Ce jeudi, la petite salle attenante au service de production des passeports était bondée. Beaucoup sont là pour déposer ou récupérer passeport ou carte d’identité nationale. « Je suis là depuis ce matin, je n’ai aucune information concernant la production des passeports. Moi j’accompagne un neveu qui compte voyager en Arabie Saoudite pour y effectuer le petit pèlerinage. Mais d’autres doivent être évacués à l’étranger. C’est toute la population qui est lésée », se plaint cet administrateur à la retraite.Les agents sur place affirment ne pas avoir d’information sur la reprise de la confection des documents de voyage. D’autres responsables indiquent que leur production a repris dès mercredi. « Le service est actuellement confronté à un problème technique», fait-on savoir.
En tout cas, assure cet interlocuteur qui a requis l’anonymat, les mesures frappant le directeur de la police nationale et le secrétaire général du ministère de l’Intérieur ont été «allégées ». Interrogé, le parquet de la République n’a pas donné suite. Le ministre de l’Intérieur, Fakridine Mahamoud, contacté via la messagerie, a confirmé que les personnes récemment mises en examen « ont repris du service ».Toujours est-il que selon plusieurs sources, le premier flic a, dans une note, attribué l’intérim de la direction de la sureté nationale à celui qui jusqu’ici officiait comme adjoint, M’liva Housseni Fakri. «Depuis qu’il assure l’intérim, M’liva a signé plusieurs dizaines de passeports», indiquent plusieurs sources sur place.
Le directeur général de la police et de la sûreté nationale et le secrétaire général du ministère de l’Intérieur ont été inculpés pour « faux, usage de faux et complicité», le 6 février dernier, selon l’ordonnance de leur placement sous contrôle judiciaire. A ce titre, « ils étaient assignés à domicile, interdits de sortie sans l’autorisation préalable d’un juge, ne pouvaient se rendre sur leur lieu de travail jusqu’à la fin de l’information ». Ils étaient également soumis à une obligation de pointage mardi et jeudi. Dans un communiqué publié le 08 février, le ministre de l’Intérieur informait que «5 personnes dont le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, le directeur général de la police et 3 agents de Semlex sont inculpés et placés sous contrôle judiciaire du chef de faux et usages de faux de documents administratifs relatifs à la confection de passeports de l’Union des Comores». «La survenance de cette situation a provoqué l’arrêt de la production des passeports», était-il précisé.