Un peu plus d’un mois après le décret portant obligation du port du masque, force est de constater que cette mesure, est loin d’être respectée. Moroni, 12 août dans la matinée. Dans la capitale comorienne, du nord au sud, dans ses emblématiques marchés, ses principales artères, bondés de monde, tout se passe comme à l’accoutumée. Comme si le virus de la Covid-19 avait été vaincu au mieux, ou qu’il n’a jamais existé.
Et de fait, partout il a été constaté un relâchement des gestes barrières. Dans le quartier Philips, pas loin de l’hôpital El-Maarouf, un attroupement d’une dizaine de personnes devant un réparateur d’appareils électriques. La distanciation d’un mètre n’est pas respectée et seule une dame en porte un… mais sous le menton. «C’est par négligence que je ne porte pas de cache-nez et puis de toutes les façons, cela fait bien longtemps que la maladie n’existe plus», a fait valoir Ahmed Moindjié, le réparateur d’appareils électriques.
Tout au long de la route menant à Volo-volo, plus grand marché de la capitale, rares sont ceux qui portent un masque.
A quelques pas de là, devant l’ancienne Ma-mwe devenue Sonolec, on aperçoit un agent des forces de l’ordre, avec son uniforme bleu-foncé en train de discuter avec un homme. Tous deux ne portent pas de masques. Si on demande à l’agent pourquoi il ne porte pas de masque, la réponse semble bizarre. «Je n’en porte pas mais je ne vous en donnerai pas la cause», a-t-il répondu visiblement agacé.
«Négligence des forces de l’ordre»
«J’ai le mien dans la poche mais vu que les autres ne portent pas de cache-nez et que ce dernier m’empêche de bien respirer, pourquoi le garder ?», a expliqué l’individu que nous avons trouvé en pleine discussion avec l’agent, répondant au nom de Hachim Abdou, un boulanger. Et surtout «cela ne sert strictement à rien de faire des efforts qui vont dans un seul sens.Si un agent des forces de l’ordre n’en porte pas, celui qui est censé faire respecter l’obligation de porter le masque, pourquoi le ferais-je ?», a feint d’interroger Hachim Abdou.
A l’intérieur du grand marché de Moroni, c’est l’indiscipline totale. Ici aussi, la population néglige le respect les mesures de protection. Tout le long de ses couloirs magnifiques, entre les étals de produits esthétiques, de vêtements et autres fruits odorants, se trouvent des hommes et des femmes collés, évidemment sans masques, et qui souvent renient l’existence même de la pandémie.
Sur notre scooter, nous traversons la ville pour rejoindre le vieux marché, pris en tenaille par les banques et la médina. Avant de nous y rendre, au niveau du rond-point à côté de la Snpsf, nous apercevons un gendarme. Nous en profitons pour lui demander des questions relatives au port du masque. «En ce qui me concerne, mon travail consister à réguler la circulation», a-t-il argué, coupant court à la discussion.
Comme à Volo-volo, dans ce marché, il y avait les vendeuses d’un certain âge assises, en train de discuter entre elles, d’autres qui cousaient un bonnet traditionnel (Kofia) et celles qui tentaient d’attirer des clients mais elles ont un point commun : aucune ne portait de masque. Aladine Mohamed, un agent de la police municipale qui assure la sécurité du marché, ne fait pas exception à la règle. «Je ne porte pas de cache-nez parce que j’ai perdu le mien», a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : «pour les citoyens qui ne respectent pas la mesure, maintenant on les laisse faire. En fait, nous subissions des menaces à chaque intervention pour respecter le décret du président et malheureusement ne nous venait pas en aide».
Nous décidons alors de contacter la gendarmerie. Nous parvenons à joindre un commandant répondant au nom de Abdillah Youssouf Matrafi. «Nous devons tout mettre en œuvre pour que le décret qui oblige le port du masque soit respecté», a déclaré notre interlocuteur au téléphone. Il s’est, par ailleurs, pris à l’agent qui n’en portait pas.
«Toutes les unités sont obligées de porter un masque, cet agent doit être puni pour son comportement inacceptable», s’est-il écrié avant de rappeler que la maladie existait bel et bien et que la population devait veiller au respect des mesures barrières. Il rappelle que la maladie existe bel et bien et appelle la population au respect des mesures d’hygiène. Pour rappel, selon le dernier bulletin du ministère de la sante, sorti le mardi 11 août, on compte 13 cas actifs.
Nourina Abdoul-Djabar
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