La principale ville du sud de Ngazidja, Fumbuni, est confrontée à une menace environnementale de plus en plus préoccupante : la divagation incontrôlée des moutons et des chèvres. Ce phénomène, qui semble s’intensifier avec le temps, entraîne des conséquences graves pour la biodiversité, l’agriculture, les infrastructures urbaines et la santé publique.

Hassane Soilihi, ancien employé au commissariat de l’Environnement, tire la sonnette d’alarme sur cette situation qu’il qualifie de « véritable menace pour la biodiversité locale ». Selon lui, ces animaux, en se nourrissant de la végétation indigène, compromettent la diversité florale de la région. « Les espèces végétales qui ne peuvent pas coexister avec le pâturage libre sont menacées, ce qui peut mener à une diminution de la faune locale qui dépend de ces plantes pour survivre », explique-t-il.

Soilihi souligne également la disparition quasi-totale de la végétation indigène à Fumbuni, un déséquilibre écologique qui aurait même des répercussions sur la santé des habitants, et provoquerait des troubles oculaires liés à la dégradation de l’environnement. Le problème ne s’arrête pas là.

Gamal Omar, un cultivateur local, dénonce l’impact dévastateur de la divagation des ruminants sur l’agriculture et les espaces urbains. «Ces animaux détruisent les jardins, les parcs et d’autres espaces verts, décourageant ainsi les cultivateurs qui préfèrent abandonner ce travail pour tenter d’autres business», déplore-t-il.

Omar ajoute que le piétinement des sols par ces animaux aggrave l’érosion et contribue à la dégradation des infrastructures urbaines, comme les routes et les trottoirs, ce qui pourrait engendrer des coûts importants pour la municipalité d’Itsahidi en termes de réparations et d’entretien. Outre les impacts environnementaux et économiques, la divagation des ruminants pose également des risques sanitaires.

Le docteur Bacari M’madi Bereha met en garde contre les maladies zoonotiques que ces animaux peuvent véhiculer et transmettre à l’homme. Par ailleurs, la présence de déchets animaux dans les rues favorise la prolifération de parasites et de nuisibles, et crée un environnement propice à l’apparition de nouvelles infections.
Face à cette situation, la mairie d’Itsahidi semble dépassée.

Malgré une prise de conscience croissante des dangers, les mesures prises pour encadrer et interdire la présence des animaux dans la ville se révèlent insuffisantes. «J’ai ordonné et financé la capture de ces animaux, mais en vain. Il manque une réelle implication de la part de ma communauté pour stopper cette hémorragie», déclare Housnali Attoy, maire de la commune d’Itsahidi.

Selon lui, la résolution de ce problème délicat nécessite une implication plus active de la communauté.
La divagation des ruminants à Fumbuni représente donc un enjeu majeur pour la ville. Mais a-t-on la volonté d’y mettre fin?

                                            Saïd Toihir