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Danses traditionnelles I Les association de Ngazidja construisent leur fédération

Danses traditionnelles I Les association de Ngazidja construisent leur fédération

Société | -   Youssef Abdou

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Réunis à Nyumadzaha ya Bambao, plus de trente associations de danses traditionnelles de Ngazidja ont lancé un processus inédit pour créer une fédération visant à structurer, protéger et transmettre leur patrimoine chorégraphique. Les acteurs des danses traditionnelles de Ngazidja se sont retrouvés dimanche 23 novembre dernier à Nyumadzaha ya Bambao pour une rencontre décisive consacrée à la mise en place d’une future fédération régionale. Organisé par une commission issue du dernier Festival Gombessa, composée de cinq membres et présidée par Mohamed Ahamada, alias Godre, de l’association Wegni Ngazi de Moroni, l’événement a rassemblé plus d’une trentaine d’associations venues de différentes localités de la grande île.


Les travaux ont débuté par une séance plénière visant à définir les contours du futur cadre fédératif : gouvernance, critères d’adhésion, objectifs communs, mécanismes de coordination et harmonisation des pratiques. Les échanges ont également porté sur les enjeux liés à la valorisation du patrimoine chorégraphique comorien et à la nécessité de défendre une vision commune. À l’issue de la réunion, Mohamed Ahamada a salué une mobilisation inédite. «Il est temps que nous parlions d’une seule voix pour défendre notre culture», a-t-il déclaré.

«Pendant trop longtemps, nos associations ont travaillé chacune de leur côté, sans cadre commun. Aujourd’hui, nous avons enfin l’occasion de rassembler nos forces et de donner à nos danses la place qu’elles méritent», a-t-il poursuivi. Selon lui, cette initiative ouvre une nouvelle phase dans la structuration du secteur. «Nous devons protéger nos traditions, mais aussi les adapter intelligemment aux réalités d’aujourd’hui. La création d’une fédération permettra de mieux organiser les événements, de rechercher des partenariats et de représenter Ngazidja avec plus de crédibilité, tant au niveau national qu’international», a-t-il estimé.


Il a également insisté sur l’importance d’impliquer les jeunes. «Si nous ne soutenons pas les nouveaux danseurs et si nous ne créons pas un environnement propice, nous perdrons peu à peu nos savoir-faire. La fédération devra jouer un rôle clé dans la formation et la transmission», a-t-il conclu. Les autres participants ont accueilli favorablement l’idée de créer une fédération régionale à Ngazidja, avec la perspective, à moyen terme, d’étendre l’initiative à Mwali et Ndzuani. Plusieurs intervenants ont souligné l’urgence de structurer un secteur encore dispersé et de renforcer l’encadrement des jeunes danseurs souvent livrés à eux-mêmes.


Pour Elamine Mohamed, représentant la commission organisatrice de l’événement au Foyer de Nyumadzaha, la création de cette fédération constitue un tournant majeur, car elle «permettra d’organiser nos activités culturelles de manière professionnelle et de protéger les danses de toute forme de dénaturation». Il a rappelé également que la question de la transmission du savoir a été au cœur des échanges, que «la danse traditionnelle n’est pas seulement un spectacle, c’est une mémoire vivante» et que «si nous ne mettons pas en place une organisation solide, beaucoup de savoir-faire risque de disparaître».


En fin de rencontre, les associations présentes ont convenu de poursuivre les consultations dans les semaines à venir afin de formaliser une proposition commune. Ainsi, une commission de suivi a été mise en place afin de centraliser les contributions, coordonner les travaux et établir un calendrier précis. Pour de nombreux acteurs, cette initiative marque une étape essentielle dans la reconnaissance et la valorisation des danses traditionnelles comoriennes. Une ambition résumée par Houssam Ali Djae, qui voit dans cette démarche un chantier culturel d’envergure : «aujourd’hui, nous posons une pierre. Demain, c’est tout un édifice culturel que nous voulons bâtir», a-t-il conclu.

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