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Disparition de Ben Abdou Said Soilihi I Une foule immense a rendu un dernier hommage au «doyen» à Moroni

Disparition de Ben Abdou Said Soilihi I Une foule immense a rendu un dernier hommage au «doyen» à Moroni

Société | -   A.S. Kemba

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Autorités, cadres, notables, femmes, journalistes et patrons des medias ont assisté, mercredi 28 juin, aux funérailles de l’ancien directeur opérationnel de la télévision nationale. Ben Abdou Said Soilihi a fait son entrée à la Radio Comores en 1978 et n’a jamais quitté le studio 54 pendant plus de 40 ans. Celui dont les qualités professionnelles font l’unanimité dans la société comorienne intègre ainsi le club très restreint de ces personnes, fidèles à leurs professions jusqu’au dernier souffle. «Un choc pour l’ensemble du corps journalistique », écrit, dans un communiqué, le Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc).

 

«Un homme généreux», «un type bien», «un bosseur», «un géant de la presse », «simple et ouvert d’esprit ». Au milieu de la foule, venue rendre hommage au doyen, chacun avait son histoire propre à raconter sur la personnalité et la vie de cette grande voix de la radio. Le doyen a retrouvé sa dernière demeure au terme de longues heures de funérailles marquées par une grande séance d’hommages à la Place Badjanani, noire de monde en cette matinée du mercredi 28 juin.

Un irrésistible goût à la profession


«C’est une grande personnalité de la presse, il a beaucoup travaillé. Mais pas que. Ben Abdou a joué un rôle social positif à Moroni, il a contribué à l’apaisement de nombreux conflits dans la ville, il était un pacificateur et un tremplin entre les générations. Il avait des facilités de langage avec les jeunes, la gent féminine, les cadres et les notables», a réagi le ministre de l’Intérieur en charge de l’Information, Fakridine Mahamoud.«C’est une grande perte pour le pays, un moment d’intenses douleurs. L’Ortc doit tout à Ben Abdou pour tout ce qu’il a fait pour la maison », a souligné, de son côté, Mohamed Abdou Mhadjou, directeur général de l’Ortc. « J’ai retenu son esprit d’ouverture et sa capacité d’écoute », ajoute Mahamoud Salim Hafi qui a vu le doyen à l’œuvre malgré le poids de l’âge. « C’est le doyen, il s’est beaucoup donné, il a mis tout son talent et toute son énergie au service de ce qui a été toujours sa passion », note Elhad Said Omar, directeur de la publication de La Gazette des Comores. Tous ceux qui ont travaillé avec lui reconnaissent sa constance dans ses principes et son irrésistible goût à sa profession.

«Un génie de la langue comorienne »

«Il était le premier à arriver à la radio, et le dernier à la quitter », rappelle Ahmed Abdallah Mgueni qui a fait ses premiers pas de journaliste aux côtés du doyen. « Il a toujours quelque chose à faire, même le dimanche, il est toujours à la Radio Comores, il aimait bien son boulot », ajoute, l’ancien correspondant de Rfi à Moroni pour qui le défunt n’était pas seulement un homme dévoué à son métier et à ses fonctions mais surtout « un gardien du temple, il avait un sens élevé de la profession ».
Hassane Ahamada, l’autre doyen de la radio, a reconnu l’étendue des connaissances de son collègue qui a excellé dans tous les départements. «Certains l’appelaient doyen, mais nous, à Radio Comores, nous l’appelions Fundi Ben Abdou », a précisé ce grand présentateur des journaux à la retraite. «Il avait une voix unique, un talent exceptionnel et un sens de l’humanité, il était humain », ajoute Dr Ahamada Aly Goda, cadre de santé qui a pris goût à la radio au début des années 1990, après ses études en Ex-Urss,  grâce à Ben Abdou. « Il était un génie de la langue comorienne, ça serait bien de perpétuer son héritage », conseille-t-il.

Un serviteur dévoué de l’audiovisuel public

Le décès de ce père de deux filles a suscité une vague d’émotion dans tout le pays. Autorités, cadres, notables, journalistes et patrons des medias ont assisté, mercredi 28 juin, aux funérailles de l’ancien directeur opérationnel de la télévision nationale. Ben Abdou Said Soilihi a fait son entrée à la Radio Comores en 1978 et n’a jamais quitté le studio 54 pendant plus de 40 ans. Celui dont les qualités professionnelles font l’unanimité dans la société comorienne intègre ainsi le club très restreint de ces personnes, fidèles à leurs professions jusqu’au dernier souffle.

«Une journée triste pour tous ceux qui ont admiré le talent et l’enthousiasme de cet expert de la parole radiodiffusée. Un homme qui avait créé un style et une communication singulière à la radio dont on retrouve encore les traces dans les phrases des hommes de communication orale d’aujourd’hui », écrit sur son mur, l’enseignant Kamalidin Ben Ali qui affirme avoir croisé le doyen dans le sillage du Mouvement de la nouvelle culture (Msomo wa Nyumeni).

«On parlait des danses et des chants traditionnels qui risquent de disparaitre » mais aussi « du danger des nouvelles chorégraphies qui dénaturent les racines de l’art de l’archipel », ajoute cet ancien membre de l’association Aoulad el Komor.«Les Comores perdent un serviteur dévoué qui a consacré sa vie à l’audiovisuel public. (…). Il aimait son métier et aimait notre pays dont il connaissait l’histoire récente au bout des ongles. Nous perdons un maitre de la langue comorienne qu’il maniait avec une aisance exceptionnelle », a dit, pour sa part, le journaliste Ali Moindjié. «Un choc pour l’ensemble du corps journalistique », écrit le Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc), dans un communiqué, ajoutant que « la nation comorienne perd une des voix qu’elle reconnaissait volontiers tant elle a marqué le paysage médiatique national durant plus de 40 ans ».

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