logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Crise sanitaire I Le secteur de la couture durement impacté faute des grands mariages

Crise sanitaire I Le secteur de la couture durement impacté faute des grands mariages

Société | -

image article une
Déjà près d’un an depuis que les couturiers de tout genre font face à une situation qui n’est pas des plus reluisantes à cause de la pandémie de la Covid-19. Avec la suspension des célébrations du grand mariage, les couturiers, qui ont l’habitude de faire le plein, vivent des moments difficiles. Al-watwan a rencontré quelques-uns. Des témoignages poignants.

 

Mma Hamza, épouse du grand cadi de la grande ville d’Ikoni, fait partie de ceux qui grincent les dents depuis l’arrivée de la Covid-19. La dame prie chaque jour pour implorer Dieu à mettre un terme au plus vite cette pandemie. Elle reconnait les effets devastateurs de cette maladie qui a pris tout le monde de court. Mma Hamza explique que la situation de la Covid-19 a tout fait chamboulé. ″Depuis toute jeune, je me suis lancée dans la confection des dragila, ce qui m’a permis d’élever et prendre soin de mes enfants. Jusqu’en mars dernier, j’avais eu des commandes.

J’ai tout cousu et les clients sont venus les récupérer. Hélas, une semaine après, les célébrations ont été annulées″, a-t-elle fait savoir, ajoutant avoir été victime d’arnaque de la part de certains clients.Comme Mme Hamza, de nombreux couturiers vivent des moments particulièrement difficiles. La Covid-19 a entrainé l’arrêt de nombreuses activités génératrices de ressources.

Les couturiers bricolent en attendant…

La couture, l’un des secteurs à revenus importants, n’est pas du tout épargnée par la crise sanitaire. Déjà, près d’un an depuis que les autorités aient pris des mesures d’interdiction des festivités du grand mariage. Ce secteur emploie autant d’hommes que de femmes s’engageant dans la confection des robes, des boubous d’hommes (Nkadu), des «Djoho» et des «dragila». Ces derniers constituent la haute couture comorienne par leur prix élevé et sont uniquement beaucoup plus sollicités dans la célébration du grand mariage où l’on assiste à l’envoie du «Vao» chez le marié. Cela fait déjà près d’un an que les ateliers de la haute couture des habits traditionnels comoriens sont contraints au chômage forcé.

Silalé, un ancien footballeur devenu styliste, fait part de sa grande désolation. Il souligne que cette situation est bien difficile à vivre. «On dépend directement des célébrations des mariages, bien qu’on soit souvent débordé de travail. Heureusement que je ne me suis uniquement pas contenté de la couture des robes. Avec les retouches, j’ai survécu. Sinon, j’allais fermer l’atelier depuis longtemps. Donc, bien que les mariages soient instantanément suspendus, j’ouvre l’atelier tous les jours espérant que la situation change et que se présentera même une personne voulant retoucher une robe, un pantalon, ou autres″, explique ainsi le styliste. Silalé soulignera qu’il n’est pas de ceux qui cousent les habits traditionnels mais les autres habits classiques.

La confection des boubous

Pour sa part, Taki Moumini, qui tient son atelier à Moroni-Bacha, à quelques mètres de Silalé, fait savoir qu’il reçoit toujours des clients qui demandent des services, notamment la confection des boubous. ″Je reçois toujours des clients qui espèrent que d’ici le mois d’août prochain, la situation se stabilisera et que les mariages reprendront. Donc, je gagne toujours de l’argent mais faiblement. Mais comme ces clients optimistes, ma foi en Dieu me fait dire que dans un futur très proche, la vie reprendra son cours normal″, a-t-il relativisé.


Ce n’est pas seulement le business des robes, des boubous et des habits d’apparat qui demeure touché. Il y a le marché des «Kofia» (bonnets) victime aussi de la crise sanitaire. Les commandes baissent, les professionnels sont aujourd’hui forcés au bricolage pour pouvoir joindre les deux bouts. ″C’est très délicat ce qu’on est en train de vivre depuis mars dernier. On vit difficilement. Moi, je me suis spécialisée dans la broderie des bonnets traditionnels (kofia). En période de grand mariage, un kofia peut se vendre à 150.000fcs. Ça m’aidait à payer l’écolage de mes enfants que j’élève toute seule. Vu que les célébrations sont annulées, en raison de la Covid, je me suis mise à vendre des arachides pour les nourrir au lieu de rester à la maison les bras croisés″, se plaint Mma Fahami du quartier Sahani à Mde-Bambao.


″L’annulation des festivités du grand mariage ne m’a pas grandement touché parce que c’est Dieu qui a notre destin et ce sera lui-même qui saura nous éloigner de cette maladie. Mais le souci, c’est qu’on est tombé sur des clients sans cœurs et sans aucune pitié. D’habitude, les clients viennent prendre les dragila sans payer en attendant l’argent des festivités et je leur ai remis la marchandise, et ils ne m’ont rien donné jusqu’alors. Pas même 200 euros pour faire sécher la sueur. Ils nous ont arnaqués. Heureusement, que mon atelier se trouve chez moi″, a-t-elle expliqué.

Adabi Soilihi Natidja

Commentaires