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Denrées alimentaires I À quand une solution locale réelle face à cette importation massive ?

Denrées alimentaires I À quand une solution locale réelle face à cette importation massive ?

Société | -   Abdallah Mzembaba

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Si la pénurie de riz n’est pas encore finie, elle n’est plus à son paroxysme. Durant quelques semaines en effet, le pays en général et l’île de Ndzuani en particulier a traversé une crise inédite pendant laquelle la population a assisté à des scènes sans précédent. Les citoyens faisaient de longues queues pour espérer avoir un sac de riz ordinaire. Comment en est-on arrivé là et pourquoi la crise n’a pas pu être évitée ? Quelles seraient les pistes à suivre pour ne plus revivre ce chaos ? Quelles sont les limites géographiques du pays ?

 

«Aujourd’hui, si on n’achète pas (le riz, Ndlr) en Tanzanie, pourtant plus proche de nous que le Pakistan, c’est uniquement à cause du tarif. Les Tanzaniens vendent plus cher, mais peut-être qu’à un moment, on sera contraint d’acheter là-bas», propos tenus par le ministre de l’Agriculture et de la Production et porte-parole du gouvernement, Houmed M’saidie, le 30 août dernier lors d’une conférence de presse au cours de laquelle il a évoqué la problématique de la hausse des prix. Selon lui, «les agriculteurs locaux veulent s’enrichir aux dépens de la population. Du côté des pêcheurs, la situation n’est guère meilleure».

Des moyens jugés toujours insuffisants ?

Pour autant, la quantité évoquée ici ne pourrait en aucun moment suffire aux besoins du pays. Le conférencier affirmera cependant que «de nombreuses initiatives ont été engagées par les autorités pour faciliter autant le travail des agriculteurs que celui des pêcheurs. Le chef de l’État a tendance à dire que les produits doivent être disponibles, nous y travaillons, mais les pêcheurs et les agriculteurs doivent aussi accompagner ces initiatives». On y apprendra aussi que «la plus grande partie du budget d’investissement est allouée à l’agriculture».

Une vision couplée de volonté et d’engagements politiques réels

Fouad Mohamed Oussouf, directeur des stratégies agricoles, a, de son côté, énuméré quelques réalisations mises à la disposition des agriculteurs : «construction de citernes et routes (49 km), entrepôt ou encore la location d’engins devant faciliter le travail des agriculteurs en plus d’autres infrastructures». La piste de Nvuni qui mène jusqu’à Karthala en serait une. «Ces routes sont construites en tenant compte du potentiel de la zone. Il y a un problème d’infrastructures productives permettant une production suffisante. Il faut donc faciliter l’accès aux terres agricoles», soutient Fouad Mohamed Oussouf avant d’inviter les jeunes «à s’investir et surtout à candidater dans les différents projets. Il y a par exemple le Concours plan d’affaires. Quatre-vingts jeunes y ont déjà bénéficié. Il y a aussi cent jeunes qui vont bénéficier d’un projet consistant à leur offrir une parcelle de terrain de l’État dans un temps donné».


Alors, si tout est bien en place, pourquoi notre agriculture peine à répondre aux besoins du pays ? Pour Ali Haribou, ingénieur agronome à la brillante carrière internationale et qui a notamment servi le pays du temps du président Ali Soilihi et qui a participé à la rédaction du fameux «Plan ya Mayendeleyo», il faut d’abord de la volonté pour faire bouger les lignes. «Tant qu’un pays n’a pas de vision, de volonté politique couplée d’engagements politiques réels, de détermination couplée de fierté…qu’il ne se prendra pas en charge, il ne se passera rien… Oui !!! Il faut savoir se prendre en charge notamment quand on a tout pour réussir».


Le directeur des stratégies agricoles lui, nous citera plusieurs problèmes dont «le temps de conservation des produits qui est trop court et qui a un impact direct sur la cherté des produits locaux». Qu’en est-il du riz ? Pour le ministre de l’Agriculture, la culture du riz «a de sérieux impacts sur l’environnement, d’où notre désintérêt. La pomme de terre, le maïs et la patate douce sont des alternatives sérieuses». Une théorie que réfute Ali Haribou, «oui, c’est possible de produire du riz aux Comores... ceux qui bloquent pour des intérêts personnels vont écouter et trouver échos auprès des complices qui racontent que la riziculture risque d’augmenter le Co2, etc. Etc. oubliant qu’il existe plusieurs types de cultures de riz comme celui pluvial testé déjà dans l’archipel aux conditions agronomiques, pédologiques et environnementales... réunies (voir nos cartes de vocations des sols, etc.)».

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