Chaque fin d’après-midi, à partir de 17h, le petit quai du port de Moroni se transforme en un lieu vivant où se mêlent cris, rires, discussions et odeurs de poisson grillé. L’endroit devient un véritable carrefour social, où jeunes et vieux partagent des moments de convivialité. D’un côté, le marché s’anime : les revendeurs interpellent les passants, les pêcheurs crient leurs prix «2000 francs le poisson», «Venez acheter, ça sort illico de la mer». De l’autre, les tables improvisées attirent les amateurs de dominos et d’awalé ( mraha). Chaque coin accueille un groupe, et même ceux qui n’ont pas les moyens inventent des jeux avec des pierres, refusant de se priver de l’ambiance. Les cris des joueurs, qui taquinent et interpellent les curieux, attirent sans cesse de nouveaux spectateurs.
À quelques pas, des mamans grillent manioc, maïs et poisson, ajoutant au tableau les odeurs appétissantes. «C’est comme ça tous les jours, du matin au soir», raconte Ibrahim Hassane, habitué des lieux. «Même à minuit, les parties continuent, même si elles sont un peu moins nombreuses», sourit-il. Takridine Bouchraki, pêcheur, confirme : «Le matin, à midi, le soir, les visages changent sans cesse. Tu peux croiser des pêcheurs, des détaillants, des jeunes, des vieux… Tout le monde passe ici.» Certains restent après leur journée de travail, d’autres attendent l’arrivée d’un bateau, quand d’autres encore viennent uniquement pour jouer. Ce rendez-vous quotidien, au-delà du jeu, est devenu une véritable respiration pour les habitants. «Ça aide à passer le temps, à se changer les idées. On se retrouve, on rigole, et ça fait un bien fou», confie un joueur.