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Covid-19-Fermeture des plages I La mesure plonge les plagistes dans l’inquiétude

Covid-19-Fermeture des plages I La mesure plonge les plagistes dans l’inquiétude

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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La décision de fermer les plages pour un trimestre à compter du 23 septembre dernier n’a pas fait que des heureux. Mitsa- mihuli, capitale de la région du même nom a été ébranlée par cette nouvelle. La ville est rythmée par les allées et venues des citoyens venant de tout le pays pour profiter de ses plages mirifiques. La mairie qui tire une partie de ses revenus de la gestion du site Maloudja-Galawa ne compte pas en rester là et envisage de demander une dérogation aux autorités compé- tentes. Le seul restaurant de standing de la ville, «Chez Nini» est atterré lui aussi par cette annonce, qui survient alors que l’établissement a dû fermer 4 mois au plus fort de la crise sanitaire. Tous appellent à une solution «moins radicale».

 

«Par ailleurs, nous avons décidé, pour plus de sécurité, la fermeture des plages jusqu’à fin décembre 2020». Est-ce à cause de cette phrase tirée du discours présidentiel du 23 septembre dernier, que Mitsamihuli, capitale de la région du même nom située au nord de l’île, affichait son visage des mauvais jours ce dimanche 27 septembre ? S’il y a une ville dont l’annonce de la fermeture des plages pour trois mois a été vécue comme un coup-de-poing dans le plexus, c’est bien elle.


Mitsamihuli, le dimanche surtout ces dernières semaines c’est l’ambiance. Animations, échanges, pique-niques, musique à fond la caisse, la fin du week-end était synonyme de vivacité, de jeunesse qui s’amuse, de commerçants qui vendent ailes et autres sodas, de restaurant et autres gargotes qui accueillent plus de clients. Toutes ces bonnes âmes, à quelques exceptions se rendaient sur le site Maloudja-Galawa, un des plus beaux de l’archipel. Et l’un des plus prisés aussi. En plus de la beauté des lieux, la route flambant neuve traversant la ville n’y est pas pour rien dans cette affluence.

Maloudja a baissé les rideaux

 

Mais ce dimanche, Maloudja a baissé ses rideaux laissant des dizaines sinon des centaines de jeunes et de moins jeunes «sur le carreau», les adolescents ne disposant pas d’autres lieux appropriés pour s’amuser. D’ailleurs, un bus rempli d’adolescents était garé juste en face du portail condamné. Il vient de Kwambani dans le Washili. «Nous ne savions pas que la plage était fermée», a indiqué le chauffeur.

 

Un autre jeune, ayant compris qu’il n’y avait pas moyen qu’il y pique une tête, nous demande alors «si nous n’avions pas un bout de terrasse à leur prêter afin qu’ils fassent au moins leurs grillades». Une question sans doute rhétorique qui a eu le mérite de détendre l’atmosphère.
Pour Al-watwan, impossible d’aller plus loin. L’on joint par téléphone, un conseiller communal, la municipalité assurant la gestion du site en attendant ses repreneurs. Il nous demande d’aller le chercher à l’entrée de la ville. Aussitôt dit, aussitôt fait.


Sur place, il appelle un des 7 employés du site qui vient nous ouvrir. La très longue plage est absolument déserte. Rien ne vient troubler la nonchalance des cocotiers. Le silence des lieux est brisé par le bruissement du vent et le roulis des vagues. A perte de vue, du sable fin et une eau limpide. Maloudja affiche une solitude désarmante, un peu comme après la catastrophe provoquée par Kenneth, les débris en moins.

«Demande de dérogation de l’annonce présidentielle»

Zaki Abdallah Abdou, conseiller communal en charge du Tourisme a au moins la mine aussi accablée que Mitsamihuli. «Nous vendons au moins 250 000 KMF de tickets d’entrée, sans compter la location des bungalows et les emplacements que nous louons pour les grillades», a-t-il assuré non sans regretter la décision de fermeture, «qui nous met dans l’embarras».

De fait, le site Maloudja-Galawa génère des revenus indispensables pour la commune, selon notre interlocuteur. D’après lui, les responsables communaux ne comptent pas en rester là. «Nous allons voir si nous ne pouvons pas obtenir une dérogation, nous pouvons évidemment revoir l’affluence de la plage, nous organiser de façon à ce que les mesures-barrières soient respectées mais la fermeture ne peut être une solution pérenne pour nous», a-t-il indiqué.


En tout cas, la mairie n’est pas la seule à pleurer la décision des autorités. Le restaurant «Chez Nini» fait partie du lot. Celui-ci est situé à quelques encablures de Maloudja et tirait profit de son affluence les week-end. «Cette situation a d’ores et déjà un impact énorme sur notre établissement» a fait savoir le couple qui gère la maison, Koulthoum Djabir et Nizar Salim. «Chez Nini» avait fermé durant 4 mois au plus fort de la pandémie.


La plage est un motif de sortie pour bon nombre de nos concitoyens résidant à Ngazidja. «Beaucoup de clients nous appelaient pour faire des commandes à emporter à Maloudja ou alors pour nous prévenir qu’ils allaient manger sur place avant de s’y rendre», a expliqué Koulthoum Djabir. «Nous faisons du chiffre essentiellement le week-end, si cette mesure est maintenue, nous serons obligés de nous séparer d’une partie de notre personnel», a lancé Nizar Salim.

«Fermer la plage est radical»

Pour eux, au lieu d’interdire l’accès à la plage, il eut été plus judicieux d’en exiger «une meilleure organisation pour plus de sécurité». Ils préconisent des solutions comme la prévente des tickets, la limitation du nombre d’entrées «mais fermer la plage, c’est radical ». Une solution jugée radicale alors que, le secteur fortement ébranlé peine à se relever. Une année terrible pour tout le secteur selon les chiffres communiqués par la Banque centrale, qui connait un ralentissement de sa croissance : 1,3% pour 2020 contre 3,4% en 2019.


Ainsi, le 11 septembre, l’Association Comorienne des Restaurateurs (Acr) dont «Chez Nini» est membre, a adressé un courrier au ministre en charge de l’Economie, Houmed M’saidie dont Al-watwan s’est procuré une copie. Elle y a fait part des nombreuses difficultés auxquelles les restaurateurs ont été confrontés du fait de la crise sanitaire. Et à ce titre, l’Acr a sollicité l’exonération du paiement de facture d’électricité pendant la période du mois de mars au mois de juin, la non-imposition des restaurants pour l’année 2020 et le suivi d’indemnisation des professionnels de la restauration ayant été touchés par le cyclone Kenneth. Aucune des trois doléances n’a pas, pour l’instant, été satisfaite.

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