Adoptée et promulguée il y a six ans par le président de la République, Azali Assoumani, la loi N°17-011/AU, communément appelée «loi Oumouri» n’est toujours pas mise en application. Il s’agit d’une loi portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non biodégradables. Le moratoire de six mois, pour se conformer à ladite loi après sa promulgation, risque de dépasser les six ans.
Malgré cela, le pays continue de montrer sa volonté de lutter contre la pollution plastique. Le ministre en charge de l’Environnement et le directeur de l’Agence nationale de gestion des déchets ont récemment pris part à une réunion à Paris sur la pollution plastique. Il s’agit d’une rencontre entre des ministres et représentants de la société civile de discuter des solutions et des meilleures pratiques pour mettre fin à la pollution par les plastiques en agissant sur tout son cycle de vie. Un mois après cette rencontre de haut niveau, le seul instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique dans le pays est toujours caduc.
L’une des raisons permanentes avancées par plusieurs autorités pour justifier sa caducité pendant ces six dernières années aux Comores est : « Nous ne pouvons pas interdire des sacs plastiques sans une production suffisante pour les substituer». Pourtant, la production journalière locale actuelle pourrait atteindre les 60 mille sacs.
Le patron de la société privée « Non Woven Comoros LTD.Sarl », Aboubacar Mohamed, a déjà assuré cette capacité de produire de sorte que le pays puisse se passer des sacs non biodégradables.
60 mille sacs bios par jour
«Nous produisons suffisamment, à titre d’exemple notre machine produit 7 200 sacs par heure. Le gouvernement n’a pas encore lancé concrètement et de façon effective l’interdiction de l’importation des sachets plastiques aux Comores », regrette ce diplômé en physique médicale. Cette fois-ci, la capacité de production locale des sacs bio pourrait atteindre les 57 mille sacs durant les huit heures de travail.Bien que d’autres sociétés envisagent également de développer ce secteur, l’Association pour le développement durable des jeunes Leaders (A2djl) a récemment reçu les rouleaux de papier tant attendus.
Les installations ont une capacité moyenne de production quotidienne de 3 000 sacs en papier biodégradables, avec une capacité maximale pouvant atteindre 9 000 sacs par jour. Une source proche du dossier nous a informés que tous les équipements sont déjà sur place, mais la production est en attente de l’arrivée d’un technicien. Cela signifie que Non Woven Comoros LTD.Sarl et A2DJL pourraient ensemble produire plus de 60 000 sacs biodégradables par jour.
La lutte contre les déchets plastiques a été abordée lors d’une conférence de presse en février dernier. À cette occasion, Youssoufa Mze, directeur général de l’Agence nationale de gestion des déchets (Angd), a annoncé le lancement d’une campagne de sensibilisation visant à conscientiser la population sur les dangers des sacs plastiques.Selon lui, cette campagne durera au maximum six mois, conformément à la période moratoire prévue par la loi. Pourtant, lors de ladite conférence de presse, le directeur de l’agence a admis que l’alternative au plastique est déjà disponible dans le pays. Il ne reste plus qu’à attendre et voir.