Hassane Mze ben Youssouf, l’un des doyens des journalistes comoriens, grand commentateur sportif et reporter, est décédé dans la matinée du samedi 23 mars dernier à l’hôpital El-Maarouf. Il a été enterré à Vuvuni ya Bambao, ville de sa femme et de ses enfants. Une foule immense composée de journalistes, d’autorités, de cadres, de jeunes et de notables a été présente à ses obsèques. Le président Azali Assoumani a rendu un grand hommage à celui qui couvrait généralement les conseils des ministres et tous les événements nationaux, et a dirigé lui-même la prière mortuaire.
Les hommages n’ont depuis cessé de pleuvoir sur la disparition de «Fundi» («maître», titre qu’il a affectueusement acquis en tant que commentateur sportif hors pair mais également éducateur), à commencer par ceux du Syndicat national des journalistes comoriens (Snjc). Ses membres ont présenté leurs condoléances à «sa famille, à toute la profession et à tous les auditeurs qui prenaient plaisir à l’écouter».
Le village de Vuvuni a été inondé de monde. Les membres du gouvernement, avec à leur tête le président Azali Assoumani, ont pris part à la prière mortuaire, dirigée par ce dernier. Les journalistes, les autorités, les cadres, les enseignants, les professeurs, les jeunes sportifs et les notables n’ont pas été en reste. Oben Rachid, journaliste radio de la place, a parlé de la disparition de Hassan comme d’ «une grande perte pour la presse comorienne». «Hassane Mze a laissé derrière lui plusieurs élèves journalistes. Il inspirait la nouvelle génération des commentateurs sportifs et a ouvert plusieurs portes pour notre génération», a témoigné cet ancien employé de l’Ortc.
La précarité des journalistes
Depuis quelques mois, l’audiovisuel comorien est comme frappé d’une malédiction, en perdant tour à tour des icônes. D’abord Ben Abdou Saïd Soilih en juin 2023, ensuite Mohamed Ali (Albinos) fin janvier dernier, et aujourd’hui Fundi Hassan. De nombreux journalistes regrettent les conditions précaires dans lesquelles ont fini leurs «mentors» : en effet, si le regretté Ben Abdou est décédé presque subitement, Albinos et Fundi Hassan ont lutté bravement contre la maladie, et pouvaient être secourus ailleurs, dans un pays étranger, où l’avancée de la médecine aurait permis une prise en charge plus efficace.
Une situation qu’a de nouveau dénoncée Oben Rachid, en ces termes : «Il est temps de se réveiller et de comprendre qu’il y a plusieurs manières de servir son pays. Nous ne sommes pas obligés d’adhérer à un parti politique ou de travailler dans l’administration publique pour servir notre pays. Les journalistes travaillent beaucoup. Il est regrettable que les efforts des journalistes ne soient pas reconnus. Nous avons vu Ben Abdou, nous avons vu Albinos et aujourd’hui Hassane Mze. Il n’y a eu aucun geste du gouvernement ou des autorités pour prendre en charge ou évacuer des journalistes malades. Le syndicat doit réfléchir et hausser le ton pour que cela change».
Oben Rachid, comme certains journalistes et citoyens comoriens, jugent absurde que l’on peut se mobiliser pour les enterrements « mais non pour aider ceux qui sont malades ». À titre de rappel, lors du twarab de solidarité pour la mise en place de la mutuelle de santé des journalistes, « plus de 95% » des autorités et des députés n’ont pas répondu à l’invitation du syndicat.