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Décès de Bernice Heiderman de Peace Corps : Un arbre en mémoire d’une femme de cœur

Décès de Bernice Heiderman de Peace Corps : Un arbre en mémoire d’une femme de cœur

Société | -   Dayar Salim Darkaoui

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La localité de Salimani ya Itsandra est en deuil depuis le mardi 9 janvier. Bernice Heiderman, enseignante américaine de l’Ong Corps de la paix, n’est plus de ce monde. La jeune femme de 24 ans enseignait bénévolement l’anglais au Collège rural de Salimani ya Itsandra. La localité a rendu hommage, mercredi 17 janvier, à “une femme généreuse et fortement impliquée dans la vie de la communauté”.

 

Bernice Heiderman, de l’Ong Comoros Peace Corps (Corps de la paix Comores), est décédée mardi 9 janvier dernier. Elle avait 24 ans. La jeune femme assurait, bénévolement, des cours d’anglais dans cinq classes de sixième au Collège rural de Salimani ya Itsandra.

 

 

Nous avions besoin d’un professeur d’anglais. L’on nous a alors envoyé Bee (son surnom). Elle se chargeait des leçons, des devoirs, de la correction et du remplissage des bulletins, comme tout autre professeur, relate sobrement la directrice de l’établissement, Assiata Mikidadi.


La jeune femme a commencé à enseigner au Collège rural de Salimani ya Itsandra en juin 2016. Elle devait terminer ses deux ans de mission à l’issue de l’année scolaire 2017-2018. Assiata Mikidadi nous a décrit “une professeure rigoureuse et soucieuse du travail bien fait”.

“Nous avons en ce moment des soucis en interne. Les professeurs ne peuvent pas remplir les bulletins. Je sais que si elle avait été là, elle les aurait remplis, parce qu’elle était au-dessus de tout cela”, confie-t-elle. La directrice parle d’”une femme généreuse et fortement impliquée dans la vie de la communauté”.

Bernice Heiderman entretenait un lien particulier avec ses élèves. Elle avait ouvert des groupes d’études pour les élèves passionnés d’anglais. Elle donnait des cours dans les bibliothèques à Salimani, Dzahani et N’vuni. Au terme de l’année scolaire 2016-2017 elle avait même organisé, à ses frais, une virée dans différents sites touristiques, et un barbecue.

“Elle était très sympathique, se mettait rarement en colère. On apprenait de tas de chansons en classe”, raconte Matouloubou Anly, un élève de la 6e III. Badria Youssouf, une élève de la 6e I, se rappelle surtout de ces “éclats de rire en classe” lorsque la professeure, qui avait du mal à prononcer les noms en comoriens, procédait à l’appel.

Qu’importe, la jeune femme ne se décourageait pas. “Woyi tsi ndjema soifi. Hila ! Hila !”, allait-elle se plaindre auprès de la directrice quand un élève perturbait le cours.

“Elle voulait apprendre la langue et s’efforçait d’échanger en comorien avec les professeurs et les habitants de la localité. Je lui parlais en anglais et elle me répondait en comorien”, révèle la directrice.

Un litchi pour la mémoire

Bernice Heiderman ne se séparait jamais de son sourire. Il lui arrivait souvent de marcher de Salimani ya Itsandra aux locaux de l’Ong Corps de la paix à Moroni, avec un sac à dos et un châle autour du cou. “Salama !” ou encore “marahaba mendji !”, répondait-elle aux passants.

La localité de Salimani ya Itsandra lui a rendu hommage, mercredi 17 janvier, en présence de l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’Union des Comores, du directeur de cabinet de la présidence de l’Union, des élus de la région, des parents et des élèves.

Dans la cour du Collège rural de Salimani, un litchier a été planté “en mémoire de notre collègue bien aimé” (écrit sur une plaque). “Nous avons planté un litchier pour deux raisons. La première c’est que Bee envisageait de planter des arbres fruitiers dans la cour de l’école pour servir notamment d’abris aux élèves.

La seconde c’est que, à travers cet arbre, elle puisse rester à jamais gravée dans nos cœurs”, explique Assiata Mikidadi.
Le corps de la défunte a été rapatrié le mardi 16 janvier dernier aux Etats-Unis d’Amérique. Paix à son âme.


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