Trois jours après avoir pris la décision de désactiver la capacité de l’opérateur Telco Sa sur le câble Eassy avec une grande incidence sur la qualité de la connexion internet, la société nationale Comores Câbles a organisé, hier matin, un point de presse pour livrer les détails de ce dossier.
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Après un courrier sommant la société nationale «d’activer immédiatement» la capacité de Telco de la part de l’Autorité nationale de régulation des technologies de l’information et communication (Anrtic), le directeur général de Comores câbles, Ali Karani Ahamada, a tenu à remettre les pendules à l’heure en s’adressant, tout d’abord, au régulateur qui se tromperait de sujet.
«J’ai reçu un courrier très insultant de la part du régulateur. Je pense que l’auteur de cette lettre ne connait pas ses missions. Quand on ignore ses missions ou que les résultats escomptés ne suivent pas, on se fait remplacer ou bien on démissionne de soi-même. L’Anrtic fait un amalgame entre l’interconnexion et un rapport entre fournisseur et client. Comment défendre un client fantôme ou un pirate? Il faut savoir qu’en aucun moment, Comores câbles n’a été entendu par le régulateur», a pesté Ali Karani Ahamad en faisant référence au fait que le second opérateur en télécommunications ne reconnaîtrait pas la société Comores câbles (voir notre édition d’hier). Le directeur général de la société nationale s’est, ensuite, longuement attardé sur les raisons qui ont légitimé la désactivation de la capacité de Telco. A l’en croire,
Comores câbles supporte des charges assez lourdes alors que depuis plus d’un an aucun opérateur n’a payé une facture. Le second opérateur ne peut pas continuer à utiliser la capacité et à vendre la connexion sans aucun contrat à moins qu’il ne s’agisse de piraterie. Pourquoi je devrai supporter la maintenance, le stockage et les charges conjoncturelles en faveur de Telco Sa sans contrepartie?.
Un client fantôme ou de la piraterie
Selon ses informations, la maintenance des câbles coûterait annuellement 200 millions, le stockage 10 millions par trimestre, 500 millions en cas de coupure d’un câble sans oublier les investissements de l’État qui se lèvent à 14 milliards pour acquérir le câble Eassy et 31 millions de dollars pour avoir le backbone national et le câble inter-iles.
Rappelons que Comores câbles a porté plainte contre Comores Télécom, une société nationale, et que, selon Ali Karani Ahamada, pour éviter le deux poids et deux mesures, Telco Sa ne pouvait pas continuer à utiliser la capacité alors «qu’elle m’a renvoyé toutes les factures en estimant qu’aucun contrant ne nous lie. A mon arrivée, nous avions une capacité sur le câble de 4,6 Gigas et maintenant nous en sommes à 9,2 Go en attendant qu’on passe à 18 Go ce mois. Les équipements chauffent au niveau de la station d’atterrissement. J’ai dû privilégier Comores Télécom qui nous reconnait, bien qu’elle n’ait toujours rien payé».
L’opérateur en infrastructures estime que Telco Sa est une société de droit comorien qui utilise le nom de Telma pour avoir certains avantages et qu’au niveau du consortium Eassy, seule Telma y figure.
Par conséquent, Telco ne peut pas prétendre payer les «crossconnect» (indemnités) ni les frais d’entretien comme tous les membres du consortium. Elle doit payer ses capacités mensuelles puisqu’elle n’est pas membre du consortium. Jadis, Telco refusait de payer Comores Télécom en prétextant que les câbles sont sous la gestion de Comores câbles. Aujourd’hui, elle ne nous reconnait même pas. Alors en quoi ses problèmes me regardent ?,
a expliqué Ali Karani Ahamada. Quant à l’information selon laquelle, Comores Télécom aurait été également désactivée, Comores câbles réfute cette allégation. «J’ai trouvé que l’opérateur historique passait par l’Afrique du Sud mais suite à une panne survenue, je lui ai proposé un contrat pour passer par Djibouti mais en vain.
Je l’ai quand même fait basculer vers Djibouti sans aucun contrat. Une fois le problème résolu en Afrique du Sud, Comores Télécom me demande de le faire rebasculer mais toujours sans rien signer. Actuellement, elle continue de passer par Djibouti mais sa capacité n’a, en aucun moment, été désactivée», a-t-il dit.