La décision de la mairie de Moroni de désengorger les marchés n’a pas empêché la capitale de renouer avec l’ambiance d’avant fête de l’Aïd El Fitr. Il y a dix jours, l’atmosphère n’était pas au rendez-vous. Contrairement aux autres années, les gens ne se bousculaient pas trop dans la capitale. La foule n’était pas si importante comme à l’accoutumée. Le volume des marchandises et la quantité des produits et articles aussi. Des vendeurs ambulants de Moroni ont été accueillis au Coco-Palms Market à Ikoni. Et encore moins les propriétaires des boutiques partout à Moroni. Mais, ces derniers jours, les choses semblent se passer autrement. Le décor et l’ambiance semblent rappeler les moments festifs de fin de Ramadhwani dans la plus grande ville du pays.
Avant la dernière décade, des vendeurs se plaignaient du manque de clients. Certains accusaient de rares vendeurs ambulants ayant pris d’assaut les trottoirs. Rencontrée dans sa boutique vers Magoudjou, Mama Rahim se joint à ceux qui disent que ce sont les vendeurs aux abords des routes qui attirent les clients dans leurs boutiques. «Malheureusement, c’est inédit ce qu’on vit cette année. D’habitude, à peine 15 jours du mois de Ramadhwani, et Moroni se faisait pleine de monde. Les habitants des périphéries, vendeurs et clients commençaient à prendre d’assaut les rues, ruelles et boutiques de la capitale pour leurs emplettes», raconte-t-elle. Toutefois, le visage froissé, Mama Rahim a expliqué : «cette année, on ne voit personne. Personne pour demander les prix de nos produits. Encore moins de les acheter. Le seul responsable de cette situation n’est autre que le maire et sa politique de je ne sais quoi. Nous ne sommes pas fiers de ses décisions. Mais nous ne pouvons rien faire».
Les plaintes sont nombreuses
Maman Rahim n’est pas la seule à se plaindre. Abdou Mohamed, rencontré vers El-Maarouf, est étudiant à l’Université des Comores. Comme chaque année en plein Ramadhwani, il détient un petit commerce à la capitale. Ce jeune d’environ 20 ans observe un nouveau visage de la capitale cette année. Bien qu’il fût sur Moroni hier, les habits qu’il vendait rangés sur ses épaules, et les autres sur son sac à dos vert armé, le jeune étudiant dit : «personne ne m’a arrêté pour me demander ne serait-ce que les prix depuis le matin». «Je ne suis pas le seul à vivre cette situation. Les semaines passées, j’allais vendre au grand marché d’Ikoni. Là-bas plus qu’à Moroni, les clients s’y présentent faiblement. Seulement, tout ce qui est en rapport avec la nourriture s’y vend. C’est pour cela que j’ai décidé de trainer dans les rues de la capitale espérant vendre ne serait-ce qu’une robe pour enfant. Hélas !».Un peu plus loin sur la route menant à Al-watwan, des dames y ont installé des sacs de jute sur lesquels chaussures, foulards, parfums font le plein. Des robes de toutes les couleurs et de tous les styles ont peint ces murs dont la moisissure est de plus en plus luisante.
De ce côté allant vers Volo-volo, la faible fréquentation des clients ne semble pas être la seule préoccupation des vendeurs. Ahamadi Youssouf qui vend des lunettes, des pochettes de Smartphones vers Philips regrettera que la police municipale s’accapare des marchandises de tous ceux qui vendent sur les abords des routes, et que pour les reprendre, ils doivent payer certaines taxes. «J’ignore si ce sont des taxes connues par les autorités ou si c’est une manière de nous arnaquer. Ce qui est mauvais, c’est qu’en ne vendant pas sur les routes depuis déjà vingt-jours, ça nous est compliqué de payer ces taxes-là», a-t-il témoigné soulignant que la situation n’est pas des plus supportable. Il interpellera donc les autorités à revoir la manière de faire du maire de la capitale car elle n’est pas à encourager.