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Dynapharm sommée de plier bagages

Dynapharm sommée de plier bagages

Société | -   Abouhariat Said Abdallah

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La fermeture de Dynapharm avait opposé, il y a quelques temps, le ministère de la Santé et le commissariat à la Santé de Ngazidja. Aujourd’hui encore, le risque d’une récidive n’est pas à écarter puisque le ministère de la santé à lancer un préavis à Dynapharm lui demandant de fermer ses portes. Néanmoins, une première tentative survenue au début de l’année 2016 a échoué à cause du commissariat à la Santé. Pourtant, dans les textes, seul le ministère de la Santé est habilité à donner l’agrément pour toute ouverture de pharmacie. A l’époque, Dynapharm était accusée d’avoir ouvert ses portes sans autorisations. Aujourd’hui, “selon le code de la santé, tout produit cosmétique et diététique en Union des Comores est considéré comme médicament. Les produits vendus par Dynapharm sont des produits nutritionnels et diététiques. Seul un nutritionniste est autorisé à procéder à la vente des produits nutritionnels”, a indiqué l’inspecteur des services de santé, Farid Dhoihari.

 

La “pharmacie” Dynapharm qui a été fermée par le ministère de la Santé début 2016 et qui s’est vue octroyée une autorisation par le commissariat à la Santé de Ngazidja pour ouvrir de nouveau, est sommée de fermer ses portes par le ministère de la Santé, a-t-on appris de source du ministère.

En effet, le ministère de tutelle accusait au paravent la société Dynapharm d’avoir ouvert ses portes sans son autorisation alors que seul lui est habilité à délivrer le fameux sésame. 

 


Lire aussi : "Pharmacie" Dynapharm : Conflit de compétence entre île et Union


 

Si on revient sur les archives on remarquera que le ministère de la Santé n’est pas à sa première fermeture de pharmacie.
Après la fermeture de la Pharmacie internationale qui avait élu son siège à Moroni-Coulée pour faux et usage de faux, (Voir notre édition N°3231 du jeudi 3 août 2017), le tour revient à Dynapharm à qui le ministère a envoyé un préavis lui  intimant de plier bagages.

 

Selon le code de la santé, tout produit cosmétique et diététique en Union des Comores est considéré comme médicament. Les produits vendus par Dynapharm sont des produits nutritionnels et diététiques. Seul un nutritionniste est autorisé à procéder à la vente des produits nutritionnels, a indiqué l’inspecteur des services de santé, Farid Dhoihari.


Ces dernières années, des pharmacies poussent dans la capitale comme des champignons. Certaines sont pointées du doigt pour avoir ouvert sans autorisation, pendant que d’autres sont accusées de ne pas répondre aux normes fixées par l’Ordre des pharmaciens. En effet, certaines pharmacies et officines ne respectent aucunement les normes de conditionnement ou de stockage des médicaments, d’autres ne disposent pas de médicaments de première nécessité.


Distance de 500 mètres

Par ailleurs, une autre question se pose à propos de la distance à respecter entre les pharmacies. Pour rappel, le Comité des pharmaciens avait tenu une réunion le 7 janvier 2016 à El-Maarouf.

Dans cette rencontre, plusieurs mesures ont été prises par le Comité des pharmaciens, notamment, la détermination du temps que doit mettre une pharmacie pour s’installer à côté d’un homologue. Cela est fixé à trois ans. En ce qui concerne la distance à respecter entre les officines, elle est fixée à 500 mètres. Toutefois, cette dernière mesure n’est guère respectée.

On peut citer à titre d’exemple la pharmacie de l’ancien ministre Abdoulkarim Mohamed ouvert à quelques mètres de la pharmacie de Hassane Barwane à Mangani. La question a été posée en vain. La dernière en date est la pharmacie de l’Archipel qui vient d’ouvrir ses portes à moins de 500 mètres de la Pharmacie des écoles. Un courrier du responsable de cette dernière est adressé au président de l’Ordre national des pharmaciens, et dont Al-watwan s’est procuré une copie, indiquant que la pharmacie de l’Archipel a ouvert “en contravention totale avec les textes et règlements en vigueur en Union des Comores”.

Dans ce courrier on peut lire qu’”il a été convenu et arrêté dans une réunion […] que la distance minimale à respecter par rapport à une officine existante est de 500m minimum et la pharmacie de l’Archipel s’est installée à 155 m de la Pharmacie des écoles”. On peut lire plus loin dans le même courrier que “le titulaire de la pharmacie de l’Archipel ne dispose d’aucune autorisation d’ouverture valide et qu’il est de ce fait hors la loi”.  “Faux” réplique le propriétaire de la pharmacie de l’Archipel, Dr Nassib Saïd Bakar.


Stage de deux ans

Contacté par Al-watwan ce dernier souligne qu’il a une autorisation  obtenue en 2011 et qu’à son retour au pays, il s’est renseigné auprès d’un chancelier d’Etat et ce dernier lui aurait appris que l’autorisation est valable. Concernant la distance à respecter entre les pharmacies, le propriétaire de la pharmacie de l’Archipel indique

 

qu’il n’y a pas de texte juridique qui parle de cette distance et que cette convention de l’Ordre des pharmaciens devrait être validée par tous les pharmaciens en partenariat avec le ministère.


A ce propos, il indique qu’autour d’El-Maarouf, il y a plusieurs pharmacies et la question n’a jamais été posée. Il cite la pharmacie Sos, la pharmacie de la Corniche, la pharmacie sise à El-Maarouf, la pharmacie des Comores, l’Oco pharma ou encore la Pharmacie Yassine, toutes situées à quelques mètres l’une de l’autre.

Au ministère de la Santé, la réplique ne diffère guère de celle du Dr Nassib, en ce qui concerne la distance à respecter par rapport à une officine existante. Selon l’inspecteur des services de santé, dans le code de la santé, aucun article ne parle de distance.

Farid Dhoihari citera lui aussi, en guise d’illustration, les pharmacies qui se trouvent autour d’El-Maarouf. Pour ce responsable du ministère de la Santé, l’Ordre des pharmaciens et le ministère doivent discuter pour se convenir d’une démarche commune.

 

Nous ne ciblons aucune pharmacie, et si nous devons discuter sur le sujet, la question sera posée à toutes les pharmacies, lesquelles seront interpellées,

 

fait-il savoir avant d’insister que cette convention de l’Ordre des pharmaciens sur la distance à respecter ne leur est pas parvenue, par contre, selon toujours lui, cela n’empêche pas de travailler ensemble et voir comment gérer tout cela.

En ce qui concerne la pharmacie de l’Archipel, l’inspecteur des services de santé a indiqué que celle-ci dispose bel et bien d’une autorisation signée en 2011 par le ministre de l’époque, Dr Sounhadji Athoumani. Sur sa lancée, Farid Dhoihari a déclaré que le ministère peut rappeler ou annuler une autorisation, et que cette dernière a une validité. “Tous les trois ans, on doit renouveler l’autorisation”, précise-t-il.

L’inspecteur des services de santé souligne par contre pour le Dr Nassib, que le problème qui est soulevé est celui du stage de deux ans que doit effectuer toute personne voulant ouvrir une pharmacie comme le stipule l’article 5 du décret relatif à l’Ordre national des pharmaciens.

“C’est cette condition que n’a pas rempli le propriétaire de la pharmacie de l’Archipel”, avance Farid Dhoihari. A ce propos, Dr Nassib Saïd Bakar a montré qu’avant d’ouvrir sa propre boite, il a travaillé pendant plus de dix ans dans des pharmacies en Europe et, lorsqu’il est arrivé au pays, il s’est inscrit à l’Ordre des pharmaciens et a effectué six mois de stage à El-Maarouf.

 

Je suis dans les normes et remplis les règles au niveau de la loi, se défend le pharmacien.


Et Farid Dhoihari d’interpeler certaines personnes qui se permettent d’ouvrir des pharmacies sans l’autorisation de l’autorité nationale habilitée mais de celle des autorités insulaires.

 

 

Dénonçant cette démarche, l’inspecteur des services de santé estime qu’il y a un manque de responsabilité de la part de certaines personnes, surtout au niveau des commissariats des îles qui se permettent d’octroyer des autorisations à des pharmacies, des laboratoires, des cabinets ou cliniques, entre autres, alors que cette prérogative revient, insiste-t-il, au ministre de la Santé.

Selon lui, le ministère a répertorié toutes les pharmacies existantes sur l’ensemble du territoire national. “On connait celles qui sont en conformité avec les règles ou non, cependant, pour pouvoir réagir dans la légalité, il faudrait élaborer les textes d’application du code de la santé et le travail est en cours”, a-t-il déclaré.


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