Il était l’un des derniers dinosaures de la vie politique comorienne. Peut-être même le dernier d’une génération aux affaires depuis les années 70, qui a façonné une vie politique trépidante mais dont l’héritage n’a toujours pas été questionné. Ce n’est pas ici le moment de mener cet exercice, mais celui de rappeler ce que fut cet homme.
Né en 1947. Ibouroi MBAE a débuté l’école primaire à Mitsudje et passé le collège au Lycée Saïd Mohamed Cheikh où il a obtenu son BEPC et son BE. Comme beaucoup d’enfants comoriens de sa génération, il s’est envolé pour Madagascar où il s’est inscrit à l’Ecole normale pour devenir enseignant.
Rentré au pays, il a pris son premier poste d’instituteur à l’Ecole primaire de Ntsudjini jusqu’en mars 1970 date à laquelle, il a passé avec succès un examen pour un poste à la Trésorerie générale des Comores. Choisissant cette nouvelle carrière professionnelle, il part en France pour une formation de deux ans en gestion administrative et financière. De retour aux Comores, il est nommé Intendant du Lycée de Moroni avant de rejoindre la Trésorerie générale et devenir le premier Fondé de Pouvoirs.
Bien que fonctionnaire, Ibouroi MBAE se lance dans la politique et rejoint le Parti Shuma créé par le Prince Saïd Ali Kemal. Il gravit les échelons aux côtés des illustres dirigeants de ce parti, le prince Nasser Eddine, Abdérémane Sidi, Mohamed Assoumani, Djae Mfoihaya et d’autres en tant que membre du bureau politique.
Sous cette étiquette, il est élu député du Badjini Ouest (Ngongwe), confirmant ainsi son implantation locale. Une position de leader régional qu’il incarne comme défenseur de l’Ouest du Mbadjini, et l’homme des réformes administratives qui vont changer la place de cette région dans la cartographie politique.
En digne représentant à l’Assemblée nationale. Il amorce son désenclavement par la création d’une préfecture propre au Mbadjini-Ouest. Un acte majeur pour la communauté et qui porte la signature de l’homme politique. Mais l’engagement de Ibouroi Mbaé ne s’est pas arrêté au niveau de sa région. Il a été ministre d’Etat chargé des transports et du Tourisme du Président Djohar. Il était deux fois député respectivement sous les régimes des présidents Djohar et Taki.Dans un contexte où la possession d’un fief était l’instrument de mesure du poids politique des partis, Ibouroi MBAE, s’est hissé au cours de sa carrière politique, au rang des barons de cette partie sud de la Grande-Comores. Sa mort ferme la page des dinosaures de la politique comorienne.