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Célébration de la journée Maore Allaoui Said Omar : «les Comores doivent tourner la page du passé et offrir l’image d’un pays stable»

Célébration de la journée Maore Allaoui Said Omar : «les Comores doivent tourner la page du passé et offrir l’image d’un pays stable»

Société | -   Chamsoudine Said Mhadji

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«50 ans d’indépendance inachevée, 50 ans d’occupation de l’ile comorienne de Mayotte. Que faire aujourd’hui ?» Tel est le thème abordé hier, lundi 10 novembre, au Palais du peuple dans une conférence organisée par le Comité Maoré, dans le cadre de la célébration de la Journée Maore.

 

Dans le cadre de la célébration de la Journée Maore, et des 50 ans d’indépendance des Comores, le Comité Maore a organisé une conférence hier, lundi 10 novembre, au Palais du peuple. Le thème choisi est «50 ans d’indépendance inachevée, 50 ans d’occupation de l’ile comorienne de Mayotte. Que faire aujourd’hui ?»
Sous la modération de Nadia Tourqui, cinq grands défenseurs de la cause mahoraise ont pris la parole pour retracer le parcours historique de l’occupation de Mayotte. Ils ont ainsi proposé des solutions pour le retour de l’ile de Mayotte. Rafsandjani Mohamed, Kamal Saindou, Allaoui Said Omar, Idrisse Mohamed, et Youssouf Moussa ont tour à tour pris la parole devant les étudiants.


Dans son intervention, le juriste Mohamed Rafsandjani soutient que l'occupation française de Mayotte est juridiquement illicite, considérant le référendum de 1974 comme le "péché originel" du différend territorial. Le problème est survenu lorsque la France a fragmenté le vote. «Le référendum demandait l'indépendance pour les Comores comme un seul bloc de quatre îles, mais la France a ignoré le résultat global en faveur des votes île par île», a rappelé le juriste, avant d’exposer trois points qui démontrent que l’occupation de Mayotte est illicite juridiquement.

D’abord, le droit des peuples à disposer d’eux même, «qui s’est exprimé lors du référendum et qui a consisté à interroger un seul peuple», puis en vertu du principe de l’uti possidetis juris, «les Comores indépendantes devaient hériter des limites coloniales de quatre îles». Enfin, il y a, selon lui, «⁠l’indivisibilité du suffrage universel. On ne peut pas fragmenter le résultat d'un vote global pour prendre des résultats» territoire par territoire.

Que faire aujourd’hui ? 

Kamal’Eddine Saindou est pour sa part revenu sur les conséquences de l’occupation illégale de Mayotte. Il a alors parlé de questions sociales avec la campagne menée par les Français envers les mahorais, à savoir «Mayotte n’a jamais été comorienne». Les français mènent, selon cet ancien journaliste, une campagne de haines des mahorais contres les habitants des autres iles et alimente le séparatisme. L’ancien président du Comité Maore Idriss Mohamed a, de son côté, montré que la France a déjà utilisée les recours nécessaires pour garder illégalement l’ile comorienne de Mayotte.

Toutefois, elle change de stratégie. «Maintenant la France veut que le monde admette que Mayotte est un territoire français. Il emploie tous les moyens nécessaires. Elle veut que Mayotte adhère à la commission de l’Océan indien (Coi). Il utilise des moyens économiques pour nouer des coopérations entre Mayotte et d’autres pays», a-t-il fustigé avant de parler du gouvernement comorien qui, à l’en croire, a peur d’«aller jusqu’ au bout». Idriss Mohamed propose que «la question de Mayotte soit introduite à l’ordre du jour des débats à l’Onu».

Saisir la Cij et attraire la France devant la Cpi

Soulignant que «le droit est de notre côté, Dr Rafsandjani Mohamed propose de porter la question devant des instances judiciaires internationales «saisir la Cour internationale de Justice (Cij) pour lui demander un avis consultatif sur la question de Mayotte». Il propose aussi d’«attraire la France devant la Cour pénale internationale (Cpi)». Pour lui, les Comores peuvent considérer que «les morts du visa Balladur et les départ en kwassa sont des déplacements forcés de populations». Et cela constitue des crimes contre l’humanité, selon lui.


A son tour,l’ancien directeur général d’Al-watwan, Allaoui Said Omar, a présenté les enjeux diplomatiques, juridiques, financiers, géopolitiques, et économique de la question de Mayotte entre la France et les Comores. Dans sa conclusion, Allaoui Said Omar a dévoilé un nouveau visage. «Les Comores doivent tourner la page du passé et offrir l’image d’un pays stable, juste et se débarrasser de la corruption», a-t-il suggéré, expliquant qu’il faut alors «un Etat respectueux des droits, des libertés. Et delà, l’avenir pourra rallier les cours mahorais». Allaoui Said Omar a mis en avant les liens qui unissent les habitants des quatre iles. «Les liens culturels, religieux et familiaux demeurent un socle fort», selon-lui.


Connu comme l’un des grands défenseurs de l’unité nationale résident sur l’ile comorienne de Mayotte, Youssouf Moussa, ancien président de l’Asec et militant du Front démocratique (Fd) est revenu sur la réalité de la situation de l’occupation illégale de Mayotte. Il a tenu ainsi à répéter que «la colonisation de Mayotte est une honte pour les mahorais». Youssouf Moussa a dévoilé que depuis l’introduction du Visa Baladure à Mayotte, les autorités françaises n’aiment pas entendre parler de «Mayotte musulmane».
«Le préfet de Mayotte avait même signé un arrêté pour interdire l’appel à la prière d’al-fajr. Selon le préfet, c’est un tapage nocturne.

La France ne veut pas qu’ont dit que Mayotte est une ile musulmane, elle ne veut pas qu’ont dit que Mayotte est une ile comorienne. La France a ouvert les portes et pousse les mahorais à partir vers la France, La Réunion et d’autres pays alors qu’avant les mahorais ne voulaient pas partir. Ils ont envoyé plusieurs français sur l’ile de Mayotte. La France continue de renvoyer les comoriens des iles sœurs», regrette Youssouf Moussa avant de saluer le courage des braves personnes de Ngazidja, Ndzuani et Mwali qui n’acceptent pas l’interdiction mis en place par le visa Baladure et qui prennent le risque de la mer pour aller sur l’ile de Mayotte.


«C’est grâce aux braves gens que Mayotte reste Mayotte avec la religion musulmane, la culture et la tradition comorienne», a-t-il encouragé. Youssouf Moussa a évoqué la stratégie utilisée par la France qui, à l’en croire, s’appuie sur les faiblesses du pays pour détourner l’attention des Comoriens. «La France fait une propagande selon laquelle l’indépendance ne développe pas un pays. Il donne l’exemple de nos iles indépendantes. Il faut savoir que nous qui résidons sur l’ile comorienne de Mayotte avons plusieurs problèmes comme les autres iles. Nous avons des problèmes d’eau, d’électricités, des routes… La France ne fait rien…», a-t-il expliqué.

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