Deux ans, jour pour jour depuis le décès d’Ali Abdou. Les médias comoriens, la famille et les amis du premier président du syndicat national des journalistes comoriens (Snjc) ont perdu un proche et depuis, les circonstances ayant entrainé la mort du jeune journaliste ne sont pas connues. Entre une mort naturelle, telle qu’avait conclu dit le procureur de la République de l’époque, Mohamed Abdou et la thèse de l’homicide présumée, par sa famille, sa mère surtout, aucune enquête approfondie n’est venue confirmer ou infirmer la thèse de l’un contre l’autre.
Des difficultés pour déposer une plainte
Deux ans après ce drame, la mère d’Ali Abdou n’accorde aucun crédit aux déclarations du chef du parquet. La quête de rendre justice à Ali Abdou est restée sans succès. Les portes du parquet leurs sont définitivement fermées, la voie d’une plainte avec constitution de partie civile n’a donné aucun effet. La plainte et la démarche engagées par le syndicat et la famille du défunt n’ont rien donné. Bien que l’avocat constitué à l’époque ait rédigé la plainte, elle n’a jamais été déposée. “Le juge a refusé de la prendre”, a confié Antouria Djaé, la mère du défunt. Le juge en question n’est autre que le doyen des juges d’instruction, étant donné qu’il s’agissait d’une plainte avec constitution de partie civile.
A en croire la mère d’Ali Abdou, le doyen des juges d’instruction a voulu “connaitre le pourquoi nous nous sommes adressées auprès de lui au lieu de déposer la plainte au parquet. Nous lui avons montré nos doutes sur l’objectivité du chef du parquet car il entretient de bonnes relations avec l’autre camp que nous soupçonnons être derrière cet acte. Après lui avoir révélé cela, il a refusé de prendre la plainte”. Selon toujours la mère d’Ali Abdou, depuis rien n’a été fait. “Cela ne veut pas dire que la version du parquet nous a convaincue. Nous entendons beaucoup de choses, mais nous ne pouvons rien faire”. Interrogée sur la suite de cette affaire étant donné que le parquetier de l’époque n’est pas en fonction, la mère du jeune journaliste a confié n’avoir pas cherché à le rencontrer. “Pour moi, ils sont tous pareils”.“Auprès du parquet de la République de Moroni, aucun élément pouvant conduire à une ouverture du dossier n’a été adressée”, a déclaré une source qui a requis l’anonymat. Selon toujours cette source, le nouveau chef du lieu n’a pas été approché pour une telle demande.
A son tour, le nouveau secrétaire général du syndicat des journalistes, dit avoir rencontré le procureur de la République qui a remplacé Mohamed Abdou. Sauf que ce dernier a demandé la fourniture d’éléments et pièces pouvant aboutir à l’ouverture du dossier. En dehors des coupures de journaux, la famille et le syndicat ne disposent pas d’autres éléments pouvant pousser le parquet à rouvrir le dossier. Même le certificat de décès établi par le médecin qui a examiné le corps n’a pas été donné à la famille.
Rappelons qu’alors que ses collègues journalistes commençaient à demander l’ouverture d’une enquête, National Magazine a révélé une affaire de conflit d’héritage foncier entre la famille d’Ali Abdou et ses cousins et l’arrivée de deux frères (cousins d’Ali Abdou) depuis la France pour régler le problème.En dehors de ce conflit d’héritage qui pourrait, selon sa famille, “être le mobile probable du crime”, National Magazine a également évoqué beaucoup d’éléments troublant tels “des blessures, du sang, un œil qui sort de son orbite et un conflit d’intérêt du parquet, l’auteur de poursuites”. Le procureur est un ami intime de la famille en conflit avec celle d’Ali Abdou. Ironiquement, ces révélations ont laissé le procureur indifférent. Aucune réaction de sa part. le mystère reste entier.