La deuxième édition des «Awards d’Imara Comoros» s’est déroulée le dimanche 27 octobre dernier. L’occasion pour l’association créée en 2015 de récompenser ses élèves. L’événement qui a eu lieu au siège de l’American Corner de Moroni a été ponctué d’émotions, d’applaudissements et de rires sous le regard parfois inquiet, parfois fier mais toujours empreint de bienveillance, de sa présidente, Haina Keke. «Nous sommes ici pour célébrer les accomplissements des enfants depuis 2019 », a-t-elle pudiquement glissé lors de l’ouverture.
Comme l’a résumé la maitresse de cérémonie, «à Imara, les élèves mettent en pratique ce qu’ils apprennent en théorie à l’école ». Par modestie sans doute, elle omet de dire que l’occasion est donnée aux enfants d’explorer des notions qui ne sont souvent pas dans les programmes scolaires. L’organisation a pour crédo « l’amélioration du niveau d’éveil intellectuel des jeunes Comoriens». Cet éveil passe par l’apprentissage des Steam (sciences, technologie, arts, ingénierie et mathématiques). Au cours de la cérémonie qui a duré plus de deux heures, poèmes et slam à la gloire d’Imara ont été déclamés, une pièce de théâtre a été jouée, des vidéos retraçant le parcours des apprenants ont été projetées, tout comme celles de parents disant leur amour pour leurs rejetons.
Leadership et prise de parole en public
Nouriati Ali Ahmed, 17 ans, fait partie de l’équipe depuis qu’elle a 8 ans. Ce dimanche, au pupitre, elle dit sa reconnaissance d’appartenir à une telle organisation. «Sans Imara, jamais je n’aurais pu prendre la parole en public », déclare-t-elle. De fait, l’association pousse les enfants à avoir du leadership et à pouvoir s’exprimer en public. Mais là-bas, également, on leur apprend à confectionner du savon, à changer un pneu (75% des apprenants sont des filles), l’importance de respecter l’environnement, on les initie également à la santé reproductive ou encore à l’agriculture.
L’Ong est surtout connue aussi pour avoir initié ou perfectionné les enfants à la robotique. Assad, 16 ans, a ainsi fait une démonstration. D’une voix quelque peu intimidée, il explique avoir «mis 4 jours à créer cet engin». L’engin en question, explique le jeune homme à la voix grave, est «un pick-up noir rechargeable » guidé par une télécommande, estampillé « Imara ». Assad, qui a intégré l’Ong il y a deux ans, fait partie de ceux qui ont représenté les Comores à Singapour l’année dernière, au «First Global Challenge», concours annuel mondial de robotique. Alors que cette année la compétition s’est déroulée en Grèce, l’équipe n’a malheureusement pas pu y participer pour des raisons obscures. En 2019, elle avait pourtant remporté cinq médailles d’argent lors de l’édition aux Émirats Arabes Unis.
Des certificats de mérite ont ensuite été distribués. Les élèves ont procédé à un vote pour élire «le plus créatif, le plus drôle, le plus respectueux, le plus accueillant, le plus amical », des valeurs importantes pour l’organisation. Et pour couronner le tout, les heureux élus ont dû battre campagne pour convaincre leurs jeunes collègues, comme un écho aux élections à venir. Hachimia Mzembaba a ainsi reçu une attestation parce qu’elle a aussi mené une belle campagne.
«Je ne savais pas que j’étais créative et accueillante», a-t-elle fait savoir, vraiment émue par cette distinction. «Je me suis dit qu’il fallait la mériter et j’ai donc décidé de créer une application qui contiendra toutes les informations relatives à Imara et qui répertoriera également toutes nos inventions», a-t-elle ensuite précisé, sous une salve d’applaudissements. À la fin de la cérémonie, tous les enfants ont reçu un certificat de mérite, car ce 27 octobre, c’était avant tout les élèves qu’Imara Comoros célébrait.
