Après le déchargement et la livraison aux commerçants de la dernière cargaison de riz ordinaire au port de Mutsamudu, qui a commencé le mardi, l’approvisionnement a donné lieu à une véritable pagaille autour des magasins des commerçants. Sitôt sorti des conteneurs, le riz a été transporté par des camions à destination de toutes les régions de l’île de Ndzuani.
Accueilli telle une star, acclamé par une foule nombreuse à son passage, le riz a fait son entrée dans les villes et villages.
Des habitants, en liesse, saluaient les camions, tandis que les klaxons des motards résonnaient pour signaler le retour tant attendu de ce produit de base. «Dieu merci, nous sommes très contents que le riz soit enfin là, nous allons pouvoir manger à notre faim», a confié, hilare, Hadidja Ahamadi, 42 ans, mère au foyer avec quatre enfants, habitante de Domoni.
Si l’arrivée du riz a été célébrée avec enthousiasme, la mise en vente a, quant à elle, suscité l’impatience des foules. Dès la tombée de la nuit, certains commerçants ont accepté de commencer les ventes. À Domoni, par exemple, plusieurs d’entre eux ont entamé la vente dès mardi soir.
Cependant, une rumeur s’est rapidement répandue : les stocks risquaient de s’épuiser dès le lendemain. Craignant de ne plus pouvoir acheter, les habitants se sont, par milliers, rués vers les magasins des commerçants ayant débuté la vente. «Nous avons été contraints d’interrompre les ventes mardi soir, face à l’afflux massif de la population, suite à cette rumeur de pénurie. Nos entrepôts ont été pris d’assaut. Ce mercredi matin, tout se déroule bien et nous continuons de vendre le riz», nous a assuré l’un des commerçants, client de l’Onicor.
Pour autant, le tumulte n’a pas cessé autour des magasins. Dès 6 heures, une longue file d’attente s’était déjà formée, mais au bout de quelques minutes, des acheteurs arrivés en retard ont tenté de passer devant, provoquant désordre et chamailleries. Finalement, vers 10 heures, bien que nombreux soient ceux qui ont pu se procurer un sac de riz, une partie des demandeurs a continué de dénoncer «la partialité de certains vendeurs». «Je suis là depuis 6 heures du matin et j’ai vu des gens arrivés après moi, réussir à acheter sans respecter la file d’attente», s’est écrié Saindou Boinali. Visiblement débordés, les commerçants ont refusé de répondre à nos questions concernant la disponibilité du riz. L’enthousiasme initial, marqué par l’arrivée festive du produit à Domoni, a rapidement laissé place à la frustration, de nombreux acheteurs n’ayant pas pu obtenir le riz tant convoité. Ce phénomène n'est pas, pour l'instant, ressenti à Mutsamudu. Autre chose : le prix du sac de riz vendu à Domoni est de 12 000 francs, alors que le prix officiel reste de 11 500 francs.
