Le pays a rendu hier un dernier adieu au docteur Said Bacar Said Tourqui décédé mercredi 18 janvier à Moroni à l’âge de 90 ans. Les obsèques ont eu lieu dans la capitale où il est né et grandi au début des années 1930. L’annonce de son décès a suscité de nombreuses réactions qui ont retracé brièvement la vie de ce médecin hors norme et son personnage qui a façonné le mental de nombreuses générations de Comoriens.
"Saïd Bacar Tourqui est l'un des premiers médecins ayant le titre université de docteur en médecine et l'un des premiers chirurgiens comoriens", a écrit l’historien Nakidine Matoir dans un bref message de condoléances publié sur son mur personnel. "Docteur Tourqui était un homme ouvert, humble et exigeant. De mes nombreux échanges, je garde en lui cette rigueur morale, son esprit cartésien et sa volonté de moderniser le monde comorien", a-t-il ajouté.
Formé en France à l’université de Marseille, Said Bacar Said Tourqui fait partie de la deuxième génération des médecins comoriens après celle de Said Mohamed Cheikh. Avec son titre de docteur en poche, le jeune médecin intègre le Centre hospitalier national El-Maarouf où il fera partie des premiers chirurgiens du pays. Une zone mythique entière d’El-Maarouf, à l’extrême sud de l’établissement, portait son nom.
Said Bacar Said Tourqui symbolisait même la médecine générale aux Comores. Fervent défenseur de l’unité nationale, membre fondateur du parti Blanc avec le prince Said Ibrahim, Said Bacar Said Tourqui a fait les frais de son engagement patriotique lorsque, selon Nakidine Matoir, il s’opposa à toute tentative de dislocation de l’archipel des Comores après les démarches infructueuses après la marche rose organisée par le président Ali Soilihi, en demandant vaille que vaille le retour de Mayotte dans son ensemble naturel.
"Accusé de tentative de coup d'État, il a été emprisonné sous Ali Soilih. Il a gardé des séquelles à la suite des tortures subies en prison", a-t-il souligné. Le chirurgien repose au cimetière familial Said Tourqui sis à Moroni Irugudjani à côté de la mosquée Gobadjuu. Said Bacar Said Tourqui est le second d'une fratrie de six enfants. Père de trois enfants, il laisse derrière lui de nombreux petits-enfants.
Paix à son âme.
