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Disparition de Dramsi : Les Comores pleurent la mort d’un patriote

Disparition de Dramsi : Les Comores pleurent la mort d’un patriote

Société | -   Abdou Moustoifa

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Et puis plus simplement, Roger c’était cette voix et ce rire. Cette énergie aussi. Cette disponibilité à expliquer quand la question lui était posée, surtout concernant la gestion de la crise énergétique qui sévissait alors. Il faisait ses calculs avec beaucoup “de tonnes métriques” et concluait sur un ton sans appel : “Ma-mwe peut être rentable, il suffit d’une bonne gestion”.

 

Depuis l’annonce de sa mort survenue dans la capitale française, Paris, avant-hier mercredi, les réactions fusent un peu partout. Sur les réseaux sociaux surtout, où, l’information a très vite été relayée, accompagnée des messages lui rendant un hommage posthume. Ceux qui le connaissaient moins bien ont pu avoir connaissance de ce qu’il a apporté dans ce pays.

Firozaly Dramsi fondateur de l’hôtel Les arcades sis à Moroni, a rendu son âme ce mercredi 20 décembre à l’âge de 74 ans emporté par une longue maladie. Au lendemain de sa disparition, Al-watwan s’est approché des personnes avec lesquelles il a eu la chance de travailler.

Parmi celles-ci, l’on retrouve, Djaé Saïd Salim, actuel consul honoraire de l’ile Maurice aux Comores. Ce dernier qui a occupé des postes importants sous l’ère du président Ahmed Abdallah, ne sera   pas avare en éloges à l’endroit du regretté. Il le décrira comme “un homme extraordinaire”.


Un homme consensuel

Celui qui dit l’avoir connu au début des années 80 lorsqu’ils travaillaient ensemble pour la mise en place d’une société de vente de matériaux de construction, parle d’un homme intelligent, pleurant la perte d’un “monument”. Regrettant le fait que ce dernier n’ait jamais eu l’occasion d’occuper un poste de haut niveau pour pouvoir mettre à profit son expertise, Djaé Saïd Salim n’oubliera pas un des traits de caractères de son ami : “il était attentif et écoutait toujours les avis des autres”.

Djae Said Salim, nous confiera avoir toujours cherché les conseils auprès du défunt Dramsi... “C’est avec lui et d’autres amis que nous avons créé la chambre de commerce. Grâce à nos efforts, celle-ci est aujourd’hui devenue autonome” a révélé  notre interlocuteur.

Pilier du secteur privé

Ajoutant que les Comores  venaient de perdre un patriote ayant servi son pays,  déterminé à aider en apportant son expertise. “Mon ami fut l’un des meilleurs élèves de sa promotion. Quand il était au collège au Lycée Said Mohamed Cheikh, il a eu une bourse d’étude pour aller poursuivre ses études sur la Grande ile où il a obtenu son baccalauréat.

Il était féru de mathématique mais comme la filière n’existait pas encore là-bas à l’époque, il deviendra ingénieur en Travaux publics “ a-t-il souligné. A son retour poursuivra-t-il, Dramsi était affecté à Mwali en tant que directeur régional des régies.

Au-delà de tous ses secteurs d’intervention, Firozaly Dramsi est toujours considéré comme le promoteur, le fer de lance du développement du secteur privé comorien. Ahmed Koudra, actuellement secrétaire général de la compagnie aérienne Inter iles Air, a vécu à ses côtés dans ce combat.

Celui qui fut directeur exécutif de la Chambre de commerce l’a toujours connu surtout au sein de l’Opaco. “Si on parle aujourd’hui d’Opaco, c’est surtout grâce aux efforts déployés par lui, qui est l’un des membres fondateurs de l’organisation patronale. Il a occupé la présidence pendant plusieurs années.

Il s’est lancé par la suite dans l’hôtellerie sans pour autant refuser d’apporter son aide partout où le besoin se faisait ressentir comme durant la création de l’Agence nationale pour la promotion des investissements (Anpi) ou encore l’association comorienne du tourisme” nous a-t-il relaté au cours de notre entretien.

Dramsi a travaillé avec l’ancien président Ali Soilihi Mtsashiwa qui lui avait confié la responsabilité de la société “Comores denrées”.
Selon Ahmed Koudra il était animé par l’esprit de l’unité et l’amour envers sa patrie, les Comores a toujours pris le dessus. “Avec lui, c’était toujours une porte vers laquelle on pouvait toujours aller frapper” devait-il conclure.

Et puis plus simplement, Roger c’était cette voix et ce rire. Cette énergie aussi. Cette disponibilité à expliquer quand la question lui était posée, surtout concernant la gestion de la crise énergétique qui sévissait alors.

Il faisait ses calculs avec beaucoup “de tonnes métriques” et concluait sur un ton sans appel : “Ma-mwe peut être rentable, il suffit d’une bonne gestion”. En 2011, alors qu’il était à la tête de l’Opaco, il n’avait pas hésité à descendre dans la rue pour contester l’augmentation du prix des produits pétroliers et la cherté des prix des produits de premières nécessités en compagnie de Wanantsi wa Komor ou encore de la Fédération comorienne des consommateurs.

Il fut parmi les membres fondateurs du Front patriotique Soilihiste mais hélas après le début de cette aventure, il tomba malade. Entre deux traitements, il est venu battre campagne pour Azali Assoumani  et a assisté à certains de ses meetings.

Jusqu’au bout, dans son lit d’hôpital, il n’a eu de cesse de prendre des nouvelles du pays, s’inquiétant ou s’extasiant de tel ou tel fait. Les Comores viennent de perdre un de ses enfants les plus intelligents. Que son âme repose en paix.



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