Le bureau du Collectif des familles des victimes du crash de l’Airbus A310 avait annoncé une forte mobilisation à l’occasion de la prière pour le 13ème anniversaire de cette catastrophe aérienne. Organisée à la mosquée de vendredi d’Ikoni, cette prière en faveur des 152 personnes à bord de cet appareil n’a pas atteint ses objectifs. Hormis des habitants de la ville, seulement deux membres du bureau avaient répondu présents.
«Nous ne les oublions pas»
Cette faible mobilisation a été très mal accueillie par les organisateurs de cette cérémonie. «Cela n’est pas la faute de la communication, nous avons usé des canaux nécessaires pour rappeler que la date approche, mais apparemment le message n’est pas passé», a déploré Said Ahmed Elkabir, ancien président du premier bureau du Collectif de la famille des victimes. Consterné par cette absence choquante, l’ancien président du premier bureau du collectif de la famille des victimes a déclaré : «nous ne les oublions pas».
En rappelant aux personnes éprouvées par cet accident où qu’elles soient, l’ancien président du Collectif a ajouté que la catastrophe de la nuit du 29 juin 2009 «nous a enlevé de manière brutale nos proches, ne les oublions pas et cette date doit être ancrée dans nos mémoires. Je suis choqué de voir que deux personnes seulement ont fait le déplacement pour venir participer à cet événement, cette cérémonie n’est pas uniquement pour la ville d’Ikoni car le deuil provoqué par cet accident a touché les quatre coins de notre pays, ne l’oublions pas.
Nous réunir en ce lieu et en ce jour pour leur rendre hommage est la preuve que nous continuons à les porter dans nos cœurs». En réitérant la demande de l’approfondissement de l’enquête pénale ouverte au tribunal de première instance de Moroni, l’ancien président a ajouté que cela peut s’obtenir grâce à la mobilisation de tous notamment les ayants-droit. «Justice ne sera jamais rendue pour les victimes comoriennes si une audience pénale de cette affaire ne se tient pas à Moroni».
Une enquête à Moroni se fait attendre
Au sujet de la volonté de rendre justice aux victimes comoriennes, deux procédures ont été engagées à Moroni rappelons juste quelques jours après l’accident. Un volet civil avec les indemnisations des ayants-droit et une procédure pénale engagée par le parquet qui a conduit à une ouverture d’une information judiciaire. A l’ouverture de cette dernière, le dossier est passé entre les mains d’au moins trois juges d’instruction.
Cette situation avait attiré l’attention des avocats de la partie civile constituée dans cette affaire. Lors d’une entrevue avec Me Said Larifou, un des avocats des familles de victimes, avait crié au scandale en disant que ces changements de magistrats instructeurs étaient «des manœuvres dilatoires pour camoufler la vérité sur cet accident». Ses cris d’alarmes n’ont donné aucun effet et plusieurs années après, aucun acte n’a été posé sur cette affaire.
Quant à la procédure pénale engagée en France, après l’inculpation et la mise en examen pour homicide involontaire de la compagnie yéménite le 29 janvier 2014 par le tribunal de Bobigny, une audience pénale a eu lieu huit ans après pour rendre justice aux 66 français qui ont périx dans cet accident. Tenue pendant quatre semaines, du 9 mai au 2 juin, à l’issue de ce procès, le parquet de Bobigny a requis une amende maximale de 232.500 euros soit 114, 390 million de francs comoriens contre la compagnie Yemenia Airways.
Le tribunal a également constaté «de nombreuses erreurs de pilotage» à l’approche de l’aéroport de Moroni ont conduit le parquet à requérir cette peine pécuniaire. Lors de ce procès, Me Bahassane Ahmed, également avocat de la partie civile, estime qu’il revient au juge d’instruction comorien de continuer son enquête qui (peut-être) pourrait aboutir à la responsabilité de l’agence pour la sécurité de navigation aérienne et Airbus.Selon-lui, «le juge d’instruction français a protégé Airbus et la société de maintenance de Singapour qui est une filiale d’Airbus».