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Crise énergétique I Le gouvernement annonce un autre plan d’urgence

Crise énergétique I Le gouvernement annonce un autre plan d’urgence

Société | -   Abdallah Mzembaba

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Le ministre de l’Energie et le secrétaire général adjoint du gouvernement ont dévoilé la nomination d’un nouveau directeur général à la Sonelec, l’acquisition de nouveaux groupes électrogènes pour mettre un terme aux longs délestages et la poursuite du déploiement de l’énergie solaire pour garantir une fourniture durable de l’électricité.

 

Confronté à une énième crise énergétique qui paralyse le pays, le gouvernement a annoncé, hier jeudi, une série de mesures visant à restaurer l’approvisionnement en électricité. Lors d’une conférence de presse tenue au secrétariat général du gouvernement, les autorités ont détaillé un plan qui repose sur la nomination d’une nouvelle direction à la tête de la Société nationale de l’électricité des Comores (Sonelec), l’achat de nouveaux groupes électrogènes et l’accélération du développement des énergies renouvelables.


La situation énergétique, marquée par des coupures prolongées affectant la capitale et de nombreuses localités rurales, s’est aggravée ces dernières semaines. Les autorités expliquent cet état de fait notamment par l’échec d’une tentative de révision des groupes électrogènes existants. Un premier appel d’offres a été lancé, mais l’entreprise sélectionnée a finalement renoncé à fournir la garantie bancaire nécessaire au démarrage des travaux. Un second appel est en cours, mais le gouvernement affirme ne pas pouvoir attendre davantage et a opté pour l’acquisition de six nouveaux groupes électrogènes. Ces équipements, dont le coût s’élève à un peu plus de 4 milliards de francs comoriens, devraient être livrés d’ici le 12 février au plus tard. «Avec le ramadan qui approche, nous devons apporter des solutions rapides», a justifié Aboubacar Saïd Anli, ministre de l’Énergie.

Une stratégie renouvelée mais contestée

Le plan gouvernemental prévoit également un renforcement du cadre institutionnel de la Sonelec. Un nouveau directeur général, Moumini Soilahoudine, ingénieur en informatique et génie électrique, a été nommé par décret présidentiel après un processus de sélection.Il sera épaulé par un directeur général adjoint et un directeur technique, issus de la même sélection.
Un conseil d’administration de huit membres a également été mis en place pour une durée de trois ans renouvelables. Selon le secrétaire général adjoint du gouvernement, Mahamoud Salim Hafi, ces nominations s’inscrivent dans une volonté de rupture avec les pratiques passées. «Le choix a été fait sur la base du mérite et des projets de redressement de la Sonelec proposés par les candidats», a-t-il affirmé.


S’agissant du choix de l’achat de nouveaux groupes, cette approche a été toujours accueillie avec réserve par l’opinion publique à cause des mauvais souvenirs du passé. L’achat de nouveaux groupes électrogènes n’est pas une première.
Depuis plusieurs années, les autorités successives ont annoncé des acquisitions similaires, sans parvenir à stabiliser durablement la fourniture du courant.La défiance est d’autant plus forte que la gestion des précédentes importations de groupes électrogènes a été marquée par des défaillances techniques.

Des ambitions énergétiques à long terme

Outre l’urgence immédiate, le gouvernement affirme vouloir inscrire son action dans une perspective de long terme. La transition vers les énergies renouvelables est mise en avant, avec la construction de centrales solaires à Fumbuni, Washili et Pomoni.La centrale de Washili, initialement prévue pour être raccordée fin janvier, rencontre cependant des problèmes de batteries. Son financement par le Fonds d’Abu Dhabi a été confirmé, mais les équipements nécessaires ne devraient arriver que dans deux à trois mois.D’ici 2028, les autorités ambitionnent également de mettre en «service une centrale géothermique de 15 mégawatts exploitant l’énergie du volcan Karthala». «Nous aspirons à une stabilisation énergétique d’ici fin 2026, avec pour objectif que le thermique ne soit plus qu’une source d’appoint», a déclaré Aboubacar Saïd Anli.


Si ces annonces fortement attendues en cette période de crises énergétiques sont les bienvenues, elles n’ont pas suffi à éliminer les réserves au sein d’une population fortement impactée. Le plan de redressement du nouveau directeur général de la Sonelec suscite déjà les attentes d’une population lasse des cycles récurrents de pénuries d’électricité qui paralysent l’économie et pèsent sur sa vie quotidienne. Une réalité que le gouvernement dit en être conscient, «toutefois, il tient à vous assurer que tous les efforts sont déployés pour améliorer la situation».

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