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Droits de douane américains I L’exemption de la vanille malgache nourrit des risques contre la filière comorienne

Droits de douane américains I L’exemption de la vanille malgache nourrit des risques contre la filière comorienne

Société | -   Faïza Soulé Youssouf

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Depuis une dizaine de jours, la vanille de la Grande Ile est exonérée de droits douanes sur le marché américain. Une nouvelle fâcheuse pour la vanille comorienne en situation pour le moins délicate depuis quelques années.

 

La vanille de Madagascar est exemptée de droits de douane aux États-Unis d’Amérique. La mesure qui a pris effet le 17 novembre comprend également les épices, les huiles essentielles et le cacao. La fameuse gousse noire, autrefois produit phare des Comores traverse depuis quelques années une mauvaise passe. En effet, les producteurs comoriens accumulent les méventes. Le décret du président américain, Donald Trump en faveur de la concurrence malgache n’est pas à proprement parler une bonne nouvelle pour les acteurs de la filière comorienne.


Al-watwan a contacté sans succès par voie téléphonique et via la messagerie Whatsapp, le ministre de l’Economie, Moustoifa Hassani Abdou, et le directeur général de l’Office comorien des produits de rente, Anlim Anlyane. «Les Malgaches ont une diplomatie très active et très offensive pour la protection de leurs entreprises c’est loin d’être le cas chez nous », a réagi pour sa part Sitti Djaouharia Chihabiddine, importante exportatrice de la fameuse gousse noire et patronne de la société Vaniacom Et d’alerter : «si les choses restent en l’état, le peu de vanille qu’on écoulait sur le marché américain va s’effondrer. Il convient de préciser que nous ne sommes pas compétitifs à la base, ce n’est pas en plombant le coût avec des taxes à l’import que nous allons être plus attractifs. D’ailleurs, en plus de cela, nous avons une taxe comorienne à l’export. Ce qui en soi est un non-sens ».


Un autre exportateur abonde dans le même sens que notre interlocutrice. Amine Kalfane, puisqu’il s’agit de lui, est à la tête de société AGK. Depuis quelques années, il partage entre les Comores et Madagascar. «Les Malgaches ont pesé de tout leur poids pour la suppression de cette taxe » a-t-il dit. Cette exonération est sans conteste une victoire diplomatique pour nos voisins de la Grande Ile. Il faut sans doute rappeler qu’en avril, l’administration Trump avait annoncé une taxe de 47% sur de nombreux produits malgaches exportés aux Etats-Unis. En août, cette hausse avait été ramenée à 15%. Et depuis le 17 novembre, comme annoncée plus haut, la vanille malgache est exemptée des droits de douane, ainsi que quelques autres produits.


«Dès le mois de mai, les autorités malgaches ont mis en place une équipe provenant de cadres du ministère de la production, celui du commerce, des finances à Washington pour négocier avec les autorités américaines. Des négociations qui ont fini par aboutir à des concessions chez les deux parties», a indiqué le patron d’Agk. Celui-ci a, par ailleurs, rappelé que «quasiment toute la population américaine consommait de la vanille, notamment celle de Madagascar. Les consommateurs ont dû également faire pression parce qu’au final, ce sont eux qui allaient supporter cette taxe». A contrario, les Comoriens doivent payer une taxe de 10% aux Etats-Unis. «Si rien n’est fait, d’ici 3 à 5 ans, la vanille comorienne n’existera plus», a averti l’homme d’affaires. Les chiffres auraient tendance à lui donner raison. Selon un rapport de la chambre de commerce consulté par Al-watwan, la petite gousse noire avait généré en 2018, près de 4,5 milliards de francs comoriens, soit 9 millions d’euros. En 2024, elle n’a guère rapporté que 600 mille euros, soit 296 millions de francs.

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