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Covid-19 I «25% de la population» en contact avec la maladie

Covid-19 I «25% de la population» en contact avec la maladie

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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La Covid-19 a-t-elle été vaincue en Union des Comores ? C’est l’impression qui ressort. Les masques sont très peu portés. Et quand ils le sont, ce n’est pas dans le bon sens. Personne ne semble s’en formaliser pourtant le danger est toujours là. Et au-delà du port du masque ce sont toutes les mesures anti-Covid qui sont malmenées. Un risque accru qui nous mettra tous en danger si les choses restent en l’état.

 

Partout dans le pays, il y a un relâchement des mesures barrières pourtant fortement recommandées pour lutter contre la pandémie de Covid-19 dans un contexte d’ouverture prochaine des frontières. Dans les rues de la capitale et ailleurs, peu sont ceux qui portent le cache-nez. Et quand ils le portent c’est à la façon d’un nœud papillon. Le masque est noué comme un nœud pap’, très loin de la bouche et du nez qu’il est censé recouvrir. Les forces de l’ordre n’en ont cure et verbalisent de moins en moins les récalcitrants du masque. Quant au pouvoir, il s’accommode bon an mal an de ce bout de tissu qui rend la respiration si laborieuse. Ces derniers temps, ces messieurs le portent plus comme ils porteraient une cravate…

Un bon signe ?

Et comme pour conforter la thèse des tenants de la Covid-19 vaincue, les deux derniers bulletins ne font état d’aucune nouvelle contamination au niveau du territoire national. Un bon signe ? Sans doute. «Nous avons prélevé les candidats au départ à l’étranger la semaine dernière et nous n’avons eu aucun cas positif à Ngazidja», a expliqué le Dr Ibrahim Djabir, membre du Comité de prise en charge. Une recherche active qui n’a révélé aucun cas de la maladie, «des résultats confortants» pour notre interlocuteur. «A Mwali, cela fait plus de 45 jours qu’il n’y a eu aucune déclaration de cas et à Ndzuani plusieurs jours», a noté Idjabou Bakari, de la cellule de communication de la Coordination anti-Covid 19.

100 personnes dépistées

Peut-on dire alors dire que la crise de la Covid-19 est derrière nous ? Pas si vite. Il y a sûrement des signes encourageants mais la vigilance est toujours de mise chez les praticiens. Il y a une dizaine de jours, un dépistage à l’aveugle a été effectué sur 100 sujets.
Les résultats sont pour le moins étonnants. «Il est admis que si 60% de la population a été en contact avec le virus, l’on peut dire alors que la population est plus ou moins vaccinée, une immunisation qui dure entre 6 mois et 1 an», a réagi le Dr Anssufoudine Mohamed, cardiologue et membre du comité scientifique au niveau de Ndzuani. Ce qui nous ramène aux tests effectués à l’aveugle et de la situation dans le pays.

Les personnes présentant des cas graves

«Nous avons testé au hasard le sang de 100 patients qui se sont rendus dans des laboratoires pour analyses diverses, et sur les 100 personnes dépistées réparties sur tout le territoire national, 24 personnes ont été en contact avec le virus sans le savoir», a révélé le cardiologue. 100 sujets, c’est un échantillon qui peut être perçu comme faible mais «c’est néanmoins, un échantillon plus ou moins représentatif de la population». Les deux médecins estiment donc qu’environ 25% de la population comorienne ont été en contact avec le virus. Conclusion : nous ne sommes pas hors de danger, d’ailleurs nous devrions nous demander si nous le serons un jour.

 

 


Mais toujours est- il qu’il y a une bonne nouvelle à signaler, c’est important de le souligner en cette période d’afflux de mauvaises nouvelles. Parmi les 24 personnes qui ont été en contact avec le virus, certaines présentaient des facteurs aggravants de la Covid-19. «Ce qui est étonnant, parmi les personnes testées de façon aléatoire, nous avons trouvé des gens qui étaient diabétiques, hypertendus, des sujets âgés et ces gens-là ont été infectés par le virus sans le savoir», a relevé le Dr Anssufoudine. En effet, les personnes présentant des cas graves de Covid-19 ont au moins une maladie chronique et chez nous la maladie est passée inaperçue chez plusieurs sujets dits «à risque». Explications ? Peut-être l’artéquick. Mais peut-être seulement.


Le docteur Djabir a surenchéri : «ces patients à risque, qui ont contracté le virus sans le savoir n’étaient évidemment pas répertoriés dans le registre national dédié à la pandémie». Et de s’écrier, paraphrasant le chef de l’Etat : «Dieu lui-même», (mgu waye en langue nationale). Comme pour dire, nous avons été épargnés par la grâce du Tout-Puissant, si des patients avec des facteurs de risque n’ont présenté aucun signe de complication.


Voilà pour la bonne nouvelle. Pour le reste, dans un contexte d’épidémie doublé de déni au pire ou de relâchement au moins, «l’appropriation des mesures par la population est un combat permanent», dixit Idjabou Bakari. Pourtant, et il le dit si bien, «avec le relâchement constaté, l’ouverture prochaine des frontières, le retour massif des comoriens bloqués à l’extérieur, la rentrée scolaire et l’ouverture des mosquées, il y a lieu de redoubler d’attention et plus que jamais de respecter les mesures barrières». Et donc arrêter de porter le masque façon nœud pap’.

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