L’ancien ministre des Affaires étrangères, Salim Hadji Himidi, est décédé le vendredi 27 mars à Marseille à l’âge de 75 ans. Aussitôt annoncé, son décès à provoqué une pluie d’hommages à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. L’homme, en plus de toutes ses œuvres pour son pays, a été une source d’inspiration pour des dizaines de générations de cadres comoriens en raison de sa grande stature intellectuelle. Militant, patriote, passionné des livres et de jogging, Salim Hadji Himidi a pris d’abord son temps à comprendre la géopolitique mondiale, ses torts et ses travers. Il fait partie de cette rare génération qui incarna dignement cette fierté d’être comorien dans les plus hautes instances internationales jusqu’à écrire l’une des plus belles pages de histoire du pays à savoir l’accession des Comores à l’Onu le 12 novembre 1975.
«Salim Hadji Himidi a été, en effet, l’un des concepteurs et rédacteurs de la Résolution 3385 du 12 novembre 1975 de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, consacrant l’admission des Comores aux Nations-Unies, cimentant l’unité et l’intégrité territoriale de notre pays», indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères qui loue les qualités de cet ingénieur agronome né en 1945 à Mbeni et élevé à Zanzibar où il a démarré sa scolarité.
«Le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale vient d’apprendre avec une profonde et immense tristesse la disparition de l’un des grands hommes d’Etat de notre pays, Monsieur Salim Hadji Himidi», indique le même communiqué. «En outre, et au-delà, également, de sa dimension et de sa stature d’un grand homme d’Etat, le regretté Salim Hadji Himidi était d’une érudition qui transcendait notre seul cadre national, par sa culture et ses connaissances quasi encyclopédiques», poursuit le communiqué qui précise que «les Comores et l’Afrique de l’Est, en particulier, la Tanzanie, en deuil, viennent de perdre l’un de leurs dignes fils».
Des cadres comoriens lui ont témoigné de leur reconnaissance infinie. «Une montagne de culture doublée d’une générosité rare. Il doit absolument partager non pas à la manière des pédants qui écrasent par le savoir mais une générosité qui tend la main pour t’élever par les produits de l’esprit. Une qualité héritée de son père dont il parlait souvent tout comme sa sœur qui travaille la terre en Tanzanie», écrit le journaliste Ali Moindjie. «Salim Himidi, au delà de son action publique, était une encyclopédie. Il disposait d’une connaissance fine du monde africain, de la civilisation arabo islamique et une maîtrise parfaite de l’Histoire africaine avec ses contextes culturels et géopolitiques», écrit l’historien Nakidine Matoir.
Membre du Conseil national de la révolution sous Ali Soilihi puis ministre de l’Intérieur, le co-fondateur du parti socialiste des Comores (Pasoco) s’est distingué par son indépendance d’esprit et sa capacité d’écoute et à pardonner. «En juillet 1975, il s’oppose à Ali Soilihi sur l’idée du coup d’État. Il était favorable à la proposition d’Abdallah de formation d’un gouvernement d’union nationale, présidé par Ahmed Abdallah et où Ali Soilihi serait premier Ministre. Ali Soilihi va alors l’écarter des préparatifs du coup du 3 août 1975», lit-on dans une biographie expresse écrite par Said Youssouf Moumini et publiée sur la page de la Radio Télévision Mbeni-Comores (Rtmc).
Architecte du journal Al-watwan
De Zanzibar à Londres, Marseille à Berlin, Salim Hadji Himidi est resté droit dans ses principes et continuait à partager son expérience avec des dizaines de jeunes de la diaspora notamment. Directeur général de l’Information au milieu des années 1980, Salim Hadji Himidi fut l’un des grands architectes du premier journal des Comores, Al-watwan, en juillet 1985. «C’est une perte immense. C’est un homme d’une très grande culture qui a tout donné pour son pays. Il était à l’origine de la création de la maison Al-watwan. Nous présentons nos condoléances à toute sa famille et à ses proches», a réagi hier Maoulida Mbaé, directeur général du journal Al-watwan.
A.S.Kemba