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Décès du troisième mufti de la République I Un infatigable amoureux des sciences s’en est allé

Décès du troisième mufti de la République I Un infatigable amoureux des sciences s’en est allé

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Fundi Toihir a été d’une érudition particulière pour les personnes de sa génération. Après une réussite brillante au concours d’admission, l’étudiant Said Toihir intègre la classe de première du lycée de la prestigieuse école Al-Azhar d’Egypte en 1956. Il décrochera son Baccalauréat deux ans plus tard et s’inscrit à l’Université Al-Azhar. Il y suivra des études de Droits. Durant ses études au Caire, Said Toihir a saisi l’occasion de fréquenter divers instituts et mener des recherches dans divers domaines de l’enseignement islamique.

 

Les Comoriens ont enterré hier, jeudi 9 avril à Ntsudjini, le troisième mufti de l’histoire du pays. La plus haute autorité religieuse de l’archipel après les regrettés Al habib Omar bin Sumeit et Said Mohamed Abdurahman. Said Toihir bin Said Ahmed Maoulana s’est éteint à l’âge de 84 ans, en début de la soirée du mercredi 8 avril au Centre hospitalier national El-Maarouf, à Moroni. Né vers 1942 à Ntsudjini, chef-lieu de la région d’Itsandra, il sera envoyé auprès de son oncle maternel à Zanzibar, Said Moustoifa bin Djanffar, à l’âge de sept ans.

De Ntsudjini à Zanzibar

Said Toihir bin Said Ahmed Maoulana a débuté l’école coranique dans sa ville natale, avant de se rendre en Tanzanie où il a fait, parallèlement à l’enseignement traditionnel dans les mosquées, des études primaires et secondaires. Il y fréquenta, entre autres établissements, Comorian school et Muslim academy. Après une réussite brillante au concours d’admission, l’étudiant Said Toihir intègre la classe de première du lycée de la prestigieuse école Al-Azhar d’Egypte en 1956. Il décrochera son Baccalauréat deux ans plus tard et s’inscrit à l’Université Al-Azhar. Il y suivra des études de Droits. Durant ses études au Caire, Said Toihir a saisi l’occasion de fréquenter divers instituts et mener des recherches dans divers domaines de l’enseignement islamique.

Le retour d’une étoile montante

Au bout de trois ans de formation universitaire, il obtient un diplôme de Magistère en science d’Usul al-fikhi, après sa Licence. Il fera ensuite une année supplémentaire de formation pédagogique. En 1967, il regagnera sa terre natale et bénéficiera de l’accueil chaleureux personnel à l’aéroport des hautes autorités du pays de l’époque, président Said Mohamed Cheikh et député Said Ibrahim Said Ali. Après son installation aux Comores, Said Toihir bin Said Ahmed Maoulana est recruté en qualité d’enseignant de la langue arabe au lycée de Moroni [sous l’administration coloniale].

Après le renversement du régime révolutionnaire en 1978, il est nommé conseiller au Tribunal de Moroni avant d’être promu Inspecteur de l’enseignement arabe, fonction qu’il cumulera avec celle d’enseignant de la morale islamique au lycée Said Mohamed Cheikh de Moroni. Puis, il fait un retour quelques temps au Tribunal de première instance en tant que conseiller en Droit islamique avant de devenir président du Conseil des ulémas, instauré après le décès du second mufti de la République Said Mohamed Abdurahman (mort en 1990).

Vingt-deux ans de mufti de la République

C’est en 1998 qu’il sera nommé mufti par feu président Mohamed Taki et devient ainsi la troisième personne investie officiellement à ce haut rang de la religion dans le pays. Il a eu, par la grâce d’Allah, à diriger le muftora, sous les régimes successifs de Taki, intérimaire de Tadjidine, Azali I et II, Sambi et Ikililou, pendant presque 22 ans jusqu’à ce 8 avril 2020.Durant sa vie terrestre, fundi Toihir a tenu des darasa sur divers thèmes de l’islam et de la vie dans les mosquées et sur les ondes de la radio et de la télévision nationales, assuré des prêches lors des madjalissi à l’occasion des mariages coutumiers dans les villes et villages et célébrations du maulid nabawi ou naissance du prophète.Son œuvre a été beaucoup marquée par l’interprétation du Saint-Coran depuis la grande mosquée de Ntsudjini et retransmise en direct à la radio et à la télévision durant le mois du jeûne de Ramadhwani.


Une voix s’est éteinte sur les ondes nationales

Une voix qui, dans deux semaines avec le début du mois sacré, va à jamais manquer aux auditeurs et téléspectateurs de la chaine audiovisuelle nationale. Fundi Toihir a été d’une érudition particulière pour les personnes de sa génération. Il lisait énormément en anglais ou en arabe des ouvrages variés, tirait des enseignements et suivait l’évolution des sciences. Par cet esprit ouvert aux cultures, il s’est vu remettre, en 2014 par l’ambassadeur de France à Moroni au nom de la République française, les insignes d’Officier de la Légion d’Honneur.

Rassemblé par Msa

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