Le chef de l’Etat a prononcé, vendredi 30 décembre, son traditionnel discours sur l’état de la Nation devant les députés au palais de Hamramba en présence du président de l’Assemblée nationale, du grand mufti, des membres du gouvernement, des gouverneurs des îles, de l’administration, des ambassadeurs et un parterre de notables, de femmes et de jeunes.Tradition oblige, Azali Assoumani a fait le tour des réalisations marquantes de l’année écoulée comme le veut la constitution en pareille solennité et a projeté les ambitions du pays pour les années à venir. 

En père de la Nation

Se disant convaincu que le développement ne peut pas se faire sans la paix sociale et la stabilité politique, le président, en père de la Nation, a rappelé les mesures d’apaisement qu’il a prises et les rencontres qu’il a eues avec des responsables de l’opposition pour asseoir un climat politique devant garantir un scrutin pacifique en 2024 et tenir dans les meilleures des formes les élections législatives et municipales de 2025. «Je continue, comme à l’accoutumée, la politique de la main tendue, notamment envers les responsables de l’opposition», a-t-il souligné, rappelant les réformes engagées du code électoral et les autres textes de lois adoptés visant à dépoussiérer le cadre juridique éléctoral et à assainir les mœurs politico-institutionelles.

L’adoption d’une loi portant statut du chef de l’opposition vient, selon lui, couronner son ambition de démocratiser la vie politique du pays en permettant à ceux qui ne sont pas aux manettes de disposer de moyens juridiques et politiques pour travailler en toute liberté sous l’autorité de la loi. Rappelant sa rencontre avec l’ancien gouverneur de Ngazidja, Mouigni Baraka Said Soilihi, au palais de Beit Salam, Azali Assoumani s’est montré ouvert à tout le monde et compte maintenir des discussions politiques régulières dans l’esprit de la dynamique engagée. «J’entends continuer ce dialogue avec tous les leaders de l’opposition qui le souhaitent», a-t-il promis, se montrant toutefois ferme contre tous ceux qui tenteraient de porter atteinte à la stabilité ou saper les actions de développement socio-économique.

La résilience et les politiques de développement

Assises nationales, nouvelle constitution, dialogue inter-Comoriens, conférence des partenaires au développement, le président de la République a appelé à la mobilisation pour accompagner le pays à poursuivre ses efforts de redressement tant sur la plan politique et institutionnel que sur le plan socio-économique. Azali Assoumani a notamment rendu hommage «nos pères fondateurs, acteurs de l’indépendance de notre pays, qui ont œuvré pour l’unité nationale, combattu l’instabilité et le séparatisme, et, en particulier, ceux qui ont payé de leur vie, pour avoir corps et âmes, défendu la dignité du peuple comorien et la construction d’un pays et d’un véritable État-Nation».

Le locataire de Beit-Salam a appelé les citoyens, toutes tendances confondues, à faire preuve de clairvoyance et de réalisme sur certains grands sujets d’intérêt national, plus particulièrement sur la question de l’île comorienne de Mayotte, défendant encore une fois le choix prôné de privilégier «le dialogue avec notre partenaire la France, afin de permettre aux Comoriens des 4 îles, aux Franco-comoriens et aux générations présentes et futures, de vivre et de s’épanouir, aux Comores ou en France, dans la paix et l’harmonie».

Le chef de l’Etat a reconnu les fragilités du pays sur de nombreux fronts et les difficultés vécues ces dernières années. Mais il a appelé à la persévérance, se disant fier du travail abattu visant à protéger les Comoriens, à limiter sensiblement les effets dévastateurs des crises, à promouvoir la résilience et à poursuivre les politiques de développement du pays. S’agissant justement de ces crises qui tenaillent la population, le président de la République a estimé que, comparée à d’autres pays, l’Union des Comores réussit à s’en sortir «bien que difficilement» mais que «l’Etat continuera à faire de son mieux pour minimiser les effets», appelant les Comoriens à rendre grâce à Allah et à multiplier les invocations «pour épargner le pays d’un mauvais sort».

Le rayonnement des Comores à l’échelle africaine et internationale

Azali Assoumani a brossé un tableau mitigé sur la conduite des politiques publiques et se montre rassuré quant à la capacité de l’Union des Comores à se relever progressivement pour réussir ses objectifs fixés d’un pays émergent à l’horizon 2030 «à condition d’y croire et de s’y mettre à fond». Le président de la République a rappelé la résilience du pays face aux multiples chocs de ces trois dernières années et a souligné les actions engagées pour consolider les acquis démocratiques, poursuivre la politique de développement dans tous les secteurs et faire rayonner les Comores à l’échelle africaine et internationale.

«La diplomatie de notre pays, est entrain de franchir de nouveaux paliers», a-t-il mentionné, soulignant les nombreuses rencontres avec des dirigeants mondiaux qui ont «exprimé leur disponibilité à contribuer au renforcement de nos relations bilatérales, en particulier dans les domaines socio-économique, politique et militaire, renforcer les capacités dans différents domaines, et contribuer à consolider l’état de droit, notamment à travers davantage d’engagements en faveur de la démocratie».

La présidence de l’Union africaine en février 2023

Maîtrise de la Covid-19, Succès des Cœlacanthes dont il a salué «la participation, avec brio, à la Coupe d’Afrique des Nations Can 2021-2022 au Cameroun» tout comme «la participation aux Jeux des Jeunes de l’Océan indien à Ile Maurice en ce mois de décembre 2022», infrastructures socio-économiques, création de petites et moyennes entreprises, développement du numérique, soutien à la jeunesse et au secteur privé, réformes politiques et institutionnelles, Azali Assoumani a appelé les Comoriens à cultiver l’unité, la paix, la stabilité et à regarder l’avenir avec beaucoup plus d’optimisme. «Nous sommes sur la bonne voie», a-t-il souligné. «Nous devons rester unis, solidaires et animés par la volonté de contribuer à l’amélioration des conditions de vie de la population». Tour à tour, le chef de l’Etat a énuméré les actions, secteur par secteur, rappelant la dernière réunion de suivi de la conférence de Paris dont le but était de «reprioriser notre action pour la relance socio-économique du pays et la résilience face aux chocs exogènes».

Le chef de l’Etat a bouclé son discours sur «le succès diplomatique» remporté par les Comores à l’échelle africaine. Saluant «l’élégance et la bienveillance» du Kenya et surtout «la grandeur de la nation kenyane et de la sagesse profonde de ses dirigeants», Azali Assoumani annonce les chances qui sourient au pays de présider aux destinées de l’organisation continentale à partir de février 2023. «Nous avons donc bon espoir de voir notre pays présider l’Union Africaine, dès le prochain Sommet Ordinaire d’Addis-Abeba, Insha-Allah», a-t-il conclu.

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