Le Tribunal de Paris a rendu, comme prévu, son délibéré, hier 14 septembre sur le volet pénal du crash de l’Airbus A310 de la Yemenia. La faute imputée à la compagnie aérienne est basée sur deux éléments : le fait que Yemenia opérait des vols de nuit dans un aéroport pas bien éclairé et le manque de compétence et d’expérience de l’équipage", en l’occurrence le copilote. La compagnie yéménite est condamnée à payer une amende de 225 mille euros, soit 110,7 millions de francs comoriens et a rejeté les intérêts civils. Cette peine pécuniaire infligée hier à la compagnie yéménite est "légèrement en dessous de l’amende maximale de 232.500 euros, soit 114,390 francs comoriens requis par le parquet lors de l’audience", selon des proches du dossier.
Sur cette peine pécuniaire, l’unique survivante de cet accident aérien, Bahia Bakari a déclaré sur Franceinfo que ce n’est pas ce qui l’intéressait. “Le plus important était de savoir si la culpabilité de la compagnie allait être reconnue et ça été fait”, a-t-elle indiqué. Quant aux obligations de plaider, le tribunal a renvoyé la demande vers une audience civile qui va statuer uniquement pour les ayant droits de nationalité française.
L’avocat de la Yemenia annonce faire appel
À la sortie de l’audience, Me Said Larifou, un des avocats assurant la défense des intérêts des familles des victimes a déclaré, sur les ondes d’Ortega Live, être “satisfait” de cette décision. La compagnie est désignée coupable par le fait qu’elle a pris le risque d’opérer des vols de nuit tout en sachant que l’aéroport n’était pas bien éclairé. Idem pour Me Didier Joubert, également avocat des victimes de cet accident aérien qui a ajouté que “la condamnation pénale va permettre aux familles des victimes de faire leur deuil”. Au sujet de la procédure des intérêts civils réservée uniquement aux ayants droits de nationalité française, Me Said Larifou a ajouté que l’ensemble des avocats des familles de victimes n’étaient pas d’accord sur ce point. “Nous avons rendez-vous devant le juge au mois de mars 2023 pour débattre sur le sujet”.
À son tour, Me Bahassane Ahmed, également avocat des familles des victimes a déclaré être “déçu” de cette décision mais pas surpris. “Nous nous attendions à une telle décision”. Dans son intervention, l’avocat a ajouté que la compagnie Yéménia ne devrait pas être la seule à être inculpée. “Le constructeur de l’appareil, la société de maintenance et celle de leasing, devraient tous être inculpés. La justice française a voulu clore l’affaire est c’est fait”, a-t-il estimé. Au terme de son intervention, Me Bahassane Ahmed a ajouté que la vérité sur cet accident ne sera jamais connue. Quant à la Yemenia, son avocat annonce qu’ils vont faire appel.
Du côté du Collectif des familles des victimes, le président de l’association des familles des victimes de la catastrophe aérienne (Afvca) Said Assoumani, n’a pas manqué de mots pour manifester sa satisfaction à l’issue de ce délibéré. “Pour nous, c’est vraiment un grand jour. Je prends une minute pour avoir une pensée fraternelle, familiale et émue à l’endroit des victimes. Nous avons mené un long combat qui a duré plus d’une décennie et aujourd’hui, nous sommes satisfaits du résultat”. Au sujet de la peine pécuniaire de 225 mille euros, le président de l’Afvca a déclaré que pour eux c’est la peine maximale que la justice française n’ait jamais prononcée. “Dans le feu de l’action, nous ne réalisons pas, mais après un temps, dans les prochains jours, nous allons nous rendre compte de l’importance du combat que nous avons mené pour que nos proches ne soient pas oubliés”.
Par rapport à l’appel qui sera interjeté par l’avocat de la Yemenia dans les prochains jours, Said Assoumani a ajouté que connaissant sa démarche, cela ne leur surprend pas. “Nous nous attendions à cela. Ils ont dix jours pour faire appel. Même-ci cela reste leur droit, après ce délai, ils vont nous montrer encore une fois leur manque d’empathie, de solidarité et de fraternité”, a-t-il mentionné.