Deux ans après l’accident survenu au large de Mwali, ayant fait quatorze occupants se trouvant à bord du vol, loué par Ab aviation, seul un verdict sur les indemnisations a été prononcé par la justice comorienne. Mais les familles n’en savent toujours rien sur les causes de ce crash, qui a endeuillé le pays le 26 février 2022. Pourtant, au lendemain du drame, une commission d’enquête avait été mise en place pour tenter de lever le voile sur les circonstances ayant conduit à la disparition du Cessna 5H-MZA. Et selon les éléments restitués dans le rapport préliminaire, consulté par Al-watwan, les enquêteurs ont noté une succession d’erreurs qui auraient, selon eux, contribué à l’accident de l’avion. «L’analyse faite des vols précédents et celui du 26 février du jour du crash, révèle un problème d’ordre opérationnel du fait que l’équipage a conduit le vol de Moroni à Mwali, sans avoir au préalable pris connaissance de l’activité dépressionnaire active sur toute la région», indique le document qui n’a jamais été rendu public.
Parmi les scenarios avancés, il y a la probabilité que le vol soit rentré dans un gros orage appelé cumulonimbus, qui était présent à son arrivée à Mwali. Il s’élevait à 300 mètres au-dessus de l’eau jusqu’à 15 km de hauteur et couvrait toute l’île de Mwali. «La haute définition de l’animation satellite de météo France ace de Toulouse démontre que l’avion a volé sans visibilité depuis Iconi sud jusqu’à Mwali où il est entré dans un gros orage de foudre. Arrivé à destination, l’équipage a tenté par deux fois d’atterrir, avant de vouloir rebrousser chemin», souligne la commission dont l’enquêteur en chef fut, Jean marc Heintz, ancien directeur général de l’Anacm.
Pas de jugement
Ce dernier a précisé dans un courrier adressé à Azali Assoumani, le 10 mai 2022, qu’ils ne pouvaient pas déterminer si l’avion a eu un problème technique ou panne mécanique en plein vol avant ou après son dernier appel radio. «Ce rapport technique s’est appuyé sur le manuel d’enquête sur les accidents d’aviation approuvé par l’Organisation mondiale de l’aviation civile. Les recherches se sont principalement orientées sur les opérations commerciales, administratives et opérationnelles de la société Fly zanzibar, propriétaire de l’avion, du locataire, Ab aviation», a insisté le rapport qui ne porte aucun jugement et ne relève pas non plus les fautes commises étant donné que jusqu’à maintenant, l’épave n’a pas été localisée.
Toutefois, cette enquête préliminaire, a pu récolter des informations sur la procédure d’inspection de l’aéronef mais pas seulement. «La direction de la sécurité des vols a conduit une visite de routine le 19 février mais pas une inspection approfondie. Elle n’avait pas relevé la présence d’équipements de sécurité obligatoire durant son contrôle, qui a duré trente minutes», énumèrent les rédacteurs du rapport qui pointent l’absence de vol de familiarisation (vol accompagné) avant les vols commerciaux. Le sujet de la police d’assurance à l’origine de la condamnation, fin septembre, d’Ab-Aviation a également été traitée par la commission qui avait dépêché en Tanzanie du 27 mars au 7 avril, deux enquêteurs. Ceux-ci se sont entretenus avec les responsables de Fly zanzibar, et du gendarme tanzanien de l’aviation civile. «Au-delà des documents techniques et opérationnels de l’avion, le contrat d’assurance n’incluait pas de responsabilité de l’opérateur comorien dès le premier vol commercial».