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Dr Abdillahi Omar Bouh : «L’Easf privilégie la diplomatie préventive»

Dr Abdillahi Omar Bouh : «L’Easf privilégie la diplomatie préventive»

Société | -

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En marge des travaux ouverts hier à l’hôtel Retaj, comptant pour la 17ème réunion extraordinaire de la Force en attente de l’Afrique de l’Est (Easf), le directeur général sortant de l’institution, le Djiboutien, docteur Abdillahi Omar Bouh, nous a accordés une interview dans laquelle il explique l’objet de la réunion de Moroni et profite pour défendre son bilan de trois ans à la tête de l’organisation régionale.

 

Quel est l’objectif de cette réunion de Moroni ?

Tout d’abord, je dois saluer l’accueil chaleureux qui nous a été réservé par nos frères comoriens. C’est la cinquième fois que je viens ici. Et, j’ai été toujours satisfait. Je suis heureux de me retrouver à nouveau chez moi. Nous remercions le gouvernement des Comores et le peuple comorien pour cette hospitalité. Je remercie aussi Al-watwan, le premier journal national des Comores pour m’avoir accordé cette opportunité de pouvoir m’exprimer…C’est une réunion importante. Et là je dois remercier le directeur de cabinet du président en charge de la Défense, mon frère Youssoufa Mohamed Ali qui assure la présidence de l’Easf. L’objectif de la réunion est de faire des interviews pour designer des nouveaux responsables de notre organisation. Il y a cinq postes clés dont celui de directeur général que j’assure aujourd’hui. D’ailleurs, avant moi, c’est l’Union des Comores qui assurait ce poste, et c’était mon ami l’ambassadeur Ismail Chanfi. Vous savez, les postes tournent suivant l’ordre alphabétique. Après les Comores, il y a eu la République de Djibouti et aujourd’hui le poste de directeur doit revenir à l’Ethiopie.

Et les autres postes ?

Il y a quatre autres postes : le commandant en chef, le chef des opérations, le chef de la logistique et le chef du centre de formation qui, d’ailleurs, est occupé actuellement par les Comores en la personne du Colonel Chaharane Mogne et qui doit revenir à la République de Burundi. Il y a d’autres postes déjà attribués, il y a six mois aux pays membres comme les Comores avec le Colonel Rafick Abdallah.

Comment s’opère le choix des prétendants ?

Chaque pays promu présente trois candidats pour le poste à pourvoir. Les pays se retrouvent comme c’est le cas actuellement à Moroni pour poser des questions aux candidats et pour chaque poste. Le profil est très important. L’institution que je dirige appartient aux pays. Le secrétariat général est là pour coordonner les actions de l’organisation et informer le président, c’est-à-dire les Comores. Il est important de savoir à qui on confie des responsabilités. Il était important d’organiser cette réunion à Moroni. Il s’agit, pour nous, d’un signal fort pour montrer le rôle important que jouent les Comores dans la paix dans notre région.

Pouvons-nous dire que tout est prêt, les pays ont-ils soumis leurs candidatures… ?

Tout est prêt pour les interviews. Nous avons reçu tous les noms des candidats pour chaque poste. Comme je vous ai dit, il y a, en tout, cinq postes. Les interviews vont se faire sans aucun problème.

Comment se déroulent les interviews et la procédure qui aboutit au choix du meilleur candidat ?

Nous interviewons tous les candidats. Il y a dix questions à raison d’une question pour chaque pays. Et une fois les interviews terminées, les décisions se prennent de façon collégiale et transparente. Nous vérifions si le quorum est atteint. Et, à l’heure où je vous parle (hier à 11h, Ndlr), le quorum est atteint car il y a huit pays qui sont déjà à Moroni. Il faut au moins 7 délégués sur 10 pour constituer le quorum. Les huit chefs d’Etat-major sont là. Et il ne se pose aucun obstacle pour démarrer les interviews.


Trois ans après, quel bilan faites-vous à la tête de l’Easf ?

Nous avons fait beaucoup de choses. Mais je crois qu’il ne faut pas se focaliser sur la direction générale car notre organisation, c’est d’abord le leadership qui compte. C’est un travail d’équipe. Mais je peux vous dire que le bilan est positif. D’ailleurs, nous avons été appréciés par l’ensemble des délégués des pays tout récemment en République d’Ouganda. Il y a eu un satisfecit. Les Comores font partie des pays membres bénéficiaires de nos actions de ces trois dernières années. Nous avons déployé de nombreuses missions d’observation des élections depuis le référendum de juillet 2018. Et notre action ici aux Comores a été largement appréciée par l’organisation mère, à savoir l’Union africaine, et les Comores. Nous avons aussi augmenté le Fonds de paix (Peace Fund) qui était de 800 mille dollars et qui est actuellement de 2,4 millions de dollars. Il y a aussi la signature d’un partenariat stratégique avec le Danemark qui nous a permis de mobiliser 1,2 million de dollar pour soutenir les activités des autres composantes (civile et celle de la Police).

Quelle est aujourd’hui la vision de l’Easf dans la région ?

Au départ, l’Easf a été créé pour lutter et faire face aux génocides dans la région. Mais nous sommes en train de nous adapter en fonction des nouveaux enjeux sécuritaires dans la zone. L’Easf privilégie la diplomatie préventive, c’est-à-dire que nous devons agir bien avant pour prévenir les conflits. Mais il y a des nouvelles menaces comme le terrorisme, la piraterie maritime, il faut que l’Easf s’adapte face aux nouvelles menaces à travers ce que nous avons comme acronyme Vuca (Volatile, incertain, complexe, ambiguë) qui veut dire que nous devons agir pour tout ce qui bouge. C’est d’ailleurs l’une des réformes majeures approuvées par les pays membres et nos partenaires.

Vous voulez dire que l’Easf est en train de changer de vision ?


L’Easf a été une institution militaire (l’Easbrig, Ndlr). Nous sommes passés d’une institution militaire à une force multidimensionnelle avec trois composantes, militaire, policière et civile. Le premier directeur civil est mon ami ambassadeur Chanfi des Comores. La mission de l’Easf est de préserver la paix et la sécurité dans la région par la prévention et l’intervention. Nous utilisons tous les moyens. Nous faisons de la prévention. Toutefois, notre philosophie ne change pas.

Propos recueillis par A.S.Kemba

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