Le grand imam Mouandhu Msaidie a salué, dans un discours émouvant, l’humilité et le respect dont faisait preuve le défunt envers toutes les couches sociales. «Il aimait sa ville natale et, surtout, la jeunesse. Il s’est démarqué par son respect envers chacun, et sa modestie était difficile à décrire, tant elle contrastait avec sa forte personnalité», a-t-il affirmé. Mahamoud Soilihi, ancien ambassadeur, a, lui aussi, en ces termes, rendu hommage à l’homme visionnaire qu’était Salim : «Voir Tourqui développer le football, faire venir des personnalités influentes ou encore organiser le passage de la Coupe du monde dans le pays, ne devait surprendre personne. Il savait créer une dynamique, des plages des villages jusqu’à la fédération.»
Mais au-delà du sport, Tourqui Salim était aussi un homme de paix. Fayssoil Moussa, qui l’a accompagné pendant de nombreuses années, se souvient de sa volonté constante de privilégier la réconciliation. «Il préférait rapprocher les équipes rivales du nord plutôt que d’encourager la concurrence. Cette attitude se retrouvait également dans sa vie familiale et dans sa manière de vivre », rappelle-t-il. Ancien agent de police, Tourqui Salim s’était reconverti avec succès dans l’entrepreneuriat. Il fonda notamment la société Transit Com, puis s’associa à Dhl, devenant dans les années 1980 le transitaire de la Lta (Ligne aérienne transcontinentale), assurant la logistique de l’hôtel Galawa et de nombreux circuits touristiques. «Grâce à ses activités, il a su offrir des emplois à de nombreux jeunes. Aujourd’hui, il nous laisse une résidence touristique et un exemple d’engagement économique local», insiste Fayssoil Moussa.
Maoulida Abdou Moussoinif, autre proche du défunt, insiste également sur sa générosité : «Il soutenait toute personne ayant des difficultés, que ce soit pour démarrer une activité ou trouver un emploi.» Dans le domaine des traditions comoriennes, Salim a aussi été un précurseur. Il milita pour une approche plus libre et accessible du «grand mariage», en créant le «Mdji wa Huriya», une structure permettant à chacun d’organiser cette cérémonie selon ses moyens. «Il voulait libéraliser le système, permettre à chacun de célébrer ce rite sans pression sociale ou financière. C’était une façon de réconcilier les traditions avec la réalité », explique Moussoinif.
Un homme de consensus et de dialogue
Tout au long de la journée du lundi, les hommages se sont multipliés. Le président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, a adressé le message de condoléances suivant à la famille du défunt et à toute la communauté sportive : « Figure respectée du football national, il a consacré une grande partie de sa vie à la promotion et au développement du football comorien, contribuant ainsi à son rayonnement international et à l’émergence de la génération actuelle des Coelacanthes. » La Cosafa (Conseil des associations de football d’Afrique australe) a également exprimé ses condoléances à la Ffc. En son honneur, une minute de silence a été observée avant la rencontre Comores-Zimbabwe dans le cadre des qualifications U17 de la Can 2026. «M. Salim restera à jamais dans les mémoires comme le père de l’affiliation de la Ffc à la Fifa, ayant œuvré sans relâche pour faire entrer la Fédération dans la grande famille du football mondial», mentionne cette dernière.
La Fédération de football des Comores, dans un communiqué solennel, a salué la mémoire d’un homme de consensus et de dialogue : «Visionnaire et bâtisseur, le président Tourqui a marqué l’histoire de notre football. Grâce à lui, notre pays a intégré la Fifa en 2005 [un événement dont nous célébrons cette année le vingtième anniversaire]. »
Tourqui Salim laisse derrière lui une œuvre immense, tant sur le plan sportif que social et économique. Figure de proue du sport comorien, il a su conjuguer passion, engagement et action. Il lègue à la jeunesse un exemple inspirant de détermination, de solidarité et d’amour profond pour les Comores.
