Qu’est ce qui a été fait en 2023 en faveur de la promotion du genre ?
En faveur du genre il y a eu des progrès et des régressions. Pour commencer par ces dernières, auparavant, un ministère de la Condition de la femme existait, mais il n’est plus en activité aujourd’hui. Il n’existe même pas de direction spécifique pour les droits des femmes, ce qui serait pourtant préférable à l’actuelle dispersion des responsabilités au sein du commissariat au genre. Néanmoins, des avancées sont à noter, notamment la présence de représentantes au sein du gouvernement. Cependant, cela ne suffit pas à répondre aux attentes actuelles.
À l’Assemblée, seulement quatre femmes occupent des postes, parmi lesquelles une vice-présidente, une questeure, et deux secrétaires de bureau. Cette sous-représentation est regrettable, d’autant plus que sur le plan législatif, il est affirmé qu’il n’y a pas de discrimination, surtout avec la ratification par l’État comorien de la Convention contre toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. Il est désormais de notre responsabilité de défendre cette cause. Actuellement, la scolarisation des filles ne pose plus de problème, cependant, il est crucial pour les organisations de s’engager pleinement pour expliquer le code de la famille aux filles.
Est-ce qu’il y a des métiers que les femmes comoriennes n’exercent pas ?
Ce sont surtout les métiers de l’aviation : les femmes ne sont pas représentées dans ce secteur. Les autres ne font pas de miracles. Ab aviation et Shemir ont loué des avions pour les exploiter. Est-ce que les femmes ne sont pas suffisamment riches ou crédibles au niveau des banques ? Dans le secteur maritime, il fut un temps, Soilha avait un bateau mais ça n’a pas marché. Le monde de l’aviation est plein de crocodiles et de voraces. C’est compliqué et sur le plan national, il n’y a que des anjouanais car ils savent très bien s’y faire dans le climat des affaires.
Aucune législation ne nous empêche d’aller vers ces métiers. Malheureusement, actuellement, il n’y a même pas d’hôtesse dans les avions locales, n’en parlons pas une femme mécanicienne d’avion ou pilote. Par ailleurs, je trouve que les responsables du genre ne font pas leurs boulots. Elles ne sont pas militantes. Ce sont des fonctionnaires. Et l’Etat a tout un intérêt à subventionner les organisations des femmes et doit travailler en complémentarités. On ne les voit que chaque 8mars ou événement pareil.
La loi Hadjira n’est toujours pas promulguée. Est-ce que cela contribue-t-il au manque de représentation des femmes sur la scène politique nationale ?
Ce manque s’explique par le fait qu’au niveau des partis politiques, les mentalités demeurent encore les mêmes aujourd’hui. Les femmes ne font que de la figuration. Elles sont là pour applaudir et faire les éloges des candidats. Pour améliorer ces conditions-là, par exemple il faudrait qu’il ait une décision qui oblige que pour s’inscrire aux élections, il doit y avoir une présence féminine au niveau de la direction du parti. Sinon, la constitution est très faible. Il faudrait un jour que nous les femmes, proposions des lois allant dans l’ordre des enjeux et défis de la condition féminine tenant compte des réalités actuelles. Il n’y a pas une loi sur le féminicide, encore moins des statistiques par sexes par rapport aux violences.
Pour ce qui est de la loi, qu’elle soit promulguée ou pas, cela ne constitue pas un frein une fois que l’assemblée l’a votée.
La constitution dit qu’une fois que la loi est votée, elle doit être mise en vigueur. La promulgation n’est qu’un détail. Ce qui est un problème c’est le taux de représentation. Nous maintenant, on veut que le taux augmente mais il faudra qu’il y ait adhésion de celui qui est au pouvoir aujourd’hui et après, présenter la loi à l’assemblée pour amender et passer de 30% à 45 ou 50% de la représentation féminine. On a l’idée d’organiser un forum international sur les enjeux et défis de la condition de la femme aux Comores en définissant les perspectives et autres. Aujourd’hui on a des femmes danseuses, cinéastes, etc. Cela montre vraiment que la femme comorienne a su se défaire des chaines qui la liaient aux us et coutumes. Et c’est à saluer.