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Drame de Nice I A Bandar-salama, les habitants peinent à y croire

Drame de Nice I A Bandar-salama, les habitants peinent à y croire

Société | -   Nourina Abdoul-Djabar

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Le drame de Nice a suscité un choc indescriptible. Tout le monde reste effondré. Les proches des défunts vivent une douleur ineffable. Notre journaliste Nourina Abdoul-Djabar s’est rendue dans la maison familiale à Bandar-Salam. Reportage.

 

Dans la ville aéroportuaire de Bandar-salama, le calme règne. Un silence pesant que seuls les échos des prières rompent. Les visages fermés, les hommes en bonnets et kandzu, et les femmes couvertes de leurs hijabs baissent la tête. La douleur se lit sur leurs visages.


Nous sommes ici pour rencontrer les familles de Sitty Abdallah Saher et Abou Kassim, le couple originaire de cette ville, dont la vie a été tragiquement interrompue par un incendie (criminel ?) à Nice. Dans la maison familiale, à quelques pas de l’aéroport, les proches affluent pour présenter leurs condoléances.

Attente insoutenable

Touma Abdallah, la grande sœur de Sitty Abdallah, nous accueille les yeux remplis de larmes et l’esprit ailleurs. «C’est horrible ce qui est arrivé à ma sœur. Le pire, c’est d’apprendre qu’il s’agit d’un incendie criminel», confie-t-elle, presqu’en sanglots. «Elle avait sept enfants, avec son mari, cela faisait neuf, plus un jeune garçon de la famille. Nous ignorons encore qui a survécu. Nous n’avons aucune nouvelle, nous apprenons les choses sur internet comme tout le monde. Les proches que nous connaissons sont en route pour s’y rendre», poursuit-elle, avec peine. Sitty Abdallah avait quatre enfants avant de rencontrer Abou Kassim, avec qui elle en a eu trois autres. Ils vivaient donc avec leurs sept enfants et un jeune homme de 19 ans.


Vers 15 heures, la famille est toujours sans nouvelles. Ils sont plongés dans la peur et l’incertitude, car ils ignorent ce que les prochaines annonces leur réservent. «Nous avons peur. Devons-nous croire ce que nous entendons et voyons sur internet ?», s’interroge une jeune maman. Dans le village, chacun raconte sa version des faits tandis que d’autres tentent de comprendre la situation. Malgré la foule silencieuse, on est en plein Mashuhuli et aucun son ne se fait entendre. Faizdine Ahmed Alias Bangui, neveu d’Abou Kassim, nous confie que des cris et des pleurs résonnent dans l’air : certains n’arrivent toujours pas à y croire.


Sur la place publique de la ville, à dix pas de l’aéroport de l’île, nous rencontrons Faizdine. Assis, pensif, vêtu d’une chemise, les yeux rivés sur son téléphone, il scrute les infos pour ne manquer aucun détail sur le drame. «Je viens de perdre un frère. Abou n’était pas seulement un oncle, mais un frère. Nous nous aimions vraiment. Je n’arrive pas à y croire. Ils étaient braves, gentils et attentionnés», se remémore le jeune homme.

Une famille généreuse

Il est vrai que les Kassim ont beaucoup contribué à la communauté. Près de la mosquée de Bandar-salama, on aperçoit la madrasa qu’ils ont construite. «Ils ont initié ce projet avant d’être accompagnés par les habitants de la ville», précise Faizdine. «C’est beau de savoir qu’ils ont laissé un grand héritage. Ils ont également contribué à de nombreuses actions ici. Abou était connu partout pour représenter notre ville. Nous avons perdu, Bandar-salama a énormément perdu», larmoie notre interlocuteur.


Ce terrible drame n’a pas touché seulement cette ville mais l’ensemble des Comoriens, qui expriment depuis leur douleur sur les réseaux sociaux, ici comme ailleurs, notamment en France où la famille avait élu domicile. «Une famille d’origine comorienne a péri dans les flammes qui ont ravagé un immeuble à Nice. Je connais le père de cette famille. Il s’appelle (ou s’appelait ? Non je n’y crois pas encore) Abou. Ou Abou frère d’Antikati pour les intimes. Originaire de Mohéli, il a grandi à Nioumadzaha Bambao (Ngazidja) avec mes voisins Massoundi et Chamsou Hassani. Il en était donc un. Il a péri avec sa femme et leurs trois enfants. Quelle tristesse ! Quelle tristesse ! Mswiba mdziro halisi [un immense deuil]», a par exemple posté sur Facebook Toufé Maecha, journaliste de la place.

 

 

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