de parole de l’accusé n’a pas convaincu les jurés qui lui ont infligé la peine maximale, la mort. De son côté, le parquet, qui a axé ses réquisitions sur l’élaboration d’un crime parfait, a demandé aux jurés de ne pas se leurrer car l’accusé a bien préparé son coup avant le passage à l’acte. “Il s’agit bien d’un assassinat, il y a eu un guet-apens, car il a usé de tous les moyens pour tromper sa victime avant de faire subir à sa femme cet acte ignoble et barbare. Après avoir donné la mort à sa femme, il lui a écarté les cuisses pour prendre en photo ses parties intimes. Il en a fait dix car pour lui, la tuer n’était pas suffisant, il voulait immortaliser le moment afin de garder un souvenir de sa barbarie. Au regard de tous ces éléments, nous demandons la peine de mort”.
Au moment du délibéré, les jurés ont rejeté toute forme de circonstance atténuante dont pouvait bénéficier l’accusé. En dehors de la question des circonstances atténuantes, les jurés avaient à répondre sur plusieurs questions sur la culpabilité d’assassinat de l’accusé, sur son intention criminelle, sur l’organisation d’un guet-apens et sur la commission d’un acte de barbarie. Ces quatre questions ont reçu des réponses affirmatives des jurés, qui ont décidé de punir Mowambwa par la mort.
Me Saïd Issa, avocat de la défense, a soutenu que “la Cour a décidé de s’aligner sur les demandes du parquet, c’est triste car cela ne va pas contribuer à stopper la violence, au contraire”. Dans son intervention, Saïd Issa a déploré le manque de moyens de recours sur les décisions rendues par la Cour d’Assises. “Cette décision est contraire aux conventions et chartes internationales signées par les Comores. Il est vraiment triste de constater que le pays ne répond pas à ses engagements internationaux”. Au terme de son intervention, l’avocat de la défense a ajouté qu’il n’est pas surpris par cette décision car les jurés étaient composés en majorité par des hommes âgés.
Satisfait de cette décision, Me Fahardine Mohamed Abdoulwahide, avocat de la partie civile a à la sortie de l’audience déclaré que “le droit a été dit. Certes, la condamnation à mort de l’accusé ne va pas faire revenir ma cliente, mais cela va apaiser les esprits car ces derniers temps nous assistons à une forte recrudescence d’actes de violence”.
Dans son intervention, l’avocat de la partie civile a ajouté que “contrairement à ce qu’a soutenu l’avocat de la défense, prononcer et exécuter la peine de mort pourrait largement contribuer à dissuader les éventuels criminels”