Nazra Said Hassani a pu fuir le pays grâce à un passeport comportant une fausse identité, selon nos sources. Les enquêteurs ont pu retrouver sa trace grâce à sa vraie date de naissance. En pleine tempête Nazra Said Hassani, un couperet, le premier, tombe. Abdel-Kader Mohamed, directeur de la police, est limogé par décret présidentiel jeudi 6 avril. Le lien avec l’affaire en cours ne fait aucun doute, surtout que très vite l’opinion publique a appris que la jeune femme et son mari ont quitté le territoire munis de passeports pourvus de fausses identités.
Il faut savoir que la jeune femme était étroitement surveillée par les services de renseignements. «Le ministère de l’Intérieur a été alerté, il y a près de deux mois au sujet de fortes et concordantes présomptions d’activités financières suspectes orchestrées par une jeune femme comorienne», indique un communiqué du ministère.La jeune femme faisait également l’objet d’une plainte pour escroquerie.
Une plainte pour escroquerie
Les agents chargés de sa surveillance ont remarqué une chose étrange : les lumières de maison du jeune couple sont restés éteintes toute la nuit. Ils font remonter l’information à leur supérieur qui soupçonne un départ en douce. Les agents se ruent à l’aéroport et veulent voir les manifestes. Leurs noms n’y figurent pas. Ils lisent et relisent sans plus de succès pourtant maintenant ils sont certains que le couple a pris la poudre d’escampette par voie aérienne. Il leur vient l’idée qui permettra l’interpellation de Nazra Said Hassani à Madagascar. Dans son nouveau passeport, il y a un nouveau nom, un autre lieu de naissance (Hombo Anjouan). En revanche, et c’est l’élément qui va permettre de coincer les fugitifs, les vraies dates de naissance du couple n’ont pas été modifiées dans les nouveaux documents de voyage.
Le chef de la police limogé
Dès lors, tout va très vite. Les chefs de la sécurité comorienne prennent langue avec leurs homologues malgaches. Les jeunes gens sont interpellés à l’aéroport d’Ivato à Madagascar. Le 5 avril, ils foulent de nouveau la terre comorienne et seraient depuis tenus dans un lieu secret. Abdel-Kader Mohamed serait suspecté «d’avoir facilité la fuite de Nazra et son mari en leur fournissant des passeports avec de fausses identités alors qu’ils auraient déjà fait l’objet d’un signalement à la police aux frontières», raison pour laquelle il a été limogé.
«Le directeur est le seul à avoir accès à l’ordinateur permettant les concordances d’identité ou de modifier les données biométriques», accuse-t-on du côté de l’exécutif. «Normalement, cela ne se fait que sur présentation d’une décision de justice, ce qui n’a pas été le cas», avance notre source. Contacté, le désormais ex-chef de la police a indiqué n’avoir «aucune déclaration à faire à ce sujet». Il a ajouté, «je ne connais pas cette femme, j’ai dû la voir une seule fois il y a longtemps». Un autre interlocuteur affirme que le patron de la police «pensait que les modifications dans les passeports se limitaient à des adresses». Un officier de police aurait avoué pour sa part «avoir touché 600 000 francs en échange de la confection de nouveaux passeports».
Pour mémoire, au début de la semaine, l’opinion publique apprend avec effarement qu’une jeune femme est arrêtée alors qu’elle tentait de fuir à l’étranger. Elle est suspectée d’avoir escroqué des dizaines de personnes au moyen d’un système s’apparentant à la Pyramide de Ponzi. L’affaire secoue le pays. Des banquiers, des inspecteurs des impôts, des douaniers, des politiques, des commerçants, des militaires feraient partie des victimes présumées. Le montant du préjudice s’élèverait à plusieurs centaines de millions de francs.