L’ancien ministre des Relations extérieures, Docteur Abdoulkarim Mohamed, a rejoint sa dernière demeure hier après des obsèques, teintées d’émotions, qui ont eu lieu Mdjankanywa dans la région de Mbadjini. Une foule immense s’est retrouvée dans la localité pour assister à l’enterrement et rendre hommage à celui qui fut, à 38 ans, l’un des jeunes ministres de la République.
Le pays a organisé des funérailles officielles(avec un piquet d’honneur de l’armée) en signe de reconnaissance au défunt pour les bons et loyaux services rendus à la Nation.Le chef de l’Etat, Azali Assoumani, a été représenté aux obsèques par le président de l’Assemblée nationale, Moustadroine Abdou, et le délégué à la Défense, Youssoufa Mohamed Ali. Ce dernier a loué les qualités humaines et professionnelles du défunt, citant, entre autres, son statut d’enseignant-chercheur, de pharmacien et d’homme politique.
Les qualités humaines et professionnelles du défunt
“Je voudrais, au nom du président de la République, présenter les condoléances de l’Etat à la famille du docteur Abdoulkarim Mohamed et à tous ses proches”, a déclaré Youssoufa Mohamed Ali, peu après une présentation sommaire de la biographie du défunt faite par l’ancien préfet de la sous-région de Ngwengwe, Said Mouigni.
L’ancien ministre Abdoulkarim Mohamed aura laissé ses grandes empreintes tout au long du régime du docteur Ikililou Dhoinine (2011-2016). Il sera en haut du tableau en raison notamment de ses relations de confiance avec l’ancien chef de l’Etat avec qui ils ont eu à travailler ensemble dans de nombreux projets visant à assurer l’accès des produits pharmaceutiques à toute la population. Les deux hommes avaient entretenu des liens singuliers bien connus dans le pays. “Il a beaucoup travaillé dans le secteur de la santé. D’abord à la Pnac où il était l’un des artisans de la politique de généralisation des médicaments génériques pour en faciliter l’accès aux plus démunis, c’est un jeune patriote”, a rappelé Said Mouigni qui a souligné “les actions du docteur entreprises à l’Ecole de médecine et de santé publique” où il était enseignant-chercheur.
En haut du tableau
Docteur Abdoulkarim Mohamed occupera respectivement deux portefeuilles clés : l’Education nationale et les Relations extérieures. Parmi ses actions, on notera des reformes de l’inspection générale de l’éducation et la généralisation des points d’indices des agents de l’Etat. Nommé à l’Education nationale en juillet 2013 dans le deuxième gouvernement du docteur Ikililou Dhoinine, le ministre s’est battu, avec courage, pour la formalisation des avancements des fonctionnaires.
“Jusqu’à présent, tous les agents du ministère ont de bons souvenirs sur son passage au ministère”, a mentionné hier l’inspecteur Moumine Moussa Abdallah qui parle d’un homme qui avait le sens de l’écoute et du compromis. “Grâce à ses relations avec les partenaires, le pays a bénéficié d’un appui constant ayant permis de construire et réhabiliter de nombreux établissements scolaires”.
Le docteur en pharmacologie, formé au Maroc, sera hissé à la tête de la diplomatie comorienne en avril 2015 dans le dernier gouvernement, succédant au docteur El-Anrif Said Hassane, devenant ainsi le troisième ministre des Relations extérieures du régime. Malgré un temps réduit, le jeune ministre, élu député en janvier 2015, réussira à marquer son nom et son image.
Pour combler ses carences de néophyte, docteur Abdoulkarim Mohamed usera d’une arme simple et redoutable : l’humilité. Il cèdera son statut de député à son suppléant. De nature timide, l’ancien ministre, tout au long de sa vie, mettra l’esprit d’écoute au cœur de ses actions. “Il était exceptionnel au ministre. C’est rare de trouver des personnes de son profil. Il était simple, écoutait tous les gens et ne prenait aucune décision sans l’avis de la majorité”, se souvient Said Cheick, directeur général du Monde arabe au ministère des Relations extérieures.
Une fierté du pays à la Cop21 à Paris
Docteur Abdoulkarim Mohamed, reproché de novice pour représenter le pays à l’international, avait pourtant rendu fières les Comores devant les grands de ce monde à l’occasion de la Cop21, la grande Conférence sur le climat à Paris, en décembre 2015.Dans son discours officiel, Docteur Abdoulkarim avait plaidé en faveur d’un plan d’urgence au profit des petits Etats insulaires en développement (Peid). Il intègrera le Groupe de travail qui se penchera sur la taxe carbone censé dédommager les pays victimes de la grande pollution.
“Il avait parfaitement préparé la Conférence de Paris. Il supervisait les travaux du comité mis en place. Il avait impressionné tout le monde en raison de ses capacités à arbitrer les malentendus des uns et des autres”, ajoute Said Cheikh. On doit surtout au docteur Abdoulkarim Mohamed l’ouverture du Consulat des Comores à Djeddah en Arabie Saoudite ou encore l’ouverture de la première ambassade des Comores au Koweït. Le ministre défendra la nomination de son prédécesseur au poste d’ambassadeur à Koweït City.
En mai 2016, à l’occasion de la cérémonie de passation, docteur Abdoulkarim Mohamed, qui cèdera son portefeuille à Mohamed Bacar Dossar aura ses mots doux envers son successeur. “Il n’y a pas de grands et des petits ministres. Il y a des gens dévoués à leur pays. Je suis fier du peu que j’ai apporté à mon pays. Je vous souhaite une très bonne chance M. le ministre”, a-t-il dit avant de quitter ses anciens bureaux. L’ancien ministre laisse derrière lui une veuve et cinq enfants. Qu’Allah lui ouvre son vaste paradis.
Quelques réactions après l’annonce du décès de l’ancien ministre
“Nous sommes profondément émus et accablés par la perte de notre frère et ancien ministre, Dr Abdoulkarim Mohamed. Toutes nos condoléances à sa famille et à ses proches. C’est une grande perte pour notre pays et pour l’administration comorienne. Qu’Allah l’accepte dans son vaste paradis”.
Présidence de la République sur son compte Facebook
“Nous reviendrons tous à notre Créateur ! Mais c’est toujours pénible d’accepter le départ prématuré d’un ami. Le Dr Abdoulkarim, ancien ministre et ancien député n’est plus.. Mes condoléances attristées à sa famille et que Dieu l’accueille dans son paradis”.
Houmed M’saidie, porte-parole du gouvernement sur Twitter
“La Convention pour le Renouveau des Comores a appris avec tristesse la disparition de l’ancien ministre Abdoulkarim Mohamed un grand patriote dont son action est une grande inspiration pour notre jeunesse. Dr Abdoulkarim était un grand serviteur de la Nation. Sa mort est une perte pour notre pays. J’adresse mes sincères condoléances aux familles, à toute la région de Mbadjini et au peuple comorien “.
Youssoufa Mohamed Ali, Secrétaire général de la Crc, (Message)
“Je suis peiné d’apprendre le décès tragique de l’ancien ministre des affaires étrangères de l’Union des Comores, Docteur Abdoulkarim Mohamed. Je salue sa mémoire et présente mes condoléances émues à sa famille, ses proches et la grande région de Mbadjini”.
Souef Mohamed El-Amine, ancien ministre des Affaires étrangères sur Twitter