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Décès d’Abdallah M’sa I Une grande mémoire de l’Etat s’en est allée

Décès d’Abdallah M’sa I Une grande mémoire de l’Etat s’en est allée

Société | -   A.S. Kemba

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Technicien, cadre, expert, consultant et haut administrateur, Abdallah M’sa, docteur en Economie, a participé à la conception de nombreuses politiques financières et réformes économiques de l’Etat avant d’intégrer l’Union africaine en tant que chef du Département économique et, plus tard, la Banque africaine de développement (Bad) comme administrateur pour le compte des Comores.

 

L’ancien conseiller économique de Beit-Salam est décédé ce mardi 3 juin à Toulouse en France où il s’y était rendu, il y a quelques jours, pour des soins. Le corps est attendu ce week-end à Mbeni, sa ville natale, d’après sa famille. Abdallah M’sa, 72 ans, est considéré comme l’un des hauts cadres chevronnés du pays et une grande mémoire de l’Etat pour avoir été à la fois témoin et acteur direct ou indirect des grandes réformes économiques engagées dans le pays depuis les années 80 à nos jours.


À l’annonce de son décès, des hommages pleuvaient de partout, à commencer par ceux de ses anciens compagnons de lutte. «C’est le meilleur économiste que j’ai connu dans ce pays », a réagi, au téléphone, le banquier Said Bacar Mlantredé. «J’ai perdu un ami et surtout un grand frère. Avec sa disparition, c’est une partie de moi-même qui s’en est allée. Que Dieu l’accueille dans son paradis éternel inchallah. Adieu Abdallah!», a écrit l’ancien ministre Oubeid Mze Chei. Un autre membre proche du défunt revient sur la personne d’Abdallah M’sa dans un post publié sur son mur Facebook : «Vous étiez un homme de bonté, d’une humanité rare, un pilier dans nos vies. Aujourd’hui, vous nous laissez un vide immense, mais aussi un héritage de valeurs, d’amour et de souvenirs précieux».


Technicien, cadre, consultant et haut administrateur, Abdallah M’sa a participé à la conception de nombreuses politiques financières et réformes économiques de l’Etat. Après ses études d’Economie à l’Université de Montpellier-Perpignan où il sort avec le diplôme de doctorat, il sera nommé conseiller économique du feu président Ahmed Abdallah Abderemane au milieu des années 80.

De nombreuses réformes de l’Etat

L’économiste, qui était secrétaire général adjoint à la présidence, a piloté des actions de refonte des structures étatiques et des entreprises publiques comme la Société comorienne des hydrocarbures (Sch) ou l’ex-Opt (Office des postes et télécommunications) qui deviendra Snpt (Société nationale des postes et des télécommunications) puis Comores Télécoms. Il était le chef du Programme d’ajustement structurel (Pas) en 1994, plusieurs fois conseiller à Beit-Salam, il fut Trésorier payeur général (Tpg) sous le régime du feu président Mohamed Taki Abdoulkarim à la fin des années 90.


Malgré ses responsabilités techniques, Abdallah M’sa continuait à donner des cours d’Economie à l’Université d’Aix-En-Provence au début des années 2000 avant d’intégrer l’Union africaine en tant que chef du Département économique. Une expérience qui va parfaire ses compétences, lui faire découvrir de nouveaux horizons, élargir son cercle d’amis et qui va aussi lui ouvrir les portes de la Banque africaine de développement (Bad). Il deviendra pendant dix ans administrateur de l’institution pour le compte des Comores entre 2008 et 2018.


Abdallah M’sa a écrit un ouvrage intitulé «les Comores 1975-2000 : un espoir déçu» paru aux années 2000 dans lequel il décrit le cheminement du pays depuis l’indépendance et son incapacité à réussir sa transformation, pointant du doigt le poids de l’héritage colonial et l’absence de perspectives pour sortir le pays des multiples crises dans lesquelles il s’est engouffré pendant des décennies. Une analyse et un décryptage de trente ans d’indépendance, riche en enseignements, qui lui a valu le choix du chef de l’Etat, Azali Assoumani, de lui confier l’expertise technique des Assises nationales de février 2018 sur le bilan des 42 ans de l’indépendance.Le rapport final de 402 pages, piloté par Abdallah M’sa, reste aujourd’hui l’unique document de référence qui permet de comprendre les hauts et les bas de l’Etat comorien depuis sa création en 1975.

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