Humble, professionnel, sens des responsabilités et d’écoute, respectueux, serviable, disponible» sont quelques-unes des qualités citées pour saluer la mémoire de docteur Mahmoud Moussa, médecin Orl, après l’annonce de son décès, suite à une longue maladie, le vendredi 21 janvier dernier en France. À Mitsamihuli, sa ville natale, ce sont des milliers de personnes qui ont tenu à assister, vendredi 28 janvier dernier, à l’enterrement du regretté docteur Mahamoud Moussa (docteur Mhichi).
Le maire de Mitsamihuli ya mbwani, Aboubacar Ahmed a parlé d’un décès brutal et a salué les qualités humaines de Mahmoud Moussa. De son côté, le docteur Djabir Ibrahim, chef des urgences du Centre hospitalier national El-Maarouf, estime que Mahamoud Moussa est «une personnalité exceptionnelle».«C’était un frère. Je fais partie des membres-fondateurs de l’association des mitsamihuliens à Madagascar dont je suis aussi le premier président. À son arrivée sur la Grande île, Mahamoud Moussa a pris le relai en 2000 et en est devenu le président à son tour. Il a fait des tas de choses que moi, je n’ai pas fait et à son départ de Madagascar l’association avait franchi un autre niveau et c’est grâce à lui», reconnait Djabir Ibrahim.
Ce dernier a aussi insisté sur le côté humble du docteur Mahamoud Moussa. Pour le chef des urgences, docteur Mhichi «était d’une simplicité et d’une modestie sans commune mesure. Moi, par exemple quand j’étais généraliste, j’avais déjà une Clio 2. Lui, ces choses-là ne l’ont jamais intéressé. Je voudrais aussi souligner le fait que dans le cadre de son traitement, il aurait pu rester en France jusqu’à la fin de ses soins ou s’insérer là-bas. Mais lui, non, il revenait à chaque fois servir son pays malgré la maladie».
Une étoile filante sur la trajectoire des hommes
Le sociologue Mistoihi Abdillahi, qui a connu le défunt docteur à Madagascar lors de leurs études respectives, estime que «c’est toute la nation comorienne qui a perdu un enfant digne, honnête et surtout courageux». «A Moroni, à travers les Amis du cœur, Association Comorienne de lutte contre les Maladies cardiovasculaires en sa qualité de trésorier général et moi de secrétaire général, il m’a appris la transparence, l’honnêteté et surtout la patience», poursuit docteur Mistoihi Abdillahi.
Décédé à 53 ans et père de trois enfants, deux filles et un garçon, Mahamoud Moussa est titulaire d’un bac D, qui lui a permis de se rendre à Madagascar pour des études en médecine générale. Revenu au pays en 2004, il intègre, bénévolement, l’hôpital de Mitsamihuli. Un an après, il intègre la Fonction publique avec le statut d’infirmier malgré son doctorat en médecine générale. Il sera régularisé peu de temps après avant d’obtenir une bourse pour une spécialisation en Orl en République populaire de Chine. À son retour au pays, il sera avec le docteur Youssouf Mahamoud le seul spécialiste dans le domaine à Ngazidja.
Parallèlement à son travail de médecin Orl qu’il réalise «avec passion et professionnalisme», docteur Mahamoud Moussa s’investit corps et âme dans le social. Militant associatif notamment pour la protection de l’environnement, il est le père fondateur de l’Union des associations de Mitsamihuli pour l’environnement. Une Ong qui a tenu à rendre hommage à son président, «ses qualités humaines, son engagement et sa volonté de croire et porter tout haut des idées et des causes, aujourd’hui, bradées par les méfaits d’une urbanisation sauvage, nous poussent à rendre hommage à l’homme au-delà de sa profession de médecin».
Un fervent défenseur de l’environnement
Le projet de l’Unamie consiste particulièrement à lutter contre l’érosion du littoral. Il s’agit d’un projet «de reboisement du littoral dont notre association Rasmi a cofinancé à hauteur de deux millions de francs comoriens l’acquisition des plantes en pépinière et le paiement d’un salarié pendant une année pour assurer l’entretien et l’arrosage», a fait savoir le bureau exécutif du Rassemblement des mitsamihuliens (France).
Au Centre de lecture et d’animations culturelles de Mitsamihuli, son responsable, Mahamoud Ismael, déclare que la perte du docteur Mahamoud Moussa est incommensurable pour le pays en général et la jeunesse mitsamihulienne en particulier qui «perd là un encadreur et un exemple à suivre». Docteur Mahamoud Moussa était aussi le président du Syndicat des médecins d’El-Maarouf, mais également le président du conseil d’administration de l’hôpital de référence. Il était aussi membre du comité médical de l’ancienne Fédération comorienne de football aujourd’hui devenue Fédération de football comorien.
À Mitsamihuli, il animait une émission à la Radio-Adcs sur la santé et la rupture du jeûne pour les diabétiques, les personnes âgées et celles souffrant de maladies cardiovasculaires en période de Ramadwani. L’émission consistait à prodiguer des conseils nutritionnels pour les aider lors du mois sacré de Ramadhwani. «Vivant, docteur Mahamoud Moussa n’aura pas soigné que les humains».