L’ancien vice-président de la République démocratique (1976-1978), ancien député, ministre et conseillers à la Cour constitutionnelle de l’Union des Comores, Mohamed Hassanaly est décédé vendredi 1er janvier et enterré le lendemain à Fomboni, sa ville natale et chef-lieu de Mwali. A cause de l’ampleur qu’a pris la pandémie de Coronavirus ces derniers temps sur l’île, les funérailles de l’homme politique n’ont pas pu drainer une foule immense, notamment des déplacements de plusieurs personnalités pour la circonstance. Sa disparition vient allonger la liste de ceux de sa génération politique – communément appelés «Les Dinosaures» - dont la plupart des plus illustres d’entre eux sont partis en 2020. Il fut un des grands acteurs de la politique comorienne. Ainsi, le pays perd un grand combattant des «démocrates» et Mwali pleure la disparition du politicien le plus emblématique originaire de l’île où il naquit en 1941.

Une montée fulgurante en politique

Le diplômé de l’Ecole de commerce de Tananarive, à Madagascar, entrera en politique sous l’administration française et fonde le parti Ujamaa dans les années 1970. Il sera élu pour la première fois à la Chambre des députés des Comores en 1971. Dans la foulée, sa liste (RDPC section de Mwali) raflera les 3 sièges de l’île à la chambre des députés des Comores en 1972. Le député Mohamed Hassanaly entreprendra depuis une montée fulgurante dans les sphères de la politique comorienne. Prince Saïd Ibrahim, président du conseil de gouvernement, le nomme ministre de la Production et du Développement rural. Le jeune ministre se distinguera par de multiples projets entrepris en faveur du développement urbain, de la protection du littoral et de la pêche.
En 1975, il fut nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, puis ministre de l’Economie. Des responsabilités qui ont révélé l’homme de rigueur et soucieux de résultats dans ses actions. L’avènement de la République démocratique, laïque et sociale des Comores le consacre, en 1976, vice-président de l’Etat avec Ali Soilihi comme président jusqu’au renversement du régime révolutionnaire en 1978.

Défenseurs des libertés démocratiques

Quand le multipartisme saute, comme partout en Afrique, les verrous du parti unique dans le pays en 1990, Mohamed Hassanaly fonda le Front populaire des Comores (Fpc), un parti socio-démocrate qu’il a dirigé et combattu, en partenariat avec les leaders des autres formations de l’opposition, pour les libertés démocratiques toujours menacées par les régimes. Il portera, pour la première fois à une élection présidentielle, l’étiquette du Front populaire des Comores.
Durant une décennie, Mohamed Hassanaly s’était consacrée sans relâche, avec son parti, à la lutte contre la mauvaise gouvernance, l’injustice sous toutes ses formes, la politique partisane, le chauvinisme et le séparatisme. Il fut, à cet effet, le médiateur incontournable du dialogue inter-comorien de la crise séparatiste. Après l’échec de la conférence d’Antananarivo (Madagascar), il a réussi à réunir en un temps record, autour de la table de négociations à Fomboni désignée comme étant «la Suisse des Comores», les protagonistes de la crise séparatiste, déclenchée en 1997. L’initiative a conduit à la signature des Accords de Fomboni en 2001, lesquels ont donné la charpente du Nouvel ensemble comorien constitutionnellement appelé Union des Comores.

Le sage des conseillers constitutionnels

Suite à l’entrée en vigueur de la constitution de décembre 2001 et la mise en place des institutions découlant de la nouvelle loi fondamentale, il est nommé en 2005 conseiller à la Cour constitutionnelle suivant le mécanisme de la représentativité insulaire. Il y demeurera le doyen de l’institution et ses pairs bénéficieront de sa sagesse et de son humanisme reconnu. Il siégea pendant quatre ans à la haute juridiction de l’Etat de l’époque, à Moroni, avant de remettre sa démission en 2009 et prendre sa retraite dans sa ville de Fomboni.
Il est à rappeler qu’en mars 2002, il s’était présenté à la première élection d’un président de l’île autonome de Mwali, conformément à la nouvelle constitution. Sa candidature avait fondé beaucoup d’espoir auprès de toute la population de l’île. Il est même arrivé en tête au premier tour de l’élection avec 26,2% des voix contre 22,2% pour son rival. Mais à la grande surprise de tous, Mohamed Hassanaly sera devancé par son adversaire qui remporte le second tour avec 52,1% des votants.

La dernière bataille électorale du Vieux Lion

En 2010, il a été candidat à l’élection primaire de Mwali pour la présidence tournante de l’Union des Comores. L’enfant chéri de Fomboni s’était confronté à 9 autres barons politiques de son île. Mais le Vieux Lion – comme on le surnommait lors de cette élection – n’a pas pu engranger les suffrages nécessaires.
Très attaché aux valeurs de la République, Hassanaly restait à l’écoute et ouvert à tous les acteurs de la vie politique, sociale, économique et culturelle en vue de rassembler toutes les forces vives autour d’un projet de développement cohérent, porteur d’avenir pour la Nation.
Ayant démarré sa carrière dans le commerce de l’Import-export, notamment des produits de rente, et le transport maritime, l’ainé d’une fratrie de 11 enfants fut un père de 6 enfants et de plusieurs petits-enfants. Il a été élevé, le 6 juillet 2005, au rang de Grand chancelier de l’ordre du Croissant Vert, la plus haute distinction du pays, pour services rendus à la Nation. Paix à son âme !

Rassemblé par Msa