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Décentralisation : La commune de Pimba dans la tourmente

Décentralisation : La commune de Pimba dans la tourmente

Société | -   Maoulida Mbaé

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Les relations entre les conseillers de la commune de Pimba et leur maire ne sont pas au beau fixe. Les conseillers, qui accusent entre autres leur maire de malversation financière, ont adopté une motion de censure visant à le destituer. Une démarche “illégale” selon le maire, et qui de surcroit ne reflète pas la volonté des habitants de sa commune.

 

Athoumani Ahamada, Fahamoe M’madi et Abdouelaniou Ali, tous trois conseillers de la commune de Pimba, onzième circonscription de l’île de Ngazidja, se sont présentés, mardi 27 mars, à Al-watwan munis d’une motion de censure, adoptée par 19 des 27 conseillers de la commune qui ont siégé à la préfecture du Sud-est de  Fumbuni le 20 mars dernier.

Les conseillers reprochent au maire de leur commune, Abdullah Ahmed, d’avoir dissolu l’organe délibérant prévu par l’article 5 de la loi sur la décentralisation – lequel est composé des conseillers – et de gérer avec ses trois adjoints la commune comme bon leur semble. Une “politique à quatre” que les conseillers, qui se disent “exclus des affaires de (leur) commune”, sont loin de digérer. 

Les conseillers n’ont jamais délibéré depuis l’intronisation du maire en 2015. Le maire n’agit qu’à sa guise. Cela fait plus de deux ans qu’il est là, et rien n’a été fait dans la commune, peste Athoumani Ahamada.

 Ils dénoncent la gestion opaque du compte communal. Il faut, selon eux, un procès verbal pour mandater les personnes habilitées à retirer de l’argent sur le compte, “or le maire désigne les personnes qu’il veut. Aujourd’hui, on ne sait pas qui gère ce compte”. D’autant que le maire aurait ouvert un second compte pour récolter les 500 francs qui reviennent à la commune sur les 1.500 qui entrent dans la délivrance des extraits de naissance.

Joint au téléphone, Abdullah Ahmed a rejeté les accusations portées à son encontre. Il parle d’une campagne menée par des “conseillers isolés” pour ternir son image. 

Des ennemis de la commune. Cette motion de censure n’est pas légale, allègue-t-il.

 Pour la simple raison, selon lui, que le quorum n’a pas été respecté. Seul treize des trente conseillers qui composent la commune auraient pris part à cette réunion, qui plus est, s’est déroulée à Fumbuni, loin de sa circonscription. “La plupart des personnes qui ont voté cette motion de censure ne font même pas partie de la commune de Pimba”, se défend-il.

Une version remise en cause par le préfet du Sud-est Fumbuni, Mzé Said Mhoumadi, qui affirme avoir convoqué lui-même les conseillers et les chefs des villages de la commune de Pimba pour “essayer de trouver un compromis. Mais ils n’ont rien voulu entendre. Dix-neuf conseillers, sur les 27 présents, ont voté pour la destitution du maire”.

Audience le 26 avril

Abdullah Ahmed laisse entendre, au sujet du compte communal, que la commune attribue sa gestion au secrétaire général et au régisseur. "Je n’ai pas accès au compte", fait-il savoir.

Il avance avoir ouvert un audit et que les conseillers, pour l’accabler, ont falsifié les factures. Les trois conseillers cités plus haut reconnaissent l’audit, mais imputent la falsification des factures au maire. L’affaire est entre les mains du parquet, une audience est prévue le 26 avril prochain. Quant au second compte qu’il a ouvert, le maire de Pimba affirme qu’il s’agit d’un “compte de fonctionnement”, et qu’il a été autorisé par le gouvernement, sur proposition de l’association des maires.

“Les 500 issus des frais d’extraits de naissance ne parvenaient pas à la caisse de la commune. Ce n’est que depuis août 2017, avec l’ouverture de ce compte, que nous les récoltons”, justifie-t-il, ajoutant que ces fonds servent  notamment aux imprimés et aux déplacements.


Cette dernière version a été confirmée par le président de l’association des maires, Djoumoi Said Abdallah, selon qui “une réunion a eu lieu avec les trésors des îles et de l’Union. Il a été décidé d’ouvrir un compte à la Snpsf pour récolter le centime additionnel. Maintenant, je ne sais pas ce qu’il en est  de la gestion du compte. Le maire en est l’ordonnateur”.

Notre interlocuteur n’hésite pas à parler de “mascarade”, s’agissant de cette motion de censure. “La procédure n’a pas été respectée”, dit-il. Djoumoi Said Abdallah explique que “le conseil n’a pas été convoqué par le maire, comme cela est prévu, et s’est déroulé en dehors de la mairie. En outre, pour destituer le maire, il faut soit un jugement du parquet, ce qui n’est pas le cas, ou un arrêt de la Cour constitutionnelle, sachant que nous n’avons pas de Cour constitutionnelle”. Ce conseil de Fumbuni n’est donc aux yeux du président de l’association des maires qu’une “simple réunion de plaisance”.

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