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DEBAT-Futur gouvernement | Technicien ou politicien : quel profil pour le prochain ministre ?

DEBAT-Futur gouvernement | Technicien ou politicien : quel profil pour le prochain ministre ?

Société | -   Abdallah Mzembaba

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Alors que le président de la République s'apprête à former son nouveau gouvernement, les avis divergent sur le profil idéal des futurs ministres. Entre l'appel à la compétence technique et l'expérience politique, la question de l'équilibre régional suscite également des débats passionnés.

 

A quelques heures, selon certaines sources, de la nomination du prochain gouvernement, le débat sur l’identité des futurs ministres anime l’opinion. En attendant de pouvoir mettre un nom sur la nouvelle équipe, Al-watwan s’est approché de quelques citoyens pour savoir quel est le profil idéal d’un ou d’une ministre. Les avis sont partagés entre ceux qui prônent la nomination de techniciens compétents et ceux qui défendent l'expérience politique.

Fayssoile Moussa, administrateur, met l'accent sur la nécessité de choisir des personnes ayant un sens aigu des responsabilités et une éthique irréprochable. Pour lui, il est primordial que le ministre soit présent sur le terrain afin de comprendre les réalités et proposer des solutions concrètes.

Athoumani Ali Ivessi, enseignant, soutient fermement la nomination de techniciens du domaine. Il argue qu'ils "sont mieux équipés pour identifier les problèmes et trouver des solutions adéquates, contrairement aux politiciens qui peuvent manquer de connaissances techniques".

De son côté, Saïd Youssouf, gérant de la Meck-Ipvembeni, prône l'injection de sang neuf dans le gouvernement. Il appelle à la nomination de jeunes techniciens qui n'ont "pas encore été compromis par le système en place". Selon lui, ces jeunes doivent représenter une nouvelle manière de faire de la politique, basée sur la méritocratie.

Toimimou Ibrahim, citoyen, propose une approche hybride, combinant les compétences techniques et politiques. Il estime qu'un ministre doit être capable de gérer administrativement son ministère tout en impulsant la politique gouvernementale. Toutefois, s'il faut choisir, il préfère un "technicien compétent du domaine" plutôt qu'un "politicien de métier incompétent".

Zain-el Abidine Abdallah, ancien fonctionnaire du Système des Nations unies, exprime un besoin urgent de renouveau. Il plaide pour la mise à l'écart des politiciens traditionnels au profit de leaders compétents et expérimentés dans leurs domaines respectifs. Pour lui, "le futur ministre doit être un acteur du changement, capable de proposer et de mettre en œuvre des réformes concrètes". "En effet, les départements ministériels ne devraient pas être confiés à des novices pour ne pas dire à des personnes sans qualification, ni expérience avérée dans un domaine précis, et ayant fait leurs preuves quelque part ailleurs", assure-t-il, avant d’ajouter : "Le pays a besoin de ministres avec une hauteur d'esprit, susceptibles donc d'accepter qu'un collaborateur techniquement compétent et professionnellement expérimenté, n'est pas là pour lui faire de l'ombre. Tout au contraire, ce type de collaborateur est un maillon essentiel pour sa réussite".

Enfin, Mohamed Mroudjaé, conseiller technique du ministère de la Production, souligne que le patriotisme, l'expérience et l'expertise technique sont des qualités essentielles pour un bon ministre. Selon lui, un ministre doit être prêt à sacrifier ses intérêts personnels pour le bien de la nation.

Le souci d’équilibre des régions et des îles est-il toujours important ?

La question de l'équilibre régional dans la formation du gouvernement divise également les opinions. Fayssoile Moussa affirme que "l'équilibre régional n'a aucune importance et que l'expérience des 49 dernières années, notamment sous Ali Soilihi, a démontré que ce type de régionalisme est inutile". Il insiste sur le fait qu'"un vrai responsable doit se concentrer sur le service aux citoyens sans aucune considération politique ou insulaire".

Athoumani Ali Ivessi considère lui l'équilibre régional comme une hypothèse dangereuse pour le pays. Il estime que la politique doit être fondée sur la compétence plutôt que sur des critères géographiques.

Saïd Youssouf, en revanche, pense qu'il est nécessaire de respecter un certain équilibre entre les îles tout en privilégiant la méritocratie. Cette position est partagée par Zain-el Abidine Abdallah, qui appelle à une répartition équitable des responsabilités étatiques en se basant sur les compétences disponibles dans chaque île, tout en insistant sur l'importance de l'équité entre les genres.

Toimimou Ibrahim et Mohamed Mroudjaé mettent en garde contre les risques de séparatisme et de régionalisme. Ils estiment que la nomination des ministres doit se baser sur leur capacité à résoudre les problèmes nationaux, indépendamment de leur origine géographique. Toutefois, Mohamed Mroudjaé reconnaît que l'équilibre régional peut avoir sa place, même si cela reste un concept fictif, pour assurer une stabilité politique.

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