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Décès de Housseine Cheikh Soilih I Le défunt raconté par son frère Saïd Abdallah Cheikh Soilih

Décès de Housseine Cheikh Soilih I Le défunt raconté par son frère Saïd Abdallah Cheikh Soilih

Société | -   Abdallah Mzembaba

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L’ancien ministre des Finances et ex-directeur général de la Société comorienne des hydrocarbures (Sch), Housseine Cheikh Soilih est décédé samedi 17 décembre dernier à Nairobi au Kenya. L’homme, âgé de 73 ans, sera enterré le lendemain à Moroni. Housseine Cheikh Soilih était un des hauts cadres de la Banque centrale des Comores. Al-watwan a donné la parole à son petit frère, Saïd Abdallah Cheikh Soilih, pour nous raconter l’homme et le professionnel qu’il était.

 

Hier, mercredi, nous avons reçu sur invitation Saïd Abdallah Cheikh Soilih, ancien président du conseil d’administration d’Al-watwan et ex-conseiller spécial du chef de l’État chargé des affaires financières, pour revenir sur le parcours de Housseine Cheikh Soilih, son frère aîné de deux ans et demi. «Il est l’ainé d’une fratrie de sept enfants. Si on compte les demi-frères et les demi-sœurs, on était dix-sept en tout. La religion a été au centre de notre éducation et a toujours eu une grande place dans sa vie», fait savoir Saïd Abdallah Cheikh Soilih. «Mon frère a essentiellement passé sa jeunesse à Moroni avant de s’envoler à Madagascar au lycée commercial».


Avant cela, «il a été au centre de la grève de 68 où il a joué un rôle important. Il était très actif, mais pas visible et cela résume parfaitement sa vie. Il n’a jamais voulu être dans la lumière. Housseine Cheikh Soilih ce n’était pas Saïd Abdallah Cheikh Soilih. Moi, j’étais agité. Je criais, j’étais en première ligne, je parlais. Lui, il prenait du recul, calculait et agissait en conséquence. Il me reprochait d’être hâtif, lui prenait son temps pour ne pas commettre d’erreur. C’était notre sujet de discorde».Une fois en France, le défunt a suivi la même logique, notamment au sein de l’Association des stagiaires et étudiants comoriens en France (Asec) et du Front démocratique (Fd). Des engagements et des convictions qui le mèneront en prison deux fois. «Il a fait de la prison pour ses idées. En 68 puis en 85. C’était un dirigeant qui ne se reniait pas. On voyait davantage les Moustoifa et autres dirigeants. Et s’il n’était pas connu du grand public, les militants eux savaient qu’ils pouvaient compter sur lui, ils le voyaient».

La disparition du père au début des années 1990

À la disparition de leur père au début des années 1990, il «est devenu comme un père et je l’ai toujours considéré comme tel d’ailleurs, et ce, sans mettre de côté nos oncles et les autres membres de la famille parce que la famille, c’est sacré». Et d’ailleurs, «il a toujours mis un point d’honneur à aider les autres et sa maison a vu passer de nombreux jeunes qui y ont grandi, obtenu leurs bacs et s’y sont mariés après leurs études. Le mérite ne revient pas qu’à lui. Sa femme, une personne en or, a grandement contribué à cela».


Housseine Cheikh Soilih, père de cinq enfants, a quasiment effectué toute sa carrière à la Banque centrale où il a exercé durant 24 ans avec entre autres le titre de directeur des études. Diplômé notamment du Centre d’études financières, économiques et bancaires de l’Afd à Paris (18e session) et de l’Institut supérieur du commerce extérieur, toujours à Paris, s’est vu décerné, en 2005, le titre de «directeur honoraire», par le conseil d’administration de la Banque centrale, en «reconnaissance des services accomplis dans cette institution».


De novembre 1998 à avril 1999, il sera ministre des Finances, du Budget et de la privatisation au sein du gouvernement de transition. «Un poste qu’il doit à Ali Mdroudjaé puisque Housseine a été une de ses têtes pensantes». En octobre 2011, soit une douzaine d’années après son poste de ministre, il occupera à nouveau un poste étatique sous le gouvernement d’Ikililou Dhoinine cette fois en tant que directeur général de la Société comorienne des hydrocarbures. Il occupera ce poste jusqu’en 2013.
Si ces postes ont honoré la carrière d’un homme soucieux du détail et du travail bien fait, c’est surtout au sein de sa boite qu’il se distinguera dans le pays et aux yeux de la communauté internationale et des différents bailleurs qui feront sans cesse appel à lui et à ses services. Housseine Cheikh Soilih crée en effet, en 2003, après sa retraite, Comores finance consulting (Co.fin.co-Sarl) «un bureau d’études, de consultation et de conseil dans le secteur économique, financier et comptable. C’est une Sarl unipersonnelle, régie par les textes de l’Ohada».

«Sa patience, son intransigeance…»

Avec sa boite, il interviendra notamment «dans la microfinance avec un appui institutionnel, des formations, une élaboration de plans d’affaires».En avril 2017, «le président de la République lui confiera la mission de diriger la délégation technique comorienne aux premières négociations de la Commission-Mixte pour la coopération Comores-Maurice. Cela a abouti à la signature sur place du document cadre de coopération par les ministres des Affaires étrangères des deux pays». Pour son frère, Saïd Abdallah, Housseine «n’a jamais été nommé gouverneur de la Banque centrale, il avait des intérims, sans doute pour ses idées. Un poste pour renier ses idées, ce n’était pas lui, ce n’est pas son leitmotiv. Il n’a jamais été tenté par une élection non plus. Sa patience, son intransigeance et le respect des engagements ont jalonné sa carrière et sa personnalité».

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