logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Décès de Nidhoim Attoumane. L’ancien ministre inhumé vendredi à Moroni

Décès de Nidhoim Attoumane. L’ancien ministre inhumé vendredi à Moroni

Société | -

image article une
L’ancien ministre, conseiller à la Cour suprême, Nidhoim Attoumane, a été inhumé vendredi 29 janvier à Moroni. L’ancien haut magistrat a tiré sa révérence, à l’âge de 74 ans, à l’hôpital de Samba-Nkuni où il y était admis pour des soins après avoir été testé positif à la Covid-19.

 

A l’annonce de son décès, les hommages venaient de partout, à commencer d’abord au sein de sa famille professionnelle immédiate. Juristes, magistrats, avocats et professionnels du droit ont salué la mémoire d’un haut fonctionnaire qui a mis toutes ses compétences au service de l’Etat, l’institution judiciaire en particulier. Le ministère de la Justice, dans un communiqué, parle d’un fonctionnaire serviable doué de «rigueur, de dynamisme et (du) sens du vouloir» et a présenté «ses condoléances les plus attristées…à la nation toute entière». La Cour suprême et le ministère des Affaires étrangères ont fait part de leur vive douleur après l’annonce du décès.
Nidhoim Attoumane a connu une longue et riche carrière au sein de l’administration publique depuis l’autonomie interne jusqu’à sa retraite en 2012. Enseignant pendant plusieurs années sous Said Mohamed Cheikh, directeur de l’Intérieur, deux fois ministres, il fut l’un des architectes des nouvelles institutions comoriennes à mettre en place après l’indépendance.


Né en 1946 à Bimbini, Nidhoim Attoumane se lance d’abord dans l’enseignement après avoir obtenu un brevet élémentaire en 1962. Il entame sa carrière d’enseignant dans sa ville natale, puis à Sima, Mutsamudu, Ongoju et à Ntsudjini. «Si aujourd’hui Bimbini reste parmi les villes où on y trouve des cadres et d’intellectuels, c’est en grande partie bien grâce à lui», confesse un collègue magistrat. Après avoir été directeur général de l’Agriculture et technicien au Plan au début des années 70, Nidhoim Attoumane quittera le pays en 1976 à destination de l’île de La Réunion où il y poursuivra des études à la faculté de droit. Alors tout jeune, son frère, l’ancien ministre de la Santé, Dr Sounhadj Attoumane, se rappelle de son attachement à son pays. «Si je suis ce que je suis, c’est bien grâce à lui, il était mon frère et mon conseiller, il a beaucoup donné à sa communauté de Bimbini et à son cher pays», a-t-il mentionné.


A son retour en 1982, Nidhoim Attoumane intègre le corps des magistrats et participera à l’élaboration de nombreux textes législatifs portant création de nombreuses sociétés d’Etat dont l’Onicor ou la Socovia. Il coordonnera avec ses collègues le lourd chantier de rédaction du premier Code pénal du jeune Etat comorien en 1984. «Je l’ai connu quand il faisait ses premiers pas à la justice où il a beaucoup travaillé», se rappelle l’ancien haut magistrat Salim Abdourazakou, actuel grand chancelier des Ordres nationaux. Nidhoim Attoumane fera alors partie des têtes pensantes du système judiciaire comorien et a gravi tous les échelons devenant successivement, juge, président du tribunal, procureur, conseiller à la Cour d’appel. Il sera nommé Garde des Sceaux, ministre de la Justice, succédant à Maître Harimia Ahmed sous le régime du président Mohamed Taki Abdoulkarim.


Après le décès de ce dernier, Nidhoim Attoumane sera nommé ministre des Affaires étrangères par le président intérimaire Tadjidine Ben Said Massound avant de réintégrer son corps professionnel deux ans après. Procureur de la République, puis procureur général, il mettra son expertise au renforcement de l’inspection judiciaire. Il participera à l’élaboration des textes sur l’organisation judiciaire du pays dont celui portant création de la Cour suprême. Il y fera son entrée en avril 2018 en tant que conseiller. Le magistrat à la retraite avait consacré une bonne partie de son temps avant de mettre son cœur dans le bénévolat, devenant ainsi président de l’Ascobef (Association comorienne pour le bien-être de la famille).
Nidhoim Attoumane laisse derrière lui une veuve et 8 enfants pour trois noces. «Les Comores pleurent l’un de ses illustres fils et homme d’Etat qui a longtemps consacré sa vie au service de la nation», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères .

Par A.S. Kemba

Commentaires