Le marché de la couverture des événements liés aux festivités de mariage (Mashuhuli en Shikomor) est en pleine croissance dans le pays, en particulier sur l’île de Ngazidja. Au cours des dernières années, de nombreux Comoriens ont fait appel à des pages Facebook qui leur facturent cher la couverture d’une ou plusieurs festivités de mariage. Après son retour de Chine il y a trois ans, Bahoudine Youssouf dit Agodan, qui a suivi une formation en journalisme sur le Web à l’Académie d’AIBO à Pékin, a rapidement investi dans ce marché qui lui assure aujourd’hui une stabilité économique en tant qu’entrepreneur averti. Il a créé sa propre société de production et de diffusion pour les contenus liés aux festivités de mariage, avec l’aide de l’Anpi, en lui donnant un statut juridique, en l’enregistrant au registre du commerce et en lui attribuant un Nif (Numéro d’identification fiscale). Pour protéger son entreprise, il envisage également de déposer la marque Comores Hebdo à l’Office comorien de la propriété intellectuelle, ce qui représente un coût d’environ 300 000 francs. « Je ne voulais pas faire les choses à moitié. Avant de me lancer, j’ai réalisé une étude de marché, effectué des sondages, et proposé des prestations gratuites pour m’assurer d’avoir pris toutes les dispositions nécessaires avant de me lancer dans cette aventure », confie-t-il.
Avant d’être actif sur Facebook en tant qu’Agodan, il était d’abord photographe d’événements, puis il a utilisé son compte Facebook pour publier des photos d’événements et diffuser ensuite des vidéos en direct. « Au début, mes prestations n’étaient pas tarifées. Je diffusais en direct des réunions politiques, des cérémonies de mariage, des travaux d’aménagement de rues, la construction de mosquées ou de marchés. À l’époque, il n’y avait pas de Facebook FM, Chabakati Internetia, Mbeni News et autres », explique-t-il.«Mon objectif initial n’était pas de facturer mes prestations, mais d’attirer un maximum de visiteurs sur mon compte. Cette stratégie s’est avérée payante, car en quelques années, le nombre d’abonnés a atteint les 5 000, ce qui a conduit à la suspension de mon compte. C’est à ce moment-là que j’ai eu l’idée de créer une page dédiée », détaille-t-il.Agodan souligne que le marché de la diffusion des cérémonies est en constante expansion, en particulier pendant la haute saison, ce qui l’amène parfois à annuler certains rendez-vous en raison d’une demande excessive. « Quand j’ai commencé à facturer mes prestations, j’ai fixé un tarif forfaitaire d’environ 250 000 francs. Les choses ont depuis, évolué, tout comme les paramètres. Désormais, la tarification dépend du type d’événement et de l’heure à laquelle il se déroule», précise-t-il.
Constituer une équipe dans ce pays
«Il y a, par exemple, plusieurs festivités lors d’un grand mariage, de la cérémonie de l’envoi du mariage (ndrume) à la cérémonie religieuse du soir pour les hommes (madjlis), en passant par les soirées dansantes des femmes (nkatsa-ukumbi) ou le départ du marié vers son foyer (utriya dahoni). Chaque événement est tarifé séparément », ajoute-t-il. Il poursuit en expliquant : « Imaginez un événement comme un twarab qui peut durer jusqu’au petit matin. Cela nous épuise et use également nos équipements, téléphones et batteries. C’est pourquoi j’ai décidé de facturer également par chanson plutôt que pour l’ensemble de l’événement. »
Agodan fait face à une forte demande et investit notamment dans du matériel de streaming, notamment des iPhones, des stabilisateurs polyvalents et des projecteurs, pour répondre aux nombreuses sollicitations. Le fondateur de Comores Hebdo ne se limite pas à l’investissement dans le matériel, il a également recruté des correspondants sur place, ainsi que dans certaines villes en France, où cette petite équipe est rémunérée à la pige. Pour anecdote, c’est grâce à son statut d’entrepreneur que le directeur de Comores Hebdo a obtenu un visa pour la France, où il est allé assister au mariage d’un membre de sa famille. Il a mis à profit son séjour pour constituer une équipe dans ce pays, où le marché est très prometteur.