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Disparition de Saïd Hassane Saïd Hachim I Le départ de l’un des rares survivants de la génération autonomie interne

Disparition de Saïd Hassane Saïd Hachim I Le départ de l’un des rares survivants de la génération autonomie interne

Société | -

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Le fils du dernier sultan de Mbadjini et pilier de l’Inya Mdombozi, Said Hassane a eu une carrière politique bien remplie. En un demi-siècle presque, il fut député, secrétaire général de parti, gouverneur, ministre et ambassadeur

 

Saïd Hassane Saïd Hachim, un digne et respectueux fils de la Nation, est mort dans la nuit du 30 novembre à Moroni. L’ancien gouverneur de Ngazidja, ancien ambassadeur et plusieurs fois ministre de la République a été inhumé hier, mardi 1er décembre, en fin de journée à Fumbuni, le chef-lieu du Sud de Ngazidja qu’il a vu naître il y a 88 ans. Avant la levée du corps à Moroni, où il résidait habituellement, une prière mortuaire a été organisée dans la matinée à la grande mosquée de la capitale. Une foule nombreuse a accompagné la dépouille de l’homme politique jusqu’à sa dernière demeure témoignant ainsi la perte immense d’un sage pour le pays.

Le député à l’Assemblée territoriale

Regretté Saïd Hassane Saïd Hachim a servi le pays depuis l’autonomie interne et l’on se permettrait de dire qu’il faisait partie des rares derniers survivants de cette génération. Le fils de Sultan Hachim de Mbadjini a fait son entrée en politique sous l’impulsion du premier président du Conseil de gouvernement des Comores, feu président Saïd Mohamed Cheikh, à son retour de la Grande-Ile où il a passé sa jeunesse. Celui qui deviendra, au crépuscule de sa vie, un diplomate et homme politique aguerri, a tout d’abord siégé à l’Assemblée territoriale de 1962 à 1970.


Puis, il se verra confié la direction du parti légendaire Udzima entre 1972 et 1975 et, à ce titre, il a participé au processus d’accession de l’archipel à l’indépendance, notamment aux négociations des Accords du 15 juin 1973. Le secrétaire général du parti Udzima, comme beaucoup d’autres politiciens contestataires de “la brutalité du régime” instauré par Ali Soilihi suite au coup d’Etat du 3 août 1975, sera accusé de complots et emprisonné durant plusieurs mois.

Le retour en politique

Il reviendra en politique trois ans plus tard, après le renversement du régime révolutionnaire et le retour d’Ahmed Abdallah Abderemane.
Ce dernier, un proche du président Saïd Mohamed Cheikh comme lui, le propose candidat du parti unique de l’époque et sera brillamment élu premier gouverneur de l’île de Ngazidja à l’ère de l’indépendance.

Il posera, à cet effet, les premiers jalons d’un développement de l’île, mais l’autonomie de décisions dévolue aux îles sera vite confisquée par le pouvoir central et le poste de gouverneur fera objet de nomination par le président de la République. Saïd Hassane Saïd Hachim quittera le gouvernorat pour devenir, successivement et dans la foulée, ministre d’Etat à la Présidence chargé des relations avec le Parlement et le Gouvernement et ministre d’Etat à la Production. En 1985, il se brouille avec le président Ahmed Abdallah Abderemane. Les deux hommes politiques se réconcilieront quatre ans plus tard.

Le chef de groupe parlementaire de l’opposition

Sous le président Saïd Mohamed Djohar, après l’assassinat d’Ahmed Abdallah Abderemane en 1989, il s’est vu confier le ministère de l’équipement chargé des Postes et Télécommunications avant d’être nommé ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération en 1991.

Il fera aussi partie de la législature élue en 1994 et présidera le groupe parlementaire de l’opposition née de la rupture du parti Udzima et du président Djohar. Après l’élection du président Mohamed Taki Abdoulkarim, il sera nommé ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République fédérale islamique des Comores en France et restera en poste à Paris de 1996 à 2001. Saïd Hassane Saïd Hachim a eu une carrière politique bien remplie en servant loyalement quatre présidents.

Le défenseur de la pratique de l’Islam sunnite

Celui qui se considérait comme le dépositaire de la pensée de l’écrivain et ethnologue malien Amadou Hampâte Bâ, “En Afrique, quand un vieillard meurt, c’est une bibliothèque qui brûle”, a été un fin tribun de toutes les classes politiques du pays. Ses prises de paroles succulentes comme le miel lui ont valu le sobriquet “Ndjizi”.


Par son immense sagesse, il intervenait dans la recherche de solutions des conflits communautaires et dans les débats politiques nationaux en appelant les uns et les autres à plus de tolérance et à préserver la nation de tout éclatement fatal. S’identifiant de la noble lignée Abubakr bin Salim dans l’archipel, ce pilier de l’Inya Mdombozi a été aussi un homme pieux et fervent défenseur de la pratique de l’Islam sunnite tolérant et respectueux des traditions comoriennes. Saïd Hassane Saïd Hachim incarnait incontestablement l’intégrité, l’élégance et la retenue.


Il fut celui qui dénonçait la corruption sous les termes Utadjiri wa hafula, qui aimait s’acheter les habits de grandes maisons de Paris et véhicules de marque, mais qui préférait vivre décemment. Il fut récipiendaire de nombreuses décorations, dont celle de Grand officier de la légion d’honneur et ami de nombreux amis politiques comoriens et étrangers. Paix à son âme !

Msa

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