Le capitaine Rachad Abdallah a été inhumé hier à Moroni. Les obsèques de l’ancien officier de l’Armée nationale de développement (And) ont mobilisé une foule importante, venue rendre un dernier hommage à ce soldat au caractère bien trempé. La prière mortuaire a eu lieu à la grande mosquée de la capitale en présence du président de la République, Azali Assoumani, de son ministre de l’Intérieur, Mahamoud Fakridine, de son conseiller spécial, Houmed M’saidie, de ministres, d’élus, de notables et de cadres du pays mais aussi de nombreux militaires en exercice et à la retraite.
De Saint-Cyr à la Fcd
Les frères d’arme et les personnalités politiques de tout bord, rencontrés à la mosquée, ont salué la mémoire d’un personnage aux grandes convictions, doublé d’un patriotisme exemplaire. « J’ai intégré l’armée après lui, il était très sympathique, droit, sincère, et surtout fier de porter l’uniforme de l’armée de son pays », a souligné un ancien gendarme à la retraite. «Il était une source d’inspiration pour beaucoup de jeunes cadres de la ville de Moroni, je garde en lui, sa droiture et son amour de la patrie », a ajouté l’ancien ministre Abdourahim Said Bakari. « Il faisait partie des officiers de l’armée les plus respectés», ajoute un autre gradé de l’And.
Né d’un père originaire de Maweni dans la région de Mbude en décembre 1965, Rachad Abdallah a eu le mérite d’être le premier bachelier de cette localité où il était bien respecté en raison des liens forts tissés avec les hommes de sa génération. Son frère, devenu son oncle spirituel, Kifia Mlatamou, a exprimé sa grande tristesse, au bord des larmes, à la mosquée Al-Qasm où il n’a pas manqué de faire part des qualités humaines du défunt et la singulière audace du soldat. « Il a servi ce pays, il s’est battu pour son pays, il a défendu l’honneur de ce pays et ça, nous ne l’oublierons jamais», a-t-il souligné lors d’un bref éloge funèbre.
Militaire de formation après son passage à la prestigieuse école de Saint-Cyr (troisième génération), de 1988 à 1992, Rachad Abdallah, avec le grade de lieutenant et une maîtrise en Relations internationales, fera partie de l’élite de l’armée, la branche technocratique des Forces comoriennes de défense (Fcd). Il est titulaire d’un diplome d’études approfondies (Dea) en histoire militaire, Défense et Sécurité ainsi qu’un MBA, L’officier fera son stage d’application à l’Ecole militaire de Thiès au Sénégal. Il s’est démarqué au début des années 1990, devenant ainsi parmi les soldats de référence du principal corps opérationnel de l’institution.
Le porte-voix de l’interposition de l’armée en 1999
Evoluant exclusivement au sein de la Fcd, le soldat faisait bien partie des guerriers de l’armée pour avoir combattu la rébellion de 1992 et les mercenaires de Bob Denard en septembre 1995.Après le départ des mercenaires, Rachad Abdallah sera à la tête de la Section de sécurité présidentielle (SSP), l’ancêtre du Groupement de sécurité des hautes personnalités (GSHP). Il évoluera jusqu’à acquérir diverses compétences à la suite de nombreuses formations (Ecole de capitaine et Ecole d’Etat-major) à la fin des années 1990. Parallèlement à sa carrière militaire, Rachad Abdallah était un amateur de sport, l’athlétisme en particulier. Il avait représenté les Comores aux Jeux des îles de l’Océan indien de 1985 à l’Ile Maurice.
Les Comoriens vont surtout connaitre le nom de Rachad Abdallah le vendredi 30 avril 1999 lorsque l’officier annonce l’interposition de l’armée à la radio nationale. Un message qui annonce la prise du pouvoir par l’And après un climat politique tendu au lendemain de l’échec des pourparlers comoro-comoriens d’Antananarivo sur la crise séparatiste. Le pays était gouverné à l’époque par feu Tadjidine Ben Said Massound. L’officier fera partie du premier cercle du pouvoir militaire avant son retrait des rangs de l’institution au milieu des années 2000. Il se rend aux Etats-Unis où il travaillera pour le compte de Siemens, le géant allemand de l’industrie et des technologies. (…).