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Crise post-électorale I Kiki, «la liberté mais à pas n’importe quel prix»

Crise post-électorale I Kiki, «la liberté mais à pas n’importe quel prix»

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Daoudou Abdallah Mohamed a fait appel de l’ordonnance de sa mise en liberté provisoire. Il reste donc détenu à la maison d’arrêt de Moroni.

 

C’est le feuilleton politico-judiciaire du moment. Daoudou Abdallah Mohamed, candidat à la présidentielle de janvier 2024 et ex tout-puissant ministre de l’Intérieur du gouvernement Azali Assoumani entre 2016 à 2021, en est le principal protagoniste.

Ce jeudi, l’un de ses conseils, Me Idrisse Mogne, s’est évertué à expliquer la situation de celui qui est connu sous le surnom de Kiki de la République, sous les verrous depuis le 2 mai, et qui pour beaucoup, refuserait d’en sortir. Les faits, à entendre le conférencier, seraient beaucoup plus nuancés.

 

« Le 15 mai, un des avocats de mon client a signé une ordonnance de mise en liberté provisoire mais nous avons immédiatement fait appel. Il est donc toujours détenu à ce stade », a-t-il indiqué. L’appel suspend l’ordonnance. Avant cette date, des rumeurs couraient sur sa libération. « En réalité, l’ordonnance de mise en liberté provisoire du 13 mai, assortie d’une procédure de contrôle judiciaire n’a été notifiée ni à mon client ni à ses conseils, comme prévu par les textes, je ne vois pas comment il aurait pu recouvrer sa liberté », a-t-il éclairci.

Selon lui, Daoudou Abdallah Mohamed aimerait être libre mais les obligations accolées à sa mise en liberté ne lui conviennent pas. Daoudou Abdallah Mohamed, « ne peut pas quitter Ngazidja sans l’autorisation d’un juge, il ne peut pas s’exprimer sur les réseaux sociaux, il ne peut pas participer à une réunion », a-t-il énuméré. « Mon client est un politicien, comment un politicien peut accepter de telles conditions, nous irons, s’il le faut, jusqu’à la Cour suprême », a-t-il averti. 

Me Idrisse Mogne a fait part de son inquiétude concernant "l’irrespect des libertés fondamentales" de son client. « Je ne suis pas autorisé à le voir, au mépris de l’article 15 de la constitution qui dispose que le droit d’accès à la justice et à la défense est garanti à tous les citoyens (…) ». « C’est un motif d’annulation de la procédure », a-t-il regretté, tout en précisant que la femme du prévenu était dans la même situation que lui. « Ce combat est inégal, le procureur peut voir mon client mais pas moi », a-t-il dénoncé.

L’ex premier flic du pays a été placé en détention il y a un peu plus de dix jours, notamment pour « mise en danger d’un agent de la force publique, violence et séquestration d’un agent chargé d’une mission publique, propagande, déclarations et appel la contestation des résultats officiels ». Daoudou Abdallah Mohamed s’était rendu de lui-même à la gendarmerie le 30 avril « pour y faire une déposition » concernant « des individus munis d’appareils photos qui le suivaient ostensiblement depuis quelques jours ». Peu avant, il s’était fendu d’une déclaration sur les réseaux sociaux, visiblement excédé par ce qui semblait être une filature. C’est sa dernière déclaration d’homme libre.

 

 

 

 

 

 

 

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