Une vie sans eau représente un risque potentiel de dégradation sur les plans hygiénique, économique et social. Alors que les habitants de la capitale Moroni courent à la recherche d’eau, une détérioration se fait également ressentir dans les villes qui n’ont pas accès à l’eau potable ni à l’eau de citerne en raison de la sécheresse.
S’abstenir de se laver pendant trois à quatre jours, parcourir des kilomètres pour se rendre dans une maison inhabitée afin de profiter de l’eau de citerne pour faire la lessive, économiser un bidon de vingt-cinq litres pour une semaine, tout cela est devenu inévitablement le quotidien de Mohamed Mihidhoiri.
« Le manque d’eau me tue à petit feu, car aujourd’hui je ne me sens plus en forme à cause de cette pénurie. Je dois effectuer un long trajet pour me ravitailler en eau, que je dois ensuite utiliser avec parcimonie. À cause de cette sécheresse, il est impossible de vivre dans des conditions d’hygiène adéquates, et nous risquons de contracter des maladies, sans parler de la déshydratation du corps », se plaint ce cultivateur, habitant à Fumbuni.
Entre 5 heures et 6 heures du matin
Pour Moinour Mchagama, habitante de la capitale, l’eau représente non seulement un enjeu hygiénique, mais elle absorbe également 60% de son salaire mensuel. «En plus d’acheter de l’eau pour nos besoins courants, j’achète également de l’eau minérale, ce qui représente environ 60% de mon revenu mensuel. J’ai cinq enfants à élever, ce qui est vraiment difficile pour moi, car tout mon salaire est absorbé par les dépenses liées à l’eau», confie-t-elle.
Face à cette crise, un changement d’habitudes s’est imposé. Selon Saïd Youssouf, il est nécessaire de surveiller le robinet à la maison, sinon de faire la queue à la fontaine du quartier, en particulier entre 5 heures et 6 heures du matin, pour ne pas la rater. « Parfois, nous n’arrivons pas à l’heure au travail lorsque nous sommes coincés dans une file d’attente interminable », concède-t-il. Pour les ménages équipés de toilettes modernes, selon toujours notre témoin, ils sont contraints d’utiliser les toilettes de leurs voisins pour satisfaire leurs besoins, ce qui devient naturellement gênant pour tout le monde.
Pour l’heure, selon Saïd Youssouf, «les responsables de la Sonede [Société nationale d’exploitation et des eaux] n’ont fourni aucune explication quant aux causes de cette pénurie d’eau, et toutes les mesures annoncées pour résoudre ce fléau n’ont jamais vu le jour».
Une rumeur circule selon laquelle les coupures d’eau pourraient être maintenues en faveur du commerce ambulant de l’eau, qui serait plus lucratif que les approvisionnements des ménages et des points d’eau publics.
En moyenne, les camions-citernes qui vendent de l’eau paient 30 000 francs par jour, selon le témoignage d’un résident de Moroni Philips. Celui-ci ajoute que désormais, les vendeurs d’eau obligent les clients à transporter eux-mêmes l’eau qu’ils viennent d’acheter jusqu’à leur domicile, tandis que le fournisseur reste confortablement dans le camion pour ramasser tranquillement ses bénéfices.
Par Said Toihir